Né en 1941 à Paris, il est un artiste, philosophe et sociologue franco-canadien. Ancien élève de l’École normale supérieure, il a étudié la philosophie politique sous la direction de Raymond Aron et a consacré sa thèse à la sociologie de la couleur. Dans les années 1970, il cofonde le mouvement de l’« art sociologique » avec Fred Forest et Jean-Paul Thenot, visant à interroger les rapports entre l’art et la société. Ce courant artistique critique les institutions et le marché de l’art, et privilégie des interventions dans l’espace public. En parallèle, Fischer développe la « mythanalyse », une approche visant à décrypter les mythes contemporains qui influencent nos comportements et nos croyances collectives. Il considère que les mythes modernes, bien que souvent inconscients, structurent profondément nos sociétés. Installé à Montréal, il a enseigné à l’Université du Québec à Montréal et à l’Université Concordia, où il a dirigé la chaire Daniel Langlois des technologies numériques et des beaux-arts. Il a également fondé la Cité des arts et des nouvelles technologies de Montréal. Son œuvre artistique, exposée internationalement, explore des thèmes tels que le numérique, l’économie et l’écologie. En 2017, le Centre Pompidou lui a consacré une rétrospective intitulée « Hervé Fischer et l’art sociologique ». Parmi ses publications notables figurent Théorie de l’art sociologique (1977), L’Histoire de l’art est terminée (1981) et La Divergence du futur (2014). Pionnier des arts numériques, il a initié des projets tels que le « Tweet art » et la « Tweet philosophie » dès 2011, explorant les nouvelles formes de communication à l’ère numérique. Sa pensée, centrée sur l’« hyperhumanisme », plaide pour une conscience augmentée et une éthique planétaire face aux défis contemporains. Hervé Fischer demeure une figure majeure de la réflexion sur les interactions entre art, technologie et société.
Abstract
Quand les mots et les images s’hybrident.
Planisphaeri Coeleste (1680) | Frederick De Wit | Collection Jonathan Potter Maps Ltd.
Est-il possible d’élargir la pratique de l’Atelier d’écriture autobiographique d’Orazio Maria Valastro à l’idée d’un Atelier de peinture autobiographique ? C’est à quoi je m’exerce depuis quelque temps avec des autoportraits, une série d’appels à l’énergie, et maintenant quelques peintures évoquant la puissance métaphorique de l’île, un thème sicilien cher à Orazio.
L’île en mythanalyse évoque la nostalgie fœtale de chacun de nous, dans ses multiples déclinaisons textuelles, sonores, visuelles.
Voici donc comment se présente mon travail d’atelier. D’abord le rappel du Stade fœtal, puis Les rêves qui le réaniment, enfin une série de peintures métaphoriques d’îles : les illisibles, les illogiques, les illettrées, les illimitées.
Et je découvre que je suis un fischerien contrarié en mal d’accomplissement. Voilà pour moi.
Mais concernant ceux qui rejoindront mon Atelier, comme le psychanalyste je ne parlerai plus, les regardant tenir leurs pinceaux, pour qu’ils découvrent eux-mêmes quel stade de leur mémoire biographique résonne et raisonne lorsqu’ils illustrent leur vie par la peinture ou le dessin dans le but de la réimaginer dans un élan libérateur en harmonie avec eux-mêmes et le monde hyperhumaniste à venir.
Il n’y a rien là de facile. Il faut recommencer toujours le chemin en divergeant à chaque li-mythe.
Le stade fœtal, mythanalyse, acrylique sur toile, 92,5x92,5cm, 2014.
Photo : Laurence Honnorat/Innovaxiom.
Les rêves, acrylique sur toile, 152x152cm, 2024.
Photo : Laurence Honnorat/Innovaxiom.
Les illisibles, acrylique sur toile, 152x152cm, 2025.
Photo : Laurence Honnorat/Innovaxiom.
Chaque être vivant, chaque société, chaque nation, la planète sont des îles dans le cosmos. Nous lançons des liens incertains.
Les illogiques, acrylique sur toile, 152x152cm, 2025.
Photo : Laurence Honnorat/Innovaxiom.
La syntaxe de notre relation à nous-même, à la société, à notre planète est difficile, surréaliste.
Les illétrées, acrylique sur toile, 152x152cm, 2025.
Photo : Laurence Honnorat/Innovaxiom.
Autant d’îles, autant de lettres à inventer pour établir un alphabet et construire un récit.
Les illimitées, acrylique sur toile, 152x152cm, 2025.
Photo : Laurence Honnorat/Innovaxiom.
Des îles à l’infini entre lesquelles nous tentons de saisir un sens toujours inaccessible.
Face à l’énigme de l’univers et de la vie, les arts sont toujours premiers. Nous nous acharnons à naviguer d’île en île à la li-mythe des cellules et des étoiles jusqu’à ce que nous y disparaissions.
Ces peintures autobiographiques sont en résonance directe avec la déstructuration actuelle de notre image du monde, sa perte de sens, de lisibilité, de logique, notre nouvelle insécurité qui nous renvoie vers le stade fœtal de notre vie.