Auteur d’une trentaine d’ouvrages, romans, nouvelles et poèmes, ainsi que trois essais : Libre comme Robinson (2019), petit traité de vie privée, Un sang d’écrivain (2020), situation d’un auteur au XXIe siècle, et Le Monde visible (2023) consacré aux aventures du réel. Il est membre de l’Académie Royale de langue et de littérature françaises de Belgique (fauteuil 8). Il a publié récemment un roman, Ce que je sais sur Linda, aux éditions Lamiroy et un livre de courtes nouvelles, Bien fait pour moi à l’Herbe qui tremble. Tous ces ouvrages ont pour thème profond les aventures de la liberté.
Sociologue, prospectiviste et entrepreneur dans les sciences humaines, associé du Comptoir Prospectiviste et fondateur et animateur de christiangatard&co, Institut d’études qualitatives, Christian Gatard est aussi essayiste, romancier et auteur associé chez Futurhebdo.fr, le magazine de prospective. Il étudie les avenirs possibles en invitant l’Histoire et l’anthropologie, la sociologie contemporaine et une prospective alternative pour anticiper les temps qui viennent. Son approche se situe au carrefour du sociologique, de l’économique et du légendaire. Romans : L’île du Serpent Coq (1999), De Conchita Watson le ciel était sans nouvelle (2000), En respectant le chemin des dragons (2001) L’Harmattan. Essais et récits : Bureau d’études, récit de société, Les Impressions Nouvelles 2005 ; Odon, sourcier, sorcier, magicien (livre collectif), Gourguff Gradenico, 2008 ; Nos 20 prochaines années, Éditions de l’Archipel, 2009 ; Dictionnaire de la mort (livre collectif), Hachette 2010, Mythologies du futur, Éditions de l’Archipel, 2014 ; Ruptures, Disruptures, Éditions Kawa, 2015 ; Chroniques de l’intimité connectée (livre collectif), Éditions Kawa, 2016 ; En quête de mythanalyse (livre collectif), Osservatorio Processi Comunicativi, 2017 ; Mythanalyse de l’insularité, M@gm@, 2019 ; l’Horrificque Disputatio, Le Comptoir Prospectiviste éditeur, 2021 ; Quand j’avais 20 ans en 2050, Le Comptoir Prospectiviste éditeur, 2025. Il publie régulièrement des articles liés à l’innovation sociale et culturelle (INfluencia, Mutation Magazine, La Revue Générale…) et intervient dans différentes écoles et institutions (EHESS, NEOMA, Sciences PO, ESCE…).
Abstract
L’île. Les textes de ce numéro spécial, dans leur diversité, dans leur originalité, en revisitent les mythes et les récits. L’île a incarné l’utopie, le lieu idéal pour une cité parfaite. Mais, elle a aussi été l’espace du bannissement, de la marginalité imposée. De l’île aux Pommes à l’île du Diable, de l’Éden fantasmé à l’enfer des bagnes, l’île se décline en valeurs opposées, révélant nos aspirations les plus profondes et nos peurs les plus sombres. Elle est un lieu de passage, mais également de rétention, un miroir de soi et de la société.
Hereford Mappa Mundi (1300) | Richard of Haldingham | Collection Hereford Cathedral
Nous vous écrivons depuis une île. Pas une île en particulier, mais une île en majesté, une île-mythe, une île-aile d’oiseau de légendes qui s’empare de l’air invisible pour monter aux cieux, y disparaître puis réapparaître, des temps mythologiques plus tard, en volcan furieux. C’est que toute île se cache puis se dévoile, se laisse engloutir puis se retrouve. Les îles sont uniques et universelles. Elles sont des entités sauvages, mi-naturelles, mi-culturelles, mi-réelles, mi-fantasmées.
L’île. Peu de mots résonnent avec une telle puissance dans notre imaginaire. Elle est à la fois le refuge rêvé, le paradis idyllique aux végétations luxuriantes et aux panoramas à couper le souffle... et le cachot à ciel ouvert, la prison d’où l’on ne peut s’échapper, renvoyant aux bagnes et aux lieux d’exil forcé.... Cette ambivalence est au cœur de notre fascination.
Les textes de ce numéro spécial, dans leur diversité, dans leur originalité, en revisitent les mythes et les récits. L’île a incarné l’utopie, le lieu idéal pour une cité parfaite. Mais, elle a aussi été l’espace du bannissement, de la marginalité imposée. De l’île aux Pommes à l’île du Diable, de l’Éden fantasmé à l’enfer des bagnes, l’île se décline en valeurs opposées, révélant nos aspirations les plus profondes et nos peurs les plus sombres. Elle est un lieu de passage, mais également de rétention, un miroir de soi et de la société.
Aujourd’hui, face aux défis de l’Anthropocène, l’idée d’île prend de nouvelles dimensions. Le réchauffement climatique menace de faire disparaître certaines îles terrestres basses, tandis que l’humanité envisage de construire des îles artificielles sur les océans pour accueillir les réfugiés climatiques ou pour le luxe. L’analogie entre les mers et les espaces interstellaires nous conduit même à penser les corps célestes et les stations orbitales comme des îles spatiales à conquérir ou à habiter. Cette extension de l’imaginaire insulaire soulève des questions sur la destinée humaine, l’éthique de la colonisation, et la possibilité d’une « Révolution bleue » ou d’une expansion dans le cosmos.
Explorer l’île, c’est se confronter à l’isolement et à la connexion, à l’ancrage et à l’errance, au rêve et à la réalité.... C’est interroger notre capacité à vivre ensemble, à gérer nos ressources, et à réinventer notre rapport au monde.... Les regards croisés rassemblés ici invitent à un voyage à travers ces multiples facettes de l’île, un cheminement qui, comme la vague, revient toujours à la question fondamentale : comment habiter le monde, sur Terre ou ailleurs ? Ces récits dessinent ainsi un archipel aux multiples masques, aux contours subtiles.
Dans ce numéro, vous trouverez des éclats d’îles. Des morceaux de récits, de mythes, de visions éclatées comme un archipel sous acide. Chaque texte est une embarcation de fortune vers une autre manière de penser l’habiter. Habiter ensemble. Habiter demain. Habiter ailleurs.
Prenez une grande inspiration. L’air est salé. Le temps est suspendu. Vous êtes sur une île. Ou peut-être n’en êtes-vous jamais vraiment partis….