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L’ultime : une question sociale totale / Sous la direction de Bernard Troude / Vol.21 N.3 2023

L’objection de conscience, l’ultime raison d’une conscience sociale

Bernard Troude

magma@analisiqualitativa.com

Collaborateur associé de l’Observatoire Processus communications, fait partie du comité éditorial de la revue M@GM@. Chercheur en neurosciences et sciences cognitives - Chercheur en sciences des fins de vie (inscrit à “Espace éthique Île-de-France” Université Paris-Sud) - Laboratoire LEM: Laboratoire d’Éthique Médicale et de Médecine légale: EA 4569 Descartes Paris V. Chercheur en sociologie compréhensive - C E A Q: Centre d’étude sur l’Actuel et le Quotidien (UFR Sciences Sociales) Descartes Paris V. Professeur en sciences de l’art (Tunisie & Maroc). Professeur en sciences du Design et Esthétique industrielle.

 

Abstract

Pourquoi une question aussi fondamentale que celle du bon droit à penser autrement et de la survie en société, aussi essentielle pour nous tous en tant qu’individu que pour la sociologie en tant que ‘‘science’’, reste un mystère complet et un lieu de confrontation entre des théories opposées ? Ce sont des conceptions spéculatives de nature idéologique (religieuse, philosophique, politique ou sentimentale) qui se perçoivent en contradiction avec certains actes requis par des autorités amenant alors un refus d’obéissance d’accomplir et poussant à émettre l’objection de conscience.

Dans ce texte, je compte prendre position contre des duplicités d’interprétation largement dispensées, voire des paradoxes et invraisemblances qui fournissent une approche systématique de la controverse.En premier, l’erreur fondamentale émise est que tout objecteur de conscience serait un malade de l’esprit, un rebelle ou un anarchiste. Pour les militaires en poste, l’objecteur doit passer par le biais d’un diagnostic clinique de l’institution d’une pratique thérapeutique de la maladie mentale. En second, la question de l’objection de conscience ne se pose plus dans le seul cas d’un service militaire obligatoire, mais elle apparaît dans d’autres matières de la vie quotidienne, comme la vie en entreprise, en tout cas toute vie en communauté. En fait, cela relève d’une morale naturelle et concerne tout homme se disant préoccupé par ‘‘le bien’’.

Ensuite, partons d’un contexte dans lequel l’introduction du concept d’intentionnalité va emplir le sujet. En fait, tout cet écrit ne parlera que de cette volonté première du droit à penser ce que nos cerveaux et donc nos intelligences peuvent émettre pour notre bien-être intellectuel et finalement physique : cerveau et corps ensembles.

 

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HUN–J–00105–NJ: John Hunt, The Ascent of Everest, The Companion Book Club, 1954. Les biblio-graffitis de Roy Gold (1918-2008), artiste outsider de sa collection de livres. Par Nicholas Jeeves (designer, écrivain et professeur à l'école d'art de Cambridge), in D. Graham Burnett éditeur de la série Conjectures, Revue du domaine public (Mai, 2018).

« Ne jamais croire que nous sommes partis la fleur au fusil… ». Phrase dite par les soldats à leur retour de la guerre de tranchées en 1918, dont mon Grand-père.

La phénoménologie de l’objection de conscience est née comme une philosophie de la conscience, assez tôt dès l’importance des obligations devenues des devoirs envers un état et amplifiées au début du XXe siècle. En cela, elle est l’héritière d’un concept particulièrement marqué par la pensée empiriste de l’intentionnalité ; pour cela, je me suis reporté aux travaux de Franz Brentano [1]. En tant que telle, la naissance de la phénoménologie peut s’interpréter au titre d’un événement historique, il faut l’aborder sous l’angle de la question : les évolutions propres au concept phénoménologique de l’objection de conscience s’inscrivent-elles en continuité ou en rupture, par rapport à la tradition d’acceptation des totalités communautaires en une certaine époque ; c’est-à-dire époque avec des évènements de guerre, de révolution ou de contestations populaires et soulèvements sociaux ? Cependant, d’un autre côté, les textes sociologiques qui témoignent de cette résurgence sont aussi l’œuvre d’hommes sincères, et deviennent alors le résultat écrit de leur effort de pensée.

Il y a d’autorité une aspiration absolue à formuler une articulation des différents fondements d’intelligibilité. Il y a des raisons à ces difficultés à les distinguer et le plus clair du propos est en cette objection de conscience la forme d’un devoir militaire. Son introduction met en cause des attentes sociologiques par la démonstration psychologique où les problèmes rencontrés sont les plus visibles, les plus qualifiables. Mais les difficultés analogues sont présentes à bas bruit dans beaucoup de recherches sur les études d’une régulation en rapport aux souhaits proférés, d’une régulation fondamentale sur la genèse de l’intention et celle de ses évolutions dans le système de penser autrement dont celles pour les sciences de fin de vie, les sciences médicales avec l’utilisation des cellules souches et certaines contestations à propos des droits du travail, des droits au mariage ou au concubinage, etc.

Pourquoi une question aussi fondamentale que celle du bon droit à penser autrement et de la survie en société, aussi essentielle pour nous tous en tant qu’individus que pour la sociologie en tant que ‘’science’’, reste un mystère complet et un lieu de confrontation entre des théories opposées ? [2]

Dans ce texte, je compte prendre position contre des duplicités d’interprétation largement dispensées, voire des paradoxes et invraisemblances qui fournissent une approche systématique de la controverse.En premier, l’erreur fondamentale est que tout objecteur de conscience est un malade de l’esprit, un rebelle ou un anarchiste ; en tout cas, une personne médicalement souffrante de la raison, avec des troubles psychopathiques voire psychiatriquement atteinte. En ces sens très généraux, Michel Foucault dans sa thèse ‘’Histoire de la folie’’ a bien situé les évolutions du problème quand toute personne non conforme physiquement, moralement, hors d’une appartenance à une vérité constituant « une appartenance à la déraison en annexant complémentairement à ce domaine les prohibitions sexuelles, les interdits religieux, les libertés de la pensée et du cœur (…) expérience morale de la déraison qui sert de sol à nos connaissances scientifiques de la maladie mentale » [3]. Déjà, il s’agit d’une mise à distance de la personne parvenant ainsi à une apparente neutralité compromise car atteinte d’une forme évidente de condamnation dès le propos initial.

À la différence de ce que l’on nomme parfois un courant d’idées essentielles que présente la morale civique (et religieuse, quelle que soit la religion ou la secte) qui considère les comportements traditionnels à l’égard des institutions et des êtres, l’objection de conscience depuis plus de soixante-dix ans maintenant en Europe relève d’une critique sévère envers ce qui devient un mythe obligatoire d’une pensée : chacun et chacune doit à la défense et l’administration d’un état une partie de sa vie. C’est une vision autoscopique que certains personnages du plus bas au plus haut de l’échelle ont et tiennent à faire valoir. Ces visions sont des hallucinations dans lesquelles tout sujet astreint possède la vision de lui-même comme chez les (anciens) aliénistes ou (anciens) radicaux situationnistes [4] et chez Goethe, à commencer chez Aristote. Nous percevons là une approche de la folie pour cataloguer les objecteurs de tout poil.

Pour les militaires en poste, l’objecteur doit nécessairement passer par le biais d'un diagnostic clinique de l'institution d'une pratique thérapeutique de la maladie mentale. Cela attribuait une vigilance nouvelle à la personne par la folie. L’objecteur ne serait plus un « insensé », la communication reste possible avec lui, car sa raison n'est jamais totalement perdue et pourrait être contrôlée au point de remettre la personne dans un ‘’droit chemin’’. Cet espace de la rencontre possible avec la folie est à l'origine de l'asile qui n'est pas seulement conçu comme lieu d’enfermement et d'exclusion mais pour un traitement moral : parler avec douceur, compatir avec le patient et lui redonner espoir - éléments fondamentaux de toute psychothérapie, y compris celle contemporaine. En quelques décennies, l’échec du traitement moral devenant évident ainsi à vouloir entrer dans la "raison du fou", dans la quasi réalité de son délire, la psychologie aliéniste a buté sur une difficulté majeure, bien illustrée par l'observation donnée dans la première édition des traités : ces essais de traitement d'un mélancolique persuadé qu'il est condamné à périr par la guillotine à cause d’un simulacre de jugement où il sera acquitté de toute poursuite, non seulement n'entraînera pas la guérison mais provoquera une aggravation de son penchant.

Dans les éditions suivantes, se développe une expérience institutionnelle qui va montrer l'importance des relations gardées avec l'entourage familial, le milieu social, les autres malades alentour. Dans un déclenchement psychologique, persistance, aggravations de la maladie mentale, le Dr Pinel détient l’encours des traitements et on ne peut manquer de citer le surveillant Pussin avec qui il travaille à l'Hospice de Bicêtre et qu'il fera venir près de lui quand il sera nommé Médecin-Chef à l'hôpital de la Salpêtrière [5]. Ces visions sont aussi le support pour l’objection de conscience car l’homme se voit à distance et devant lui (nous disons en ce moment l’avatar de nous-même) obligé à porter et pointer une arme, à obéir à une ordonnance anti-sociale, ou à se ranger, s’aligner physiquement et mentalement sans mot-dire suite à un ordre donné. Delà, les réactions de non-obéissance même si c’est une véritable hallucination spéculaire.

Ensuite, partons d’un contexte dans lequel l’introduction de l’ultime concept d’intentionnalité va emplir le sujet. Ces comportements de l'intentionnalité des humains sont traités dans leurs états et actes de leur pensée conceptuelle représentant – pour eux - des agissements réels. C'est une recherche en cette philosophie de l'esprit, de l'action et du langage qui doit exploiter la théorie des actes de discours – ce qui se dit et doit se faire - et prononcer le rapport entre la signification et la tradition des parlers : l’analyse entre ces deux sujets rencontre ces destinations éventuelles d'accommodation entre les mots et les choses lors de l'accomplissement d'actes illocutoires, actes faits par la (les) personne(s) prétendument atteinte(s) en psychiatrie.

Dans les cas d’ultime objection de conscience, il s’agit de fournir une fondation adéquate à la distinction entre les phénomènes psychiques (les mots) et les phénomènes physiques (les choses), et de définir, à cet instant, l’objet spécifique de la psychologie d’une personne ayant fait son propre choix d’observation morale personnelle face à ses propres intentions d’activités. Il existe plusieurs types de ces phénomènes constitués, semble-t-il, d’une série de critères appréciables. Des apparences physiques par les symboles, ainsi que tous les phénomènes qui :

1) se contiennent sur des représentations quasi immédiates ;

2) n’incluent ni augmentation ni reconnaissance cosmique ;

3) n’ont d’appréciation que dans la conscience profonde très intime ;

4) existent parfois en des phénoménologies partielles d’un événement unique.

Cette série de quatre critères fait percevoir la formation insistante de l’unité de la conscience et les intentionnalités afin de pouvoir comprendre cette réalité de l’existence : donc comprendre tous les sujets de conscience, avoir quelque chose pour objet de sujet. En fait, constatons que ce qui caractérise tout phénomène psychique, cette dénomination apparaissant dès le Moyen Âge chez les religieux et désigné comme étant l’inexistence intentionnelle ou mentale d’un sujet/objet, et ce que nous pouvons nommer en nos temps contemporains en parlant d’expressions - cela n'écartant pas toute ambiguïté orale et verbale -  est ce rapport à un contenu, cette gestion mentale vers un objet (sans qu’il ne soit nécessaire d’entendre par là une réalité) ou l'équité inhérente au sujet.  

L’objection de conscience reste un phénomène psychique qui contient en elle quelque chose à titre d’objet à faire savoir, mais chacun le possède à sa façon. Dans chaque représentation de ce phénomène psychique, c’est une chose qui est figurée voire symbolisée, dont le jugement de ce quelque chose qui est perçu ou exécré, dans l’amour de ce quelque chose qui est préféré, dans la haine de ce quelque chose qui est maudit, dans le désir de ce quelque chose qui est désiré, et ainsi de suite jusqu’à l’obtention d’une réalité observée et comprises par autrui. L’objecteur de conscience se rend complice d’une attitude et d’un accès à un contrôle d’intention dont cette inexistence intentionnelle qui n’appartient exclusivement qu’aux phénoménologies intellectuelles applicables aux réalités conçues par ladite personne [6]. Dans les cas d’objection de conscience, vouloir l’interpréter ainsi exige alors un tout autre accès. Dans ce travail, les éléments d’une lecture pratique s’avancent : à savoir que la sociologie de l’objection et sa philosophie, comme toute pratique, progresse par répétition de ‘’gestes ou refus de gestes’’. Alors, il faut se resolliciter sur l’idée de ce comportement : cette répétition de comportements en communauté peut-elle parvenir à des résultats nouveaux sur le plan de la conscience générale ? [7] C’est l’intersection aucunement préméditée de ces deux improbabilités qui caractérise les recherches pour cette évaluation de conscience. En cela, le concept d’intention y occupe une place centrale. Initialement dédié au domaine de l’action humaine, cela me sert à déterminer la nature même de l’acte de conscience, et donc vient la question : avons-nous le pouvoir de mettre l’intentionnalité au centre des controverses actuelles autour du fondement de la vérité sur la recherche d’un simple consentement d’idées ?

C’est pourquoi, loin de prétendre unifier ces deux problématiques, la recherche sera de strictement les expliciter à partir de cette représentation. En ce sens que la psychologie, sous les deux formes scientifiques les plus fécondes [8] apparaît comme une étape obligée de l’empirisme, avant d’obtenir de nouvelles versions. C’est justice, en un sens, que soit reconnu en David Hume, être l’initiateur d’une psychologie adaptée à la situation [9]. Cependant, surtout, il faut convenir et introduire en nos réflexions le mode distinctif que la « théorie de la relation » d’un point de vue scientifique n’a jamais été traitée et nous a apporté une science des effets. Par la « théorie de la relation », il faut comprendre la recherche des « principes associants », ou « principes de liaisons », entre les différentes pensées ou idées de l’esprit. Il peut s’agir de l’enchaînement naturel des idées ou de sa forme arbitraire, analogique, celles qui relèvent plus généralement de la faculté d’invention, d’une émission d’idées fictionnelles ou d’idées ayant le pouvoir de fractionner l’envie d’accomplir ou ne pas faire suite à l’ultime question ou l’ultime effet d’un acte.

Envie d’obéir coûte que coûte ou justement apporter une volontaire désobéissance catégorique sur un sujet.

La science des effets est, nous le voyons, une référence newtonienne : cette science néglige les déterminations, les identifications des causes ultimes des phénomènes, en elles-mêmes inintelligibles (il s’agit, chez Newton, des causes ultimes de l’attraction et de la gravitation), et se contente de l’expression mathématique du rapport des effets, jugée satisfaisante. Selon cette science de l’immatériel, il ne semble pas nécessaire de se prononcer sur les propriétés intrinsèques qui, dans les corps naturels, constituent l’origine ontique de toutes phénoménologies. De même chez Hume, on peut penser à l’association des idées sans forger d’hypothèses quant aux qualités originelles de la nature humaine, ou quant à ses facultés en se contentant d’identifier et de déterminer le rapport des effets que produit l’impression primitive. La retraduction psychologique des principes de la philosophie chez Hume est impensable sans cette référence à Newton qui, lui, fournit une assise scientifique. C’est par cette relecture sociologique faite face au sein d’une caractéristique psychologique que toute nature d’empirisme parvient à se libérer d’une insularité singulière, et ainsi gagner le continent des conformités.

J’ai dit que le point de repère par rapport auquel doivent être établies nos anticipations relativement à l’avenir de la morale est, non l’état de l’opinion émise par les médias de toutes sortes et de toutes confessions, mais l’état de la société tel qu’il apparaît réellement ou tel qu’il paraît être appelé à devenir en vertu des causes nécessaires qui dominent l’évolution. Ce qu’il importe de savoir est ce qu’est cette société, et non la manière dont elle se conçoit elle-même et qui peut être erronée. Par exemple, aujourd’hui, le problème consiste à chercher ce que doit devenir la morale dans une société comme la nôtre, caractérisée par une concentration et une unification croissante, par la multitude toujours plus grande de voies de communication qui en mettent en rapports les différentes parties, par l’absorption de la vie locale dans la vie générale, par l’essor de la grande industrie ou agriculture, par le développement de l’esprit individualiste qui accompagne cette centralisation de toutes les forces sociales, par la gouvernance cachée des modes virtuels etc. De gouvernance aux suggestions de conditions de convergences, il faut s’arrêter un moment.

Les conditions de convergence

Pour l’étude sociologique de l’ultime convergence entre droit et objection de conscience, l’adaptation d’un dialogue, même textuel, doit être entrepris.

Si une trame sociale réalisée avec des éléments assurés est perspicace en utilisant toujours le même type d’éléments d’examen, à cet instant, il devient possible de fournir des conditions pour que la suite de solutions approchées ainsi créées converge vers un essai de la solution vraie. Remarquons dans l’immédiat que ces conditions peuvent ne rien exprimer sur la précision envisagée. Si un droit à une pensée autre représente l’ordre d’une dérivation possible dans les termes de l’énergie de déformation du droit ex-fondamental, la solution de l’objection contribue vers la solution vraie si :

Modalité 1

Dans l’élément du discours social, le champ approché de l’objection contient une approche complète d’ordre social. Cela signifie que les éléments doivent pouvoir traduire un état de déplacements des modes de pensée ou un état de déformations constantes de ces modes régaliennes de pensée.

Modalité 2

Au passage des frontières inter-socialités, la continuité du champ exploratoire du discours doit être assurée jusqu’à la disposition d’assimilation des deux prétentions de l’espace d’accord. La compatibilité inter-élément social est donc nécessaire quand la trame s'épure, au moins avec une compatibilité comportementale qui aura un retentissement cognitif permettant une reconnaissance de l’objection sans qu’il ne soit question d’un trouble psychologique.

Modalité 3

J’ai eu à supposer que les conditions aux frontières d’un problème d’objection soient telles que les fonctions solutions dans le discours et leurs à-côtés soient constantes jusqu’à l'organisation sociale établie ; alors quand le fond est perspicace, chaque élément doit tendre vers une solution de communauté sociale aux résolutions constantes d’acceptation des sensibilités psychologiques et de spiritualités personnelles.

Une autre pensée imminente vient dans cette appréciation de l’erreur possible de discrétisation [10]. La vraisemblance d’une implantation dans toute société d’un pouvoir estimateur de l’erreur, identiques aux codes de calcul industriels, serait une défiance face aux idées libertaires des objecteurs de conscience en particulier mais aussi à beaucoup d’autres sujets [11]. Convenons pour continuer que les ‘’estimateurs’’ mis en place pour une décontraction – forme de l’apaisement - dans les communautés de pensée des champs de contraintes sociales - résidus des lois civiques inappropriées, des résidus de façons de faire inhérentes aux us et coutumes en tout - serait une logique appréciable dans les déterminations sur le concept d’erreur en relations aux comportements sociaux. L’objection de conscience ne serait ainsi plus dans les ultimes efforts d’approbation une idée phénoménologique concernant la folie ou une maladie neurologique.

Alors comment capter des convergences ?

Processus de convergence et convergence pratique, il faut s’entendre sur l’évolution des résultats d’examen sur le terrain social vers des résultats réputés vrais. Les facteurs invoqués dans les comportements sociaux qui peuvent contribuer à faire converger les résultats sont :

* L’évolution des secteurs sociaux, c’est-à-dire la taille et donc le nombre des populations, encore appelés convergence possible, puis avec le degré, d’approximation des indices caractéristiques de l’élément communauté, le positionnement de groupes.

* Quelques auteurs ont étudié l’influence du positionnement de ces groupes ; il a été montré que pour une trame donnée ce ne sont pas les éléments les plus réguliers qui apportent les meilleures conséquences, ce qui montre à contrario la difficulté du problème cité.

* Nos travaux en cours portent sur un préférable repositionnement à partir de l’étude des anomalies d’équilibre interne constatées dans les communautés. Du point de vue de l’étude, la convergence sur l’idée de l’objection ne peut être que partiellement limitée. Utiliser un ordre de séquence plus détaillé revient à créer un nouvel élément et touche profondément aux logiques du point de vue du développement de l’idée.

Quant aux aspirations confuses qui se font jour de différents côtés, elles expriment la manière dont la société, ou plutôt dont les parties différentes de la société se représentent cet état et les moyens d’y faire face, et elles n’ont pas d’autre valeur à opposer. Certes, elles constituent des éléments précieux d’information, car elles traduisent quelque chose de la réalité sociale sous-jacente. Cependant, chacune n’en exprime qu’un aspect à peine précisé et ne l’exprime pas toujours fidèlement. Les passions et les préjugés, qui se mêlent toujours de la partie, ne permettent pas à cette traduction des empathies d’être exacte…

Les évolutions personnelles de l’objection

Lorsque l’objection se dissout dans des hypothèses, cela rend laborieux voire très compliqué de rendre l’épreuve de l’information par le texte ou par l’oral. Des semaines, voire pour certain ou certaine des années d’un travail de communication par une psychothérapie, sont nécessaires pour ce travail d’essai de communication alors que s’effectue un essai d’entente souhaitée avec des écoutants. Quand il s’agit de la critique, l’affaire évolue et provient plus du domaine psychologique profond lorsqu’elle est martelée avec cette intention formelle de défaire, par une désintégration ou dissolution, tout sujet contraire à la voie non accréditée par l’interpelant. Celui-ci va manquer d’empathie séductrice et de l’observation du minimum de respect qu’exige la juste appréciation d’une pensée dans son minimum fondamental.

Cependant, respectant quand même extérieurement les règles de convenance liées à des convergences possibles, la réfutation du sujet exprimé par l’écoutant résiste inattentive au mouvement propre de toute pensée réflexive imaginée, et s’attache aux menus détails ou s’arrête aux imperfections de forme comprises dans ledit sujet, condamnant le plus souvent toute repartie prévisible. La personne s’étant placée en contradiction évidente s’oblige ainsi à s’éloigner de la colonne vertébrale de la pensée ou à tourner autour sans jamais vraiment s’y joindre. Toute introduction d’une objection fait donc naître une épreuve à leur auteur tout comme avec le simple énoncé d’une critique. Très souvent, il s’agit de l’apparition extérieure à soi d’une dénonciation de souffrance (physique ou psychique) couplée à des expériences difficiles. Ainsi peut s’émettre une première allusion théorique à l’objection : divergence immédiate entre le propulseur de l’idée objectale et les entendants fatalement plus nombreux. Il a beaucoup été écrit sur ces termes à multiples connotations : idée objectale de conscience. Il s’est présenté et analysé depuis plusieurs points de vue : en revue première, la complexité perçue est liée, sans aucun doute, à la complexité des humains eux-mêmes, notamment à leur psychisme, à leur imaginaire et à une capacité évidente créatrice y compris dans le déni d’une idée à contre-courant. En seconde partie, le contre-courant est souvent le fait d’une objection dont l’idée parallèle ne peut sans aucun doute être envisagée.

Cependant et de manière plus recherchée, l’objection de conscience va aussi produire l'expérience certaine dans une seconde perception, plus positive et surtout essentielle et capitale, plus ultime. Par essence de la volonté de faire savoir, l’hypothèse de l’objection doit concevoir littéralement ses preuves, doit se manifester à sa valeur propre plus que cela a pu être acté auparavant, d’expliquer en justifiant les présupposés restés dans l’incompris et les non-dits. De cet effort supplémentaire, la réflexion pourra gagner en profondeur, quitte également à éclaircir certaines de ses avancées non développées, incomprises, encombrantes et altérées.

Position personnelle

Oui, le siècle qui vient de se terminer et ce premier quart du suivant, j’ai à le confirmer, se sait d’avoir été barbare, d’avoir exposé pas mal de formes de barbarismes vis-à-vis des humains tout autant que vers les animaux. Passant à l’examen beaucoup d’éléments marquants de ce 20e siècle, je ne peux m’empêcher de réaliser à quel point l’humanité prise dans son ensemble s’est dévoilée peu civilisée et surtout très destructrice de civilisations antérieures à l’occident ravageur, soit Europe et USA puis les différents états du grand est extrême-oriental : Chine, Japon, URSS, Vietnam et autres pays voisins.

Comment réanimer l’ultime mémoire et ressusciter les antécédents, sinon à l’aide de sujets ultimes, évoquant des communautés terminées et qui, dans ces contingences, vont satisfaire par une triple charge fictionnelle et fonctionnelle : substitution par les images, utiliser une thérapeutique libératrice ? Fondé sur l’alliance entre absence et présence, tout le respect mémoriel suppose répétition du sujet et ritualité des actes à pourvoir dans l’idée même de l’objection de conscience. Les grandes guerres se sont succédées de façon continue et toujours de plus en plus cruelles et destructrices de par le monde. Les ultimes actions de guerre, de prise de pouvoir, de sensibilisation forcée des peuples ont occasionné pénurie et disette, pauvreté et dénuement, châtiment et souffrance puis maladie, sans omettre les génocides et les colonialismes sauvages suivis des indépendances etc. Ce sont là de tristes mots pour décrire une grande époque depuis le milieu du XIXème qui a cru en l’essor fructueux de la civilisation, aidée de la science et de la technologie, parvenant avec cette ultime idéologie sans contrainte et sans l’observation d’une contestation précise, prétendre résoudre la plupart des maux et des injustices de la condition humaine. Force à moi est de constater l’ampleur du revers.

C’est ici que les objections de ma conscience sont exprimées : une objection sensible sur l’ensemble des teneurs des communications et des informations jetées en pâture, toujours du côté négatif d’un sujet.

De ce 19e/20e siècle, je souhaiterais, malgré cela, poser un correctif sur mes visions, il se peut, un peu trop effrayantes et imaginées d’une façon apocalyptique, surréaliste. Pour moi, il ne s’agit pas ici de désavouer ou contester toutes ces horribles terreurs éprouvées malgré tout énormément documentées. Mon objection première sera d’une matérialité indiscutable admettant que pleins de détails sociaux et sociopolitiques forment une nouvelle identité à ces communautés s’étant sorties de leurs soucis journaliers pendant plusieurs périodes intercalaires comme ladite ‘’belle époque française’’. Néanmoins, soyons visionnaires et admettons que d’incontestables réalisations sont dignes de réflexions positives pouvant revaloriser et ennoblir l’estime ‘’souillée’’ de l’humanité dans cette longue période tourmentée de notre histoire. Pas partout en même temps, juste précision. À ce moment, j’aime à penser faire admettre entre autres à la charte des droits et libertés, charte issue de la France et de l’ONU, aux initiatives de coopérations internationales, aux mesures sociales portant une aide aux plus démunis, aux progrès de la médecine engendrant l’espérance de vie qui s’est allongée, etc. Et à la vision de cette arrivée d’une certaine énergie égalitaire entre les peuples et à l’intérieur de ceux-ci une égalité entre les humains essayant d’éliminer le plus de discriminations possibles.

Réfutation de mon objection

Sans vouloir remettre en question tous les éléments positifs mis en lumière, il n’en demeure pas moins que globalement la seconde moitié du 19e et l’ensemble du 20e siècle furent le théâtre des deux seules guerres mondiales qu’ait connues l’humanité, suivies de suite guerrières partout dans le monde [12]. Une contestation sociologique évidente est à l’encontre du développement de ce capitalisme forcené, virus sociétal créant les écarts de plus en plus importants entre très riches et très pauvres : écarts ouvrant les voies aux fausses neutralités étatiques gouvernées par la finance, les paradis fiscaux. Les vrais conflits entre ces belligérants ne se sont montrés que sous des jours de guerre permanente entre les classes sociales : la classe la plus riche gouvernant, parfois d’une manière invisible, les classes nombreuses et plus pauvres.

Le constat est à émettre que l’homme est un monstre particulier pour l’humain dans l’ensemble de l’humanité animale. D’où des contestations et des objections de conscience vis-à-vis des sociétés et de leur mode de gouvernance politico-religieuse.

Pour achever sur l’idée de l’objection de conscience

C’est essentiellement de la dimension évolutive qui est traitée dans ce qui suit, sous l’appellation de ‘’problème de la méthode’’. Même si nous n’allons cesser de croiser la dimension intersubjective, la traiter de front exigerait un travail d’une toute autre nature, en particulier sur les terrains dont certains spécifiques comme médecine et justice.

Toutefois, on ne peut pour autant pas se contenter de ne porter qu’un regard théorique vers l’efficacité de l’idée de l’objection de conscience et pour l’étudier se détacher des résultats qu’elle produit. L’idée de toute pratique est toujours liée à un résultat escompté et qui lui fournit sa raison d’être. Interpréter un texte de ce fait qu’est l’objection de conscience, c’est n’avoir d’abord face à soi qu’un résultat. Les années d’apprentissage, y compris dans l’intellectualité, sont de dur labeur, et tout cela est repris comme il est dit en sciences du numérique « écrasé » dans une forme qui ne laisse plus apparaître son processus productif. L’ultime difficulté est alors ici de réussir à séparer pratique et résultat alors que tout apprentissage se déroule suivant un principe ancestral en trois évolutions. Devant toute chose ou tout sujet à expliquer, commenter ou juger, le problème en cours est donc sociologique, philosophique, technologique ou technique, celui de remonter à sa source qui est une nécessité dont il faut s’assurer de la réalité :

1) Le problème sujet de l’objection est-il identifié ?

2) Le ‘’pourquoi’’ de ce problème est-il dénommé ?

3) Une solution à cette objection peut-elle être proposée à l’objecteur ?

Nous désignerons cette hypothèse de solution 3 sous l’appellation de dimension évolutive du problème de la méthode. Il y a, cependant, une autre dimension nettement différente de ce problème, bien qu’elle lui soit très liée : c’est une chose de ressaisir les moyens par lesquels nous obtenons un résultat pour soi-même, mais c’en est une autre de le faire pour autrui avec autrui et son histoire. Or, il peut être considéré que l’objection de conscience est une activité philosophique comme toute autre toutefois étant sociale, elle doit pour cette raison réussir à communiquer ses résultats à quelqu’un qui ne les a pas déjà enregistrés. De là vient donc le lien entre la dimension évolutive et celle intersubjective du problème de la méthode. Le concept de méthode porte ces difficultés en tant qu’il est l’opérateur privilégié d’un dialogue avec autrui, mais parce qu’il renferme dans ses plis une progression propre au travail effectué par un individu. Seulement, ce dialogue est d’emblée asymétrique : celui qui invoque et explicite la méthode sait faire quelque chose à l’inverse de son interlocuteur ou lecteur, sans quoi ce dernier n’aurait pas besoin d’elle, pas de la même manière en tout cas.

Les multiples raisons d’une objection de conscience, dont celles de la médecine et de la justice s’ajoutant à la militarisation forcée pourrait bien avoir un coup d’arrêt dans le droit à l'objection de conscience et de toute protection de la liberté d’expression [13]. Les déterminations décisives du Conseil de l'Europe à Bruxelles ne sont pas contraignantes, cependant un texte inquiète une grande partie des réfractaires aux libertés individuelles en tout. Il me paraît insoutenable, en parlant de méthode inexploitable, d’inscrire dans la société communautaire, le soutien à la création d'un registre des dits objecteurs de conscience. Il s’agit d’une opération sociétale d’une suspension du droit fondamental des personnes dans l’intégrité de leur liberté absolue de conscience.

En fait, tout cet écrit ne parle que de cette volonté première du droit à penser ce que nos cerveaux et en conséquence nos intelligences émettent pour notre bien-être intellectuel et finalement physique : cerveau et corps ensembles.

Notes

[1] Franz Brentano (1838/1917) est considéré généralement comme le « philosophe de l’intentionnalité », c’est-à-dire comme celui qui a réintroduit le concept d’intentionnalité dans le débat philosophique contemporain et ouvert la voie au mouvement phénoménologique, mais aussi à la philosophie analytique de l’esprit. Le fameux texte sur l’intentionnalité extrait de la Psychologie du point de vue empirique de 1874 est aujourd’hui cité à l’envie, et la thèse dite de l’intentionnalité de Brentano est interprétée comme une vulgate, sans évaluation critique.

[2] Une différence est à préciser : il s’agit d’un devoir de ‘‘désobéissance’’ et non pas à obtempérer à un ordre immédiat.

[3] Michel Foucault, Histoire de la folie à l’âge classique, Paris, Gallimard, coll. Tel, 1972, p.121.

[4] Guy Debord, Debord à Branko Vucicovic le 5/01/1966, in Correspondances, janvier 1965/décembre 1968, Paris, Fayard, Vol.3, 2003.

[5] Jean-Baptiste Pussin, garçon tanneur puis gouverneur des fous à l’hôpital Bicêtre. Bicêtre, réservé aux hommes, est une des maisons de l’Hôpital Général initialement établi pour « l’enfermement des Pauvres Mendiants valides et invalides ». Jean-Baptiste Pussin, Lons-le-Saunier (Jura) 29 septembre 1745 / Paris 7 avril 1811. Jean-Baptiste Pussin devient en 1785 "gouverneur de l’emploi de Saint-Prix" à Bicêtre. Dans ce service réservé aux fous, il se révèle un authentique pionnier de la psychiatrie moderne. Après avoir présenté l’état des lieux, les conditions de l’ascension de cet ancien garçon tanneur et le fonctionnement du service à la lumière de documents inédits sont réexaminées les circonstances de la nomination de Philippe Pinel en septembre 1793, comme médecin des infirmeries et non de l’emploi des fous, dont Pussin conserve la responsabilité. Leur rencontre est cependant décisive dans l’élaboration de la théorie de l’Asile et du traitement moral, qui fera la gloire de Pinel.

[6] D’après F. Brentano, en effet l’intentionnalité du phénomène psychique retourne non seulement à l’inexistence intentionnelle de l’objet, mais aussi à la relation à un contenu, à la direction vers un objet, qui ne doit pas mécaniquement être conçu comme une réalité. Nul phénomène physique connu ne présente quelque chose de comparable. Nous pouvons donc définir les phénomènes psychiques en stipulant que ce sont des phénomènes qui contiennent intentionnellement un objet en eux.

[7] Ce que souhaitaient les situationnistes.

[8] Il est de notoriété qu’elle prend au XIXe siècle ces formes en psychologie génétique, ou psychophysiologie, et psychologie empirique et descriptive.

[9] Le XVIIIe siècle est le théâtre de vifs affrontements philosophiques. L’extension croissante du domaine de la "science moderne" entraîne des polémiques, des campagnes violentes, dans la société toute entière. La première partie - du XVIIIe siècle - est éclairée par le flambeau de la raison : c’est le siècle des lumières, le siècle de la conscience éclairée et enfin maîtresse d’elle-même. Cet expansion scientifique et philosophique conduira à la création d’une science de l’entendement et une science de la société. et même d’une psychologie expérimentale. La filiation humienne est naturelle, si l’on considère qu’il est le premier à avoir porté l’association des idées au rang de principe de toute activité de l’esprit, à l’avoir investie d’une fonction régulatrice, non seulement dans la vie de l’esprit, mais dans la vie sociale en général. Texte intégral, psyfact.e-monsite.com.

[10] Terme employé venu des mathématiques appliquées de l’industrie et de la recherche.

Opération consistant à remplacer des relations portant sur des fonctions continues, dérivables, etc., par un nombre fini de relations algébriques portant sur les valeurs prises par ces fonctions en un nombre fini de points de leur ensemble de définition

[11] L’idée libertaire ou ‘‘anarchisante’’ développe le concept d’une société sans domination et sans exploitation de l’individu (maintenant féminin/masculin) où les sociétés humaines peuvent s’associer en coopérant résolument dans une activité évolutive sous forme d’autogestion, de fédéralisation comportementale et surtout de liberté politique par une configuration démocratique directe s’organisant autour de fonction impérativement désignée.

[12] Ayant répandu morts et destructions massives à cause des idéologies contestables et contestées et ce depuis les croisades. Pour le 20e il faut admettre la mort d’environ 100 millions de civils et militaires.

[13] Une résolution soumise à l’Union Européenne au vote des représentants des 47 pays vise les praticiens qui refusent de pratiquer les IVG pour des questions personnelles, religieuses ou morales. Plusieurs associations antiavortements se sont élevées contre ce texte. Cette proposition mise au vote « se préoccupe vivement de l’objection de conscience qui, en grande partie, n’est pas réglementée, surtout dans le domaine de la santé reproductive, dans de nombreux États membres du Conseil de l’Europe ». Et invite les États à élaborer des réglementations exhaustives « qui obligent le prestataire de soins de santé à administrer au patient le traitement (...) malgré son objection de conscience en cas d’urgence ou lorsqu’il n’est pas possible de diriger le patient vers un autre prestataire. »

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