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    ÉCRITURES DE SOI EN SOUFFRANCE

    Orazio Maria Valastro (sous la direction de)

    M@gm@ vol.8 n.1 Janvier-Avril 2010

    • Éditorial

      Orazio Maria Valastro

      Les études ici réunies vont nous permettre d’examiner différentes genres d’écritures et typologies d’écrivains (poétique et épistolaire, roman autobiographique et autofiction, narratif et témoignage), explorant un corpus considérable (œuvres littéraires et littératures personnelles) et des pratiques significatives (activités narratives et autobiographiques). Le thème proposé, les écritures de soi en souffrance, se dénoue sollicitant une réflexion sur les rapports entre les œuvres et les différents contextes sociaux et historiques. Nous pouvons envisager et saisir l’ensemble du corpus et des pratiques considérées en tant que texte social vivant, inscrivant l’expérience de l’existence et du monde dans la pratique de l’écriture. (...) Nous allons solliciter et proposer une lecture sociologique et anthropologique de l’ensemble des études proposés au sein du numéro monographique, privilégiant une analyse de la matrice du discours social structurant la conscience individuelle et collective.

    • APOLLON CALLIOPE ÉRATO: TRANSCENDANCE ET IMMANENCE DE L’INTIMITÉ DES ÊTRES AU MONDE

      Gabriela Tanase

      Atteint d’un mal qu’il désigne plus loin comme la lèpre, Jean Bodel prend congé des arrageois et établit ainsi un genre poétique qui, au début du XIIIe siècle, représente la première manifestation en littérature française de la perspective ironique du poète envers lui-même. Les Congés de Bodel semblent se fonder sur un «jeu de la souffrance et de la honte, du ‘dire’ et de ‘se cacher’» et, par une variante du thème de la chantepleure, ils anticipent la poésie lyrique du XVe siècle. (...) La souffrance constitue ainsi le leurre d’un sens qui serait séditieux et qui dépasse pourtant la sphère du social ou de l’idéologique, car il se résout dans la maîtrise de la parole. L’étalage d’habileté poétique, art d’un discours où les significations s’effritent, séduit le lecteur d’aujourd’hui, tout comme le public d’alors, appelés tous les deux à chercher les multiples visages du poète.

    • Antoinette Gimaret

      A' la fin de la Renaissance, la valorisation d’une certaine “privauté” favorise la mise en discours des choses du corps et le récit de soi. Au lendemain des guerres de religion, la paix civile promue par l’Édit de Nantes trace de nouvelles frontières entre privé et public, fracture qui rend possible l'existence d’un espace décroché de tout bien public, où chacun est incité à cultiver des vertus privées. (...) Dans l’exploration de cette correspondance, nous voyons donc comment, à la fin de la Renaissance, discourir de sa douleur constitue pour l’individu particulier une alternative au discours dévot majoritaire, dans la mesure où cette écriture de la douleur favorise une exploration du moi privé dans la singularité et l’irréductible évidence de ses sensations de plaisirs et de douleur.

    • Christoph Groß

      La poésie baudelairienne remplace le paradigme d’imitation par une poétique du surnaturel centrée sur la sensation. A priori, la souffrance du réel apparaît comme un concept antagoniste de l’idéal d’un art pur. Mais par l’imagination créatrice, Baudelaire parvient à établir des ponts entre le sensible et l’intelligible, et ainsi à transformer la douleur. Soumise à une ‘alchimie’ poétique, celle-ci devient finalement le moyen d’une révélation du surnaturel à l’intérieur de l’immanence esthétique.

    • Agathe Brun

      Plus d’un siècle après sa mort, Oscar Wilde continue de susciter l’intérêt tant pour son œuvre que pour sa vie. Dandy toute sa vie, d’une taille hors du commun, ce n’est pas seulement l’artiste mais aussi l’homme qui a marqué son siècle et continue d’enthousiasmer le lecteur du vingt-et-unième siècle. (...) L’écriture de soi en souffrance, comme nous le voyons à travers De Profundis, aboutit à la preuve que son génie artistique est intact. (...) L’écriture combat la souffrance de l’isolation et de la déchéance, mais dans le cas de Wilde, c’est également le moyen de se reconstruire en tant qu’homme et en tant qu’artiste: il n’a plus de nom, plus de reconnaissance par les hommes, mais le texte, que Wilde l’ai pensé ou non, est une nouvelle œuvre d’art qui montre la capacité et la force de l’esprit en condition d’oppression.

    • Barbara Jovino

      L’écriture est l'élaboration d’un agencement. Elle est le mouvement du labeur qui fait de l'oeuvre une construction, qui invente l'espace et le discours lui donnant corps. Pour Hans Henny Jahnn, l’écriture fut une souffrance, elle fut aussi l’objet illimité de sa quête spirituelle. Si la souffrance peut être définie comme un agencement particulier du désir au sens où Deleuze et Guattari entendaient que désirer était construire un agencement, la question de l’écriture de la souffrance de soi pourrait être ainsi posée: quelle sont les rapports et quelle est la nature des rapports entre eux pour qu'ils deviennent et disent la souffrance? Notre article tentera de dégager chez Jahnn des agencements de souffrance et de désir.

    • Dominique Casimiro

      La souffrance nérudienne, fondamentale dans la trajectoire poétique du poète chilien, est la traduction et l’entreprise improbable d’une survie poétique: de cette même douleur naîtra un chant poétique sonore et total. Paradoxe ultime, le dialogue avec les morts de la Guerre civile espagnole (1936-1939), eux aussi souffrants, puis avec les voix disparues des anciens indiens (dans le Chant général) permettra au sujet nérudien d’accepter la part mortelle qui est en lui, mais également d’aller plus avant dans le son et la transparence. Source de création poétique et de révolution esthétique, la souffrance conduit à la création d’une voix et d’une langue poétiques nouvelles pour dire toute la vie et toutes les morts de l’homme universel.

    • Marie-Camille Tomasi

      Erigeant le texte en véritable objet thérapeutique transférentiel, la souffrance acquiert une réelle valeur artistique faisant du malheur le vecteur, sinon le moteur, de tout «roman du moi» dont la narration nécessite l’impulsion des maux pour que s’accomplisse la mise à nu qu’est l’auto-bio-graphie. L’écriture de soi serait donc ce stade intermédiaire où la mise en mots se fait aboutissement et suspens avec pour centre gravitationnel la souffrance sublimée. La littérature y naît d’une blessure fondatrice, d’une cicatrice originaire qu’il convient non pas de suturer mais d’exprimer (au double sens du terme) afin que se dresse le texte comme spéculum face auquel se forgerait l’identité du «sujet pensant» désormais posé comme sujet «narré».

    • CRONOS HADÈS ATHÈNA: MÉLANCOLIE SOCIALE ET RECHERCHE DU SENS DE L’EXISTENCE

      Nathalie Sarraute, autofiction et construction de soi: les yeux largement fermés

      Pascale Fautrier

      La question que j’ai cherché à poser dans tous mes articles critiques sur Sarraute est bien celle du projet scriptural comme projet existentiel (...). Le «projet existentiel» sarrautien consiste à affirmer une identité indicible, qui se manifeste seulement par sa pratique: l’invention et l’écriture des tropismes. L’écriture est déclarée «neutre»: toute position sexuée étant vécue dans l’écriture (à l’instar de toutes les autres identités) comme superficielle et provisoire.

    • Martine Schnell

      Notre article se donne comme objectif de considérer l'écriture comme médium thérapeutique et expression privilégiée de la souffrance en analysant les aspects suivants. L’écrivain allemand Christa Wolf, née en 1929, a entrepris une écriture autobiographique dans son roman Christa T. (1968), où elle relate son amitié avec Christa Tappert, leurs années d'études en Allemagne de l'Est, puis le calvaire de la maladie de Christa T., atteinte de leucémie. Pour Christa Wolf, l'écriture permet de surmonter le travail de deuil de son amie. L’écrivain français Serge Doubrovsky, né à Paris en 1928, considère aussi l’écriture comme medium de la souffrance, comme acte thérapeutique, écriture post-analytique après les séances chez son psychanalyste. Dans le cas de publics spécifiques (apprenants étrangers, publics hospitalisés - Programme Culture à l'hôpital -), l'écriture constitue un médium bénéfique pour libérer la souffrance lors d’ateliers d'écriture.

    • Camille Renard

      Pour explorer les profondeurs inconscientes de son intimité, Serge Doubrovsky a inventé en 1977 pour son ouvrage Fils un néologisme et a nommé un genre: l’autofiction. Le concept d’autofiction permet aux écrivains qui s’en réclament de distinguer leur stratégie narrative à la fois de celle de l’autobiographie et de celle du roman. L’autofiction relève en effet des deux formes puisqu’elle mobilise en même temps l’écriture autobiographique, référentielle, et la «fonction poétique du langage» qui problématise la référence. Postulant un phénomène de double réception, à la fois autobiographique et romanesque, ce genre littéraire associe deux contrats de lecture a priori antinomiques, et en fait un genre intrinsèquement paradoxal.

    • Maria Luisa Scaramella

      Cet article traite du rôle de l’écriture autobiografique dans la vie de Maura Lopes Cançado. Maura a écrit un livre, l´Hospice c´est Dieu, espèce de journal intime autobiographique publiée en 1965 au Brésil. Maura commence sa carrière en écrivant des contes pour le Jornal do Brasil, en 1958, dans le supplément littéraire. Son désir pour être reconnue donne lieu à des crises de nerfs, le conduisant à s´interner en hopitaux psychiatriques. Son livre est le fruit de ses nombreux internements, il fournit un portrait de sa condition: la patiente qui subit les pratiques d´une institution psychiatrique violente et décadente; l´individu qui puise dans l´écriture autobiographique son lien le plus profond avec la vie, son fil d´Ariane, qui le tire du labyrinthe. Cette écriture marquée par la souffrance, sert de pont entre Maura et le monde. Si écrire est le fil qui le relie à la vie, à l’autre, à la société, à mesure que Maura s´éloigne de l´écriture, son histoire devient tragique. Le je et l’autre s´éloignent.

    • Lucienne J. Serrano

      Cet article analyse le «roman» écrit par Simone et André Schwarz-Bart, publié par le Seuil en 1967. Texte plutôt que roman, il présente une certaine réalité: la vieillesse d’une femme âgée et noire dans un asile à Paris, vers les années 1950. Mais surtout, il ouvre un espace d’écriture où les oppositions, les paradoxes règnent, se fécondent et ouvrent l’aventure de se dire par les mots. L’écrivain/e devient celle qui nous parle et aussi déparle, porté/e par les mots dont elle/il n’a pas la maîtrise mais la jouissance. Une approche semio-narrative met en place les vecteurs pulsionnels (amour/haîne) qui tissent la trame de ce texte et permettent de dire la souffrance et la malédiction dues au fait d’être une enfant noire, née dans une Caraíbe pauvre.

    • Corinne Godmer

      Quel sens donner à l’écriture de soi en poésie? Figure du poète, représentation sociale, personne physique, et jeu narratif, le sujet de l’écriture se présente comme une entité complexe. L’œuvre poétique cependant se nourrit de ces différentes individualités, en quelque sorte, qui parviennent, entre union et tension, à produire une unité de sens. Quelle serait dès lors la place d’un auteur singulier dont l’œuvre s’envisage en souffrance? (...) Écriture de soi ou écrire malgré soi, le poète compose ainsi avec sa psyché propre, il se dévoile de façon plus ou moins explicite mais imprègne l’œuvre de sa subjectivité. L’écriture de soi, finalement, consiste peut-être en ce qui reste de l’émotion lorsque forme et style ne déstabilisent plus notre lecture du poème.

    • Eftihia Mihelakis

      Suite à la mort de sa mère atteinte de la maladie d’Alzheimer - événement qui a aussi été élaboré plus tard dans le journal intime Je ne suis pas sortie de ma nuit, publié en 1999 - Annie Ernaux éprouve le besoin d’écrire Une femme. Publié en 1987, ce récit est une manière de faire le deuil de sa mère. À travers un projet de dévoilement de sa vie, ce récit expose comment sa mort est vécue comme une rupture incompréhensible. (...) Pourtant, c’est à partir de cette incompréhension, en passant par l’écriture, qu’Ernaux prétend saisir le sens de sa mort.

    • PROMÉTHÉE PANDORE ÉPIMÉTHÉE: L’EXPÉRIENCE DE LA VIE ET DE LA TRAGÉDIE HUMAINE

      Yassin Karim Ben Khamsa

      L’archétype de la femme écrivain s’inscrit dans le projet boudjedrien de reconquérir le pouvoir par une écriture profondément humaine et féminine. Ainsi, la mystique du corps de la femme vient s’inscrire dans une entreprise de déstructuration de mythes dépassés aux valeurs morales rétrogrades. Cette même mystique renoue avec une tradition qui valorise la femme en tant que sujet séducteur et détenteur du verbe poétique et actualise son rôle dans l’histoire et le devenir de son peuple. Cette étude comportera une réflexion portant sur l’évolution et l’importance grandissante de l’instance narrative féminine chez Rachid Boudjedra dans une démarche comparative dans trois de ses romans (La Répudiation, Le Démantèlement, et La Pluie) où la femme en tant que personnage et narratrice est omniprésente et occupe une place prépondérante.

    • Madjid Touzouirt

      Il romanzo di Erri De Luca, studiato in quest’articolo, mette in scena un narratore che mobilita tutte le strategie del discorso politico per guadagnare l’adesione del suo pubblico: costruzione di un auditorio omogeneo, messa in azione di un’etica e presa in considerazione della dottrina comune o della doxa. Il narratore, in questo modo, svolge il ruolo dell’osservatore che mostra, riporta, cita, dettaglia e commuove.

    • Sabah Sellah

      L’auteur nous livre le mal dont il est atteint, à savoir le sida. Il prit, d’ailleurs, ce terrible virus pour modèle dans «son projet de dévoilement de soi et de l’énoncé de l’indicible». Désireux de contrôler sa maladie et ses manifestations, l’auteur ne nous épargne nul détail quant à l’évolution de son mal. Ce souci viscéral de «tout dire» a guidé toute son œuvre, par ailleurs. (...) Le roman, Le Paradis, publié posthumément en 1992, a été écrit durant l’été 1991, quelques mois avant sa mort. L’auteur était à bout de souffle. Le recours à la fiction face à l’inexorable fin qui s’annonçait lui a permis de rêver à d’autres possibilités par le biais de l’écriture fictionnelle.

    • Benamar Nadjat - Benamar Mohamed Abdellatif

      La fiction du monde contemporain, selon Charles Newman, s’interroge sur la culture établie, souvent autobiographique, elle relève d’un néo-réalisme qui postule l’existence de nouvelles informations qui sont tues par les médias. Notre perspective s’inscrit sur la problématique suivante: pouvons nous lire le roman de Azouz Begag comme un roman autobiographique et un Bildungsroman beur (roman d’apprentissage)? Pour Azouz Begag, l’écriture représente le topos de l’apprentissage et s’incarne en une force créatrice, essentielle et existentielle.

    • Yue Yue

      Connu par son obtention en 2005 du prix littéraire le plus prestigieux de la Chine pour son roman Chen'ai luoding (la poussière tombe) qui pourtant mit du temps à s’imposer, le romancier d’expression chinoise A Lai, né en 1959, est l’un de ces auteurs tibétains sinophones par obligation. Il puise toujours son inspiration dans une souffrance qui l’accompagne depuis son enfance. En effet deux courts romans, respectivement publiés en 1987 et en 1988, et un long poème édité en 1989 témoignent d’un parcours douloureux jusqu’à la trentaine. L’expérience de A Lai est exceptionnelle dans la littérature d’expression chinoise, peu habituée à ce type d’auto-thérapie littéraire manifeste dans son œuvre romanesque et son œuvre poétique complémentaires et dont la dimension personnelle n’exclut pas l’intérêt d’un témoignage social.

    • Lucia C. Antonazzo

      Il racconto breve Sessizlik (Il silenzio, 1980) fa parte del libro Kötü bir yaratik di Zeynep Avci Karabey, scrittrice e giornalista turca. In Sessizlik è affrontata la tematica dell’ordine domestico come dovere della donna nella dimensione quotidiana dello spazio privato. Dal patriarcato nasce una visione del mondo e delle cose che presenta come naturali usi e tradizioni che non lo sono affatto, ma che sono soltanto il frutto di sistemi filosofici, politici e sociali. L’ordine sociale agisce sugli uomini e sulle donne con effetti durevoli, cioè uomini e donne reagiscono alle situazioni in modo apparentemente spontaneo, ma che riflette schemi fissi. L’ordine non è sempre garantito con forme di violenza fisica o psicologica, ma con forme più sottili di violenza simbolica.

    • Benali Souâd

      Née au japon, Amélie Nothomb y passe les cinq premières années de sa vie, dont elle restera profondément marquée linguistiquement et culturellement. (...) De sa vie à Bruxelles, et de son cursus universitaire, elle ne cache nullement ses douloureux souvenirs d’être incompris et rejeté, se retrouvant toujours confronté à une mentalité qui lui était inconnue. Toute cette civilisation occidentale à laquelle elle est censée appartenir, et l’orientale, berceau de son enfance et abreuvoir de son adolescence. Ce fut la collision des deux civilisations diamétralement opposées; elle dira à propos de ce choc socioculturel et civilisationnel.

    • MNÉMOSYNE MAÏA HERMÈS: DU DISCOURS DE SOI AU DISCOURS DE L’AUTRE

      Olivier Berger

      Tous les récits sur la guerre de 1870 font état de la souffrance vécue dans l’occupation allemande. Ils n’ont jamais été analysés alors qu’ils présentent l’intérêt de montrer une mentalité française chez les civils. Entre sentiment de solitude, d’étrangeté, de dégoût, la souffrance est libérée sur le papier, des thèmes communs apparaissent; chacun raconte l’occupation de son point de vue, identique partout en région parisienne, mêmes brutalités, mêmes vexations. Traumatisés par la guerre, les auteurs trouvent le chemin de la reconstruction de soi par l’écriture de leurs souffrances. Ainsi le lecteur découvre un pan méconnu de l’histoire franco-allemande, une guerre plus violente que ce que la mémoire collective en a retenu.

    • Aude Delsescaux

      Aujourd’hui la Mémoire de la Shoah est un thème récurrent de notre société. C’est une écriture qui est devenue universelle pour dire le malheur, l’horreur des guerres et des génocides. L’écriture de cette souffrance, les témoignages sont aujourd’hui nombreux et pluriels. Mais quelles sont les enjeux et les raisons de cette ferveur de l’écriture? En outre, l’écriture de la souffrance fut-elle un élément libérateur ou aliénateur pour ces témoins? Par nos recherches nous apprenons qu’il est de coutume pour la «communauté» juive de se souvenir par les livres, par l’écriture. Toutefois cette écriture ne reçut pas tout de suite l’accueil escompté. Après le procès Eichmann, les témoins et leurs récits commencèrent réellement à être entendus. La Mémoire de la Shoah devient alors un élément identitaire européen, permettant aux témoins par l’écriture en souffrance, qu’il s’agisse de romans, de poésies ou de bandes dessinées, de trouver une place dans nos sociétés.


    • Karim Chibout - Martial Martin


      Facilitée par les forums ou les outils de blogging, l’expression des malades est structurée, du fait des caractéristiques des techniques employées, par le classement chronologique (du plus récent au plus ancien): elle donne la primauté au temps présent (en se centrant sur le corps, sur la sensation et le sentiment) mais permet la lecture d’une «antéchronique» de la souffrance et du traitement (avec l’essentielle question de la durée de vie). La spécificité de ce récit de soi en souffrance pourrait tenir à la «co-construction» du discours par les lecteurs via leurs commentaires. La prise en compte de l’autre parfois déjà connu (un autre malade, un thérapeute ou un membre de la famille) parfois nouveau car issu du web débouche sur une écriture «extime» (plutôt qu’intime) de la souffrance. Souvent, le lecteur est lui-même un être en souffrance à la recherche de soi dans le discours de l’autre, de modes d’échange plus adaptés à sa nouvelle condition révélée de malade, de mots capables de dire son propre mal.


    • Lionel Rebout

      Dans cette contribution, j’entendrai l’écriture de soi au sens de la subjectivité, c’est-à-dire un rapport à soi nécessairement recomposé et remis en cause dans le champ carcéral, cadre décontenançant par la force des choses et source d’une souffrance originale dans la vie d’un homme. Et j’entendrai l’écriture de soi dans ses rapports à l’écriture en tant que technique, pratique de l’intime pour approcher, saisir, questionner l’autre écriture, celle de soi. Ainsi j’interrogerai la prison lorsqu’elle touche au fondement de l’être, de celui qui est enfermé et j’interrogerai les rapports et les conditions de l’écriture en prison entretenues pour les détenus et leur environnement.


    • Maria Cecilia Averame


      La narrazione di sé e la pratica autobiografica rappresentano quindi oltre ad un momento destinato alla autoriflessione e alla ricomposizione della trama della propria esistenza, la possibilità di riprogettarsi e ripensarsi non solo 'oltre' le parole con cui si viene descritti, ma spesso anche in opposizione ai termini degli altri. Si racconta la propria storia per ribadire la propria esistenza non solo come detenuto ma anche come individuo. Si contrappone all'etichetta di 'criminale' la complessità del proprio vissuto, si concede una valvola di sfogo per narrare la propria sofferenza esistenziale rischiando forse anche di auto-indulgere in un sentimento di vittimismo che rischia di prendere il sopravvento.


    • Nicola Ghezzani

      Far da sé il proprio ritratto biografico significa, in rapporto a queste alienazioni, sfidare i demoni della compiacenza e della connivenza con l’altro, quindi porre il rifiuto, l’opposizione e quindi il vuoto, il nulla, l’assenza come base sulla quale veder apparire le proprie scene e le proprie passioni. Solo se non devo rispondere di me stesso a nessun altro che a me stesso, io sono nella condizione di cogliermi nella mia delusione fondamentale, nell’opposizione frontale che ho verso il mondo o verso i valori recepiti, nella mia protesta di riscatto dalla soggezione, nelle mie istanze di vendetta, di cui avverto insieme la violenza apocalittica e la colpa morale, quindi posso valutare quanto sono trascinato da passioni, reso nemico agli altri e a me stesso, e quanto posso riequilibrare il mio essere sulla base di una valutazione intima, sentita, ponderata di ogni lato contrapposto della mia identità.

    • Lucia Portis

      L’autobiografia è una tipologia di scrittura di sé che si può definire come costruzione narrativa di sé che una persona sviluppa sulle vicende del proprio passato (ma che può riguardare anche il presente ed il futuro) e nella quale il narratore e il protagonista coincidono. E’ una costruzione longitudinale del sé che tiene conto delle trasformazioni identitarie verificatesi nel tempo. Tutto ciò in un’autobiografia viene descritto da sé; il soggetto narrante diventa il personaggio del suo racconto, il protagonista definisce i confini della propria storia. Il mondo della migrazione, così come l’alterità esotica, è sempre stato descritto da chi intendeva prendere la parola per capire meglio, per indagare fenomeni e per comprendere le culture. I protagonisti, i soggetti sottoposti all’analisi, hanno difficilmente avuto la possibilità di descriversi da sé. La proposta dialogica consiste nel rovesciamento di questa prospettiva: il dialogo include l’osservatore, lo fa diventare uno dei soggetti presenti nel contesto. L’altro ha il diritto di definirsi, il diritto all’autobiografia.

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    M@gm@ ISSN 1721-9809
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