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Art versus Société : consciences planétaires / Sous la direction d'Hervé Fischer / Vol.19 N.1 2021

Une artiste iranienne au Québec : entretien avec Hervé Fischer

Leila Zelli

magma@analisiqualitativa.com

Née à Téhéran, Iran, en 1981, Leila Zelli vit et travaille maintenant à Montréal, Canada. Elle s’intéresse aux rapports que l’on entretient avec l’idée « d’autres » et « d’ailleurs » et plus spécifiquement au sein de cette espace géopolitique souvent désigné par le terme discutable de « Moyen-Orient ». Elle crée des installations in situ fruit d’une réactivation artistique d’images et de vidéos souvent glanés sur internet et les réseaux sociaux. En résultent des expériences visuelles et sonores qui suscitent un moment de réflexion sur l'état du monde, sur le rapport à l’Autre et sur la portée effective de nos gestes sur l’humanité. Sa maîtrise (2020), dirigée par Anne-Marie Ninacs et intitulée Hors-champ : défier la subjectivité du regard sur les conflits armés au Moyen-Orient par la mise en installation d’images issues des médias sociaux (UQAM) vise à mettre en question la construction des identités moyen-orientales en ouvrant à la réinterprétation les images médiatiques qui les représentent.

 

Abstract

Leila Zelli questionne la construction des identités moyen-orientales en réinterprétant ses images médiatiques. Elle s’interroge sur l’idée de « Moyen-Orient », sur les identités culturelles que véhiculent les médias, sur nos imaginations et représentations collectives de « l’Autre », spécifiquement des gens vivant en 2017–2018 dans les zones de conflits générés par le groupe armé État islamique. Par un travail de recadrage et d’installation de bandes vidéo issues des grands médias et diffusées sur les réseaux sociaux, Leila Zelli opte pour une approche visuelle décalée par rapport aux stratégies habituelles de représentation de l’Autre de manière à forcer l’attention sur des instantanés de vie et des « hors-champs », qui révèlent ses stéréotypes et les a priori que nous projetons sur ce qui nous est loin, hors de vue et étranger. Cette posture artistique est politique. Se basant sur une mise en contexte détaillée d’une expérience personnelle d’altérité́ et de résilience, elle appelle ouvertement à la considération de la singularité́ de chaque vie humaine.

 

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Le chant des oiseaux (still image).
Leila Zelli, Le chant des oiseaux, 2019, vidéo d’animation, couleur, 12 min,
Musée des beaux-arts de Montréal, achat, fonds Marie Solange Apollon
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Hervé Fischer – Vous êtes née en Iran après la révolution islamique de 1979. Vous y avez vécu 22 ans avant d’émigrer au Québec. Pouvez-vous nous parler de votre formation artistique en Iran ?

 

Leila Zelli – J’ai fait mes études collégiales et universitaires en arts visuels dans une perspective classique de l’art où l’importance est de connaitre et d’appliquer dans sa pratique les principes techniques de base ; la composition, la lumière, la couleur, le cadre, etc. sans réellement adopter un discours en dehors de l’aspect formel et esthétique de l’œuvre. Aujourd’hui je comprends que cette vision est le fruit du manque de la liberté d’expression qui règne en Iran depuis la Révolution islamique de 1979.

 

C’est en arrivant au Canada, que j’ai commencé à comprendre que l’art pouvait aussi critiquer, questionner, susciter, combattre des concepts et en créer d’autres, etc. À l’université d’art en Iran, on étudiait surtout l’aspect esthétique de l’art. On nous enseignait certes l’histoire de l’art, y compris celui d’art occidental, mais sans nous faire voir les œuvres dans leur intégralité ; ils étaient souvent censurés. L’un de mes professeurs qui nous montrait, entre autres, les œuvres des artistes comme Robert Mapplethorpe ou Diane Arbus en cachette a été renvoyé.

 

Ça fait donc 43 ans que d’être une artiste libre en Iran est une mission impossible. Nous sommes confrontés à la censure qui nous amène à l’autocensure et de la peur d’offusquer, de quelconque façon, les lois établis par les dirigeants de ce pays ayant des croyances fanatiques et radicales. Nous sommes face à une constante contrainte sur notre culture, vision du monde et même des choses simples et élémentaires de la vie. En arrivant à Montréal, je ne parlais ni français ni anglais, ce qui me limitait beaucoup, sans compter une nouvelle différence culturelle, cette fois non plus avec la culture islamique enseignée à l’école et imposée dans la vie sociale des Iraniens, mais avec les médias occidentaux et leur impact sur l’imaginaire des gens. Ce fut tout un apprentissage personnel pour comprendre que les préjugés que je remarqués sans cesse avaient racine dans l’ignorance et de méconnaissance de l’autre et que ceci a une origine politique. Donc, aujourd’hui à travers ma pratique artistique j’interroge comment les gens de cette zone pour les fins politiques appelée « Le Moyen-Orient » sont vus, construits, imaginés et présentés à travers les cadres qui les représentent en tentant d’y introduire des décalages et des paradoxes, ou des petits interstices de bonheur personnel qui surprennent et peuvent attirer l’attention sur des singularités des vies. Je questionne donc le cadre de l’image, mais aussi le cadre mental issu des valeurs, des croyances, des préjugés et des angles morts de la pensée.

 

Ce qu’on appelle encore, plus de 100 ans après la création de ce concept « le Moyen-Orient » est en fait un ensemble d’identités et de cultures très diversifiées que des empires historiques ; la France, la Grande-Bretagne et l’Amérique, l’ont appelé ainsi par rapport à leur propre emplacement géographique sur Terre, à l’époque colonial et dans le but exprès d’homogénéiser cette région pour mieux gérer. Depuis les Occidents identifient cette zone à une violence persistante, par rapport à laquelle on ne peut rien. Les politiques externes et internes souvent conflictuelles ne favorisent pas non plus la compréhension que nous avons envers ces peuples et leurs cultures constituants les premières civilisations du monde. Aujourd’hui, mon défi artistique est de me tenir dans un juste milieu dynamique entre vouloir comprendre comment on en est arrivé là historiquement et politiquement, et travailler la situation actuelle sur un plan individuel très concret. C’est au creux des images médiatiques, que je cherche à m’exprimer, dans des petits décalages, en y introduisant des petits éclats personnels, des insertions, un néon qui clignote, une main qui prend soin des rosiers, des signaux singuliers, des moments de vie dans les environnements détruits. Car je crois à la résilience individuelle pour trouver de petits moments de bonheur que ça soit aux Orients ou aux Occidents.

 

Hervé Fischer – Comment décrivez-vous aujourd’hui votre identité personnelle ?

 

Leila Zelli – Je suis devenue une femme de nulle-part et de partout. Et je me sens privilégiée d’être une artiste dont le travail soit reconnu. Car c’est ce qui me donne l’espoir que l’art a un impact et peut changer le regard qu’on porte envers l’autre donc de changer le monde. Je ne veux évidement imposer aucun message à travers mon art, même celui que je croirais le meilleur, le plus vrai, car j’ai moi-même subi la contrainte d’un discours imposé qui venait d’une éducation religieuse à l’école, souffert des catégorisations que je vois aujourd’hui ici au Québec et qui je pense profondément nous limitent dans nos rapports humains. Pour ces raisons, j’essaie simplement de positionner mon regard, mes intentions et mes réflexions dans une zone critique, constructive et imaginative sans intensifier ni diminuer l’importance des enjeux géopolitiques et humains réels, sans non plus ajouter au sentiment identitaire Soi/Autre ou homogénéiser les différences. Par l’interprétation des images critiques que je propose je souhaite questionner, déstabiliser l’idée des identités collectives qui nous enferment et montrer que chacune, chacun peut s’en échapper et y découvrir, y construire un petit espace de liberté pour imaginer autrement. Comme Stuart Hall, le grand sociologue jamaïcain, je crois moi aussi à cette dimension hybride et toujours en mouvement de mon identité personnelle.

 

Hervé Fischer - Dans une œuvre vidéo intitulée Pourquoi devrais-je m’arrêter ? conçue spécifiquement pour l’exposition Quelque part, autrement en 2020 à la Galerie de l’Université du Québec à Montréal, vous avez rendu hommage à la force et à la résilience d’un groupe de femmes iraniennes.

 

Leila Zelli – Toute ma vie je pensais que le Vaezesh-e Bâstâni, le sport antique et national de l’Iran, était réservé aux hommes jusqu’à ce que j’aie découvert récemment dans les nouvelles et grâce aux réseaux-sociaux qu’il y avait des femmes qui le pratiquaient. Ce qui a d’ailleurs crée de l’opposition de la part du gouvernement, mais aussi d’une grande majorité des hommes pratiquant ce sport. Pour revendiquer leur droit, nombreuses se sont tournées vers les médias sociaux pour y diffuser des images d’elles-mêmes en train de pratiquer ce sport. J’ai rassemblé dans un montage vidéographique des vidéos extraites d’un compte Instagram consacré à cette cause : on voit ainsi des extraits de vidéo de femmes de tous âges filmées en train de pratiquer cet exercice traditionnel à l’extérieur ou chez elles, que j’ai fait tourner en boucle afin d’accentuer le courage et la ténacité de ces athlètes face à l’adversité, tandis que je lis en persan le poème Il n'y a que la voix qui reste, de Forough Farrokhzad, pour ancrer mon propos dans une perspective poétique et historique. La présence de plusieurs jeunes filles laisse clairement entendre que les luttes des femmes en Iran vont se poursuivre, qu’elles ne sont pas près de s’arrêter. Enfin, tel un écho à la démarche militante de ces femmes, je me suis filmée moi-même, pieds nus et en pantalon traditionnel, en train de marcher en rond d’un pas affirmé dans un petit espace diagonal qui me rappelle la forme de zoorkhaneh (un gymnase traditionnel), trouvée dans un parc voisin de chez moi à Montréal. Cercle vicieux, obstination, résistance. Pourquoi devrais-je m’arrêter ? Le titre est clair. Cette œuvre est un appel à la résilience qui résonne d’autant plus fort actuellement.

 

Hervé Fischer – Dans votre Mémoire de maîtrise à l’UQAM, intitulé significativement Hors-champ : défier la subjectivité du regard sur les conflits armés au Moyen-Orient par la mise en installation d’images issues des médias sociaux, vous écrivez : «  C’est avec le désir de connaître la responsabilité sociale de l’artiste et de vérifier s’il était possible qu’une image change le monde que j’ai commencé la maîtrise en arts visuels et médiatiques à l’UQÀM en 2016. À force d’y réfléchir, j’en suis arrivée à comprendre qu’il faut d’abord spécifier de quel monde on parle. Mes réflexions s’arrêtaient au départ à ma propre vision des choses. Je me suis par la suite ouverte, petit à petit, à la vision des autres. Grâce à une posture d’artiste-observatrice, j’ai commencé à porter plus d’attention aux conversations des gens de mon entourage, à mieux percevoir les habitudes, à entendre les jugements, à saisir les relations et à attraper les moindres actions, gestes et regards. À l’université, j’avais un statut d’« Autre » ; j’étais, par mon origine iranienne, toujours celle qui venait d’ailleurs. La sensibilité que cette projection répétée a cultivé chez moi m’a éventuellement encouragée à examiner ce qu’on connaît de l’Autre et surtout comment on le connaît. J’ai voulu savoir de quelle manière Il, Elle a été vu, imaginé et construit à travers l’histoire, les images et les cadres conceptuels qui Le, La représentent souvent bien au-delà de son existence individuelle. En réalisant un travail artistique qui s’est vite engagé à interroger notre rapport avec le monde et spécifiquement notre position face aux images médiatiques des conflits armés au Moyen-Orient, j’ai reformulé ma question de départ et me suis demandé, me définissant de plus en plus comme artiste-citoyenne, ce que je pouvais apporter comme réflexion visuelle sur l’état du monde qui y changerait quelque chose. Comment mon travail d’installation numérique pourrait-il mettre physiquement en question « ce qui ne va pas » à propos du regard porté sur l’Autre ? Comment me permettrait-il de faire apparaître la limitation des points de vue ? » Je crois que cela dit clairement votre engagement et rejoint ma préoccupation de développer avec l’art sociologique une « esthétique interrogative » et en parlant de la nécessité, mis aussi des difficultés de notre nouvelle « condition planétaire ».

 

Leila Zelli – Je fais partie des « gens venus d’ailleurs », des « Autres ». Cela m’a beaucoup incitée à me poser des questions sur cette idée si inscrite dans le monde d’aujourd’hui des « identités » et de ce que nous partageons avec les « autres », ou de ce qui nous est culturellement spécifié ou collé. Comme je le dis dans mon Mémoire, mes questions ont été très fortement déclenchées aussi lors d’une conférence que donnait Thomas Hirschhorn à l’UQÀM, en 2014, dans le cadre de La Biennale de Montréal. Présentant son œuvre Touching Reality, l’artiste avait longuement commenté notre relation sensible/insensible aux images de corps humains détruits. Pendant la période de questions, j’ai été saisie par le commentaire d’un auditeur qui pensait qu’il serait davantage touché par ces images si les fragments corporels appartenaient à des victimes « plus proches » de lui auxquelles il pourrait s’identifier, c’est-à-dire à des victimes occidentales et non moyen-orientales, comprenait-on. Pourtant, absolument rien dans la vidéo d’Hirschhorn ne nous indiquait la provenance des images. Seul le sol sablonneux sur lequel étaient souvent posés les corps et, parfois, la couleur basanée de la peau permettaient d’imaginer qu’il pouvait s’agir de cadavres photographiés quelque part dans les Orients. Depuis cet événement, j’ai développé un vif intérêt pour les écarts qu’installent dans nos relations humaines réelles les connotations culturelles auxquelles nous sommes exposés.es. J’essaie de détecter les signes iconographiques subtils de cette altérité : ce qui fait que d’un Soi et d’un ici, on perçoit qu’il y a de l’Autre et du là-bas. Mon objectif est de déjouer ces perceptions réflexes issues de la représentation populaire et politique des collectivités afin d’en révéler la construction et, idéalement, de contribuer à diminuer la distance qui, plus que jamais au XXIe siècle, divise les Orients et les Occidents.

 

Dans ma pratique artistique, je veux rendre perceptible ce qui nous est caché de l’identité de l’Autre par les cadres médiatiques convenus qui le représentent. Je regarde donc beaucoup de vidéos rendues disponibles par les grands médias, puis je commence le travail en sélectionnant dans ces bandes de simples moments de vie familiers à tout être humain, qu’il soit oriental, occidental ou d’une autre partie du monde. Par ces moments de vie qui unissent – s’ébrouer dans l’eau, jouer au ballon avec ses amis, semer une plante, prendre soins des rosiers –, j'essaie d’abord de créer une impression de connu, voire de déjà vu, puis de faire basculer cette expérience sensorielle intime en expérience de l’Autre. J’y arrive en révélant, dans un deuxième temps seulement, une partie de la réalité des protagonistes qui était cachée au spectateur : les enfants se baignent non dans une piscine bleue mais dans un trou creusé la veille par une bombe, les fillettes tenant une partie de soccer dans un camp de réfugiés transgressent un interdit religieux, des réfugiés sèment des plantes pour se faire du camp un chez soi, ceux qui sont restés dépoussièrent les roses alourdies par les éclats des déflagrations. Par-là, je veux montrer que les personnes vivant dans les zones conflictuelles des Orients sont d’abord et avant tout humaines, et qu’en dépit des situations dévastatrices et dégradantes qu’elles doivent traverser ces jours-ci afin d’assurer leur survie, elles ne sont pas prédestinées à la misère. Dans la plupart des cas au contraire, ces individus cherchent comme les Québécois, les Canadiens et les Occidentaux, à vivre heureux, à se réaliser et à surmonter au mieux de leurs capacités leurs difficultés. Toute allusion à l’ignorance, à la pauvreté, aux conditions rudimentaires et ainsi à la barbarie fondamentale des populations des Orients relève d’un jugement de culture et de classe tout à fait caractéristique de la désinformation orientaliste qui a encore cours quotidiennement dans les conversations et les médias des Occidents. En ce sens, mon engagement d’artiste est à coup sûr politique et planétaire, mais sous une forme interrogative, comme vous l’avez mentionné.

 

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Terrain de jeux (vue de l’exposition).
Exposition Leila Zelli : Terrain de jeux, 2019, Galerie de l’UQÀM, Montréal, 11 janvier au 23 février.
Crédit photo : Galerie de l’UQÀM
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Terrain de jeux (vue de l’exposition).
Exposition Leila Zelli : Terrain de jeux, 2019, Galerie de l’UQÀM, Montréal, 11 janvier au 23 février.
Crédit photo : Galerie de l’UQÀM
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Terrain de jeux (vue de l’exposition).
Exposition Leila Zelli : Terrain de jeux, 2019, Galerie de l’UQÀM, Montréal, 11 janvier au 23 février.
Crédit photo : Galerie de l’UQÀM
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Le chant des oiseaux (still image).
Leila Zelli, Le chant des oiseaux, 2019, vidéo d’animation, couleur, 12 min,
Musée des beaux-arts de Montréal, achat, fonds Marie Solange Apollon
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Le chant des oiseaux (still image).
Leila Zelli, Le chant des oiseaux, 2019, vidéo d’animation, couleur, 12 min,
Musée des beaux-arts de Montréal, achat, fonds Marie Solange Apollon
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Le chant des oiseaux (still image).
Leila Zelli, Le chant des oiseaux, 2019, vidéo d’animation, couleur, 12 min,
Musée des beaux-arts de Montréal, achat, fonds Marie Solange Apollon
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Le chant des oiseaux (still image).
Leila Zelli, Le chant des oiseaux, 2019, vidéo d’animation, couleur, 12 min,
Musée des beaux-arts de Montréal, achat, fonds Marie Solange Apollon
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Pourquoi devrais-je m’arrêter ? (still image).
Leila Zelli, Pourquoi devrais-je m’arrêter ?,  2020, vidéos, couleur, son, textes
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Pourquoi devrais-je m’arrêter ? (still image).
Leila Zelli, Pourquoi devrais-je m’arrêter ?,  2020, vidéos, couleur, son, textes
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* Cette œuvre été recemment acquise par la Musée d’art contemporain de Montréal.

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