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  • Le mythe de la maîtrise du risque dans les sociétés modernes
    Jawad Mejjad (sous la direction de)

    M@gm@ vol.13 n.2 Mai-Août 2015





    LA FIN DU RISQUE ZÉRO : DU HOMEGROWN JIHADISM AU TERRORISME DU LOUP SOLITAIRE

    Rémi Baudouï

    remi.baudoui@unige.ch
    Professeur ordinaire au département de Science politique et Relations internationales de l’Université de Genève.

    Frédéric Esposito

    frederic.esposito@unige.ch
    Directeur de l’Observatoire universitaire de la sécurité au Global Studies Institute de l’Université de Genève.

    Introduction

    Le risque zéro représente un moment historique particulier dans la conceptualisation de la socio-politique du risque. Son application repose au début des années 1980 sur l’hypothèse de la possibilité de progresser dans le domaine de l’anticipation et de la gestion sécuritaire des crises potentielles au point de pouvoir prémunir les populations contre toute forme de menace. Il fut employé dans les domaines de la protection civile et de la sécurité militaire. Comme élément de gouvernance politique, il réfutait l’idée selon laquelle le risque existe en préalable comme catégorie d’acceptabilité collective de la menace (Beck, 2001, pp.27-28).

    Du milieu des années 1980 jusqu’à la fin des années 1990, des crises majeures remettent en cause la viabilité du risque zéro : implosion de la centrale de Tchernobyl en 1986,  explosion AZF de Toulouse en 2001, canicule de 2003, tsunami de 2004 et tempête Xynthia de 2010 (Lagadec, 2002, pp.5-10)… Dans le champ du terrorisme, les attentats du 11 septembre 2001 signifient sa fin. Le biais d’optimisme que générait pour la société civile une violence – de type Bande à Baader ou Brigades Rouges – prenant pour cible les représentants de l’État, vole en éclat devant une menace pouvant atteindre celui qui passe au mauvais endroit et au mauvais moment. Al-Qaïda proclame qu’il n’existe pas de victimes innocentes (Baudouï, 2007, p.80).

    A  son opposé, le homegrown jihadism [1]jihadisme de l’intérieur – décrit une menace située au cœur de l’Occident. Il mobilise l’image du lone wolf  – loup solitaire – forgée par les suprémacistes blancs de San Diego à la fin des années 1980 et appropriée par le FBI dans sa lutte anti-terroriste (Le Bec, 2014, s.p .). Elle accrédite l’hypothèse du passage à l’acte d’individus isolés sur le plan intellectuel et sociétal qui ne doit rien à l’appartenance à un groupe et au franchissement d’étapes graduées du parcours du combattant international. Face à la perception d’une menace diffuse et récurrente, la demande sociétale est aujourd’hui celle d’une sécurité nationale fondée sur le risque zéro. L’écart existant entre représentations collectives et savoir expert en matière de nouvelle forme de terrorisme est à l’origine de malentendus et polémiques concernant les mesures à prendre pour le déjouer. Si l’action publique de sécurité exige la mise en œuvre d’un référentiel global – soit un cadre de médiation sociale entre société et acteurs – comment peut-on faire pour dépasser l’imaginaire du lone wolf pour résoudre l’ambivalence entre la sensation d’une menace indétectable et les nécessités de la qualifier ? Quels pourraient être les imaginaires mobilisables qui relèveraient de la construction du nouveau référentiel de la politique anti terroriste ?

    I. Le homegrown jihadism et la construction sociale et politique du loup solitaire

    Après le 11 septembre 2001, un nouveau vocable fait jour dans la somme des définitions de la terreur. Aux États-Unis, on parle de homegrown terrorism, au Canada de terrorisme domestique et au Royaume-Uni de domestic terrorism, enfin en France de terrorisme de l’intérieur. Ces définitions recouvrent une seule et même idée ; le passage à l’acte à l’intérieur des États-nations de ressortissants ne possédant pas de liens visibles avec les revendications les animant. Aux États-Unis, ce mot rassemble sous la même appellation un terrorisme extrémiste laïc  groupusculaire d’extrême gauche et d’extrême droite. Dans l’imaginaire collectif, il se réfère à la fois à l’assassinat du Président Kennedy par Lee Harvey Oswald qu’aux attentats de Theodore Kaczynski – Unabomber – et à celui d’Oklahoma City de Timothy McVeigh.

    L’association instituée entre violence et islamisme a engagé la déclinaison du homegrown terrorism en homegrown jihadism. Des dimensions inédites sont mises en évidence. La menace ne résiderait plus seulement dans une approche globale mettant en jeu des réseaux transnationaux de l’Islam radical. Elle s’innerverait au niveau local selon des logiques inédites. Les acteurs résideraient sur place et ne proviendraient pas directement du Proche-Orient. L’adhésion à une cause violente ne s’explique pas par des facteurs culturels et sociaux. En 2001 le citoyen britannique Richard Reid est arrêté pour sa tentative de faire exploser ses chaussures sur le vol Paris-Miami. L’année suivante, sont arrêtés José Padilla citoyen américain de Brooklyn après un séjour en Afghanistan dans les rangs d’Al-Qaïda et  six  américains d’origine yéménites suspectés de programmer un attentat aux États-Unis dans un contexte identique (Lackawanna Six). En matière de homegrown jihadism, la RAND Corporation observe qu’entre le 11 septembre 2001 et la fin 2009, 46 tentatives de passage à l’acte ont été déjouées sur le sol américain (Jenkins, 2010, p.III). Dès 2003, le directeur du FBI témoigne qu’il existe désormais une augmentation de la menace liée aux « agissements d’individus isolés, sympathisants ou affiliés à Al-Qaïda ne bénéficiant pas de soutien externe » (Spaaji, 2007, p. 4). Les conditions sont réunies pour que la synonymie s’impose dans les médias entre homegrown jihadism et loup solitaire.

    Deux attentats explicitent le cheminement rapide de ce vocabulaire en direction de l’Europe. L’explosion en série de dix bombes dans quatre trains de la banlieue de Madrid le 11 mars 2004, bien qu’elle témoigne d’une organisation planifiée d’envergure, révèle la bonne intégration de certains combattants dans la société espagnole. Le 7 juillet 2005, les quatre explosions programmées dans les transports londoniens par quatre jeunes citoyens britanniques de confession musulmane issus de pays du nouveau Commonwealth propagent une onde de choc sur la validité de son modèle multiculturaliste et la viabilité de son « Londonistan » défini comme pourvoyeur du nouveau terrorisme. L’expression lone wolfes islamist terrorists est consacrée. Dès 2007, Ramón Spaaij promeut sur la scène scientifique européenne le concept de lone wolf terrorism. Il recouvre, selon lui, des réalités idéologiques plurielles. Il serait à la fois l’apanage du mouvement anarchiste au XIXème siècle, des leaders d’extrême-droite tels Louis Beam partisan au début des années 1980 du passage à l’action individuelle sans recours à la moindre structure collective (Leaderness resistance) mais aussi encore plus près de nous du salafisme d’Abu Musab Al-Suri. Son programme de Résistance islamique globale est défini d’izam la tanzim – soit un système et non une organisation –.  Il est considéré de ce point de vue comme un théoricien et stratège de premier plan dans la mise en œuvre active de la mobilisation des loups solitaires contre les démocraties occidentales.

    Selon Ramón Spaaij la définition du lone wolf terrorism recouvre les dimensions suivantes. L’individu agit seul (Spaaji, 2011, pp.23-25). Il n’appartient à aucune organisation identifiée en tant que telle. Il définit les modi operandi sans la moindre instruction supérieure et extérieure. Il ne doute pas en matière de convictions politiques religieuses. Il peut produire sa propre planification de la terreur en leurrant son entourage sur ses projets. Cette nomenclature offre à Ramón Spaaij les moyens de produire sa propre généalogie du loup solitaire. Ainsi par les complicités dont il a bénéficié, l’attentat de Timothy McVeigh pourtant considéré communément comme central dans l’opinion publique, ne relèverait pas selon lui de cette catégorie. Même s’il s’interdit de parler de nouveau phénomène, Ramón Spaaij n’en produit pas moins un processus d’objectivisation scientifique de cette notion qui tend à devenir communément la catégorie dominante de la violence politique d’aujourd’hui. Il est suivi dans cette voie par Raffaello Pantucci qui élabore, sa propre typologie du lone islamist terrorist (Pantucci, 2011).

    L’augmentation continue des actes de violence promus par des individus d’apparence isolés socialement et coupés de toute relation directe avec des mouvements internationaux explique aux États-Unis la fortune de la théorie du loup solitaire dans le domaine de la lutte anti terrorisme. Dès février 2010 les directeurs du FBI et de la CIA rappellent devant le Congrès américain que le terrorisme du loup solitaire est en passe de devenir une préoccupation majeure de la sécurité américaine. Dans son interview à CBS en date du 17 août 2011 le Président Obama proclame que « la plus grande menace du moment réside dans l’attaque terroriste potentielle de type loup solitaire d’un simple individu, semblable à ce qui s’est récemment passé en Norvège.  Lorsque vous avez une personne qui est dérangée ou animée par une idéologie de la haine, elle peut faire beaucoup de dégâts ; il est beaucoup plus difficile de pister ces loups solitaires » (Barak Obama, 17 août 2011).

    Le déploiement d’actes terroristes individuels et leur qualification en loup solitaire relève d’un construit culturel et politique. Le cas français fait en ce domaine figure de contre-exemple. Le terrorisme de l’intérieur est une réalité connue pour un pays éprouvé sur son sol par les luttes de la décolonisation. Cette forme de violence resurgit au début des années 1990 avec l’effacement progressif d’un terrorisme laïc et nationaliste lié à l’émergence sur la scène onusienne de l’OLP soucieuse de respectabilité. L’engagement dans la lutte armée de Khaled Kelkal en 1995 est celle d’une jeune franco-algérien issu de l’immigration qui au nom de sa proximité avec le Groupe Islamique Armé (GIA) milite pour un État islamique. Le gang de Roubaix dont les membres sont des nationaux ont combattu de 1994 à 1995 en Bosnie durant la guerre de Yougoslavie. Deux d’entre eux, Christophe Caze et Lionel Dumont sont français de souche convertis à l’Islam qui basculent dans les actions violentes sur le territoire national aussi bien pour financer leurs causes, échapper à la police mais aussi par représailles se venger d’elle – attentat manqué à la voiture piégée près du commissariat central de Lille en 1996. Avec plus de dix-sept ans d’écart, les engagements de Khaled Kelkal dans la mouvance du GIA et celui du jeune franco-algérien Mohamed Merah en faveur d’Al-Qaïda présentent d’importantes similitudes (Dietmar, Le Monde, 7 octobre 1995). Elles militent pour interpréter la lutte islamique moins comme la marque d’une génération spontanée de jihadistes que comme le produit d’un processus gradué de maturation pouvant recouvrir à la fois les échecs cumulés de l’école, l’intégration culturelle et l’accès à l’emploi et la découverte d’un islam mythifié et réifié loin de l’exégèse coranique. Au vu de cette histoire nationale, les autorités publiques contestent la notion de loup solitaire. Juge antiterroriste au Parquet de Paris, Marc Trévidic affirme que « cette notion de loup solitaire était pourtant bien contestable car les loups, en réalité, vivent en meute » (Trévidic, 2013, p.75). L’actuel Premier Manuel Valls a témoigné en tant qu’ancien ministre de l’Intérieur : « Ce ne sont pas des "loups solitaires" contrairement à ce que j’entends ici ou là, parce que agir seul ne signifie pas être isolé. Ce type de terroriste se forme à travers un long parcours souvent, et de rencontres, voyages à l’étranger, camps d’entraînement, relations sur Internet, à travers des mosquées souvent isolées avec des prêcheurs radicaux, la prison » (Valls, dépêche AFP, 24 mai 2013). Pour incarner l’adage selon lequel « on ne naît pas terroriste, on le devient », deux interprétations contenues dans le concept même de loup solitaire doivent être écartées : la solitude présupposée du terroriste isolé et en corollaire l’absence d’infrastructure logistique à l’accomplissement criminel. L’interprétation du loup solitaire est du reste contestée par le chercheur Gilles Kepel qui déclare après l’attentat de Charlie-Hebdo : «La théorie du loup solitaire est une imbécillité. Elle a été mise en place par des pseudo-universitaires et quelques journalistes qui les suivaient, qui ne travaillent pas et qui ne connaissent pas la réalité des textes et de l’action des jihadistes. C’est un pur fantasme, ça n’a jamais existé. Il y a des individus qui agissent éventuellement seuls ou à deux mais ils font partie de réseaux, ils ont été inspirés. Pour ceux qui ont pris la peine de s’intéresser à ce qu’a fait Daech, cette théorie ne tient pas une seconde » (Kepel, Les voix du monde, 10 janvier 2015).

    2. La théorie du loup solitaire et l’exigence sociétale de risque zéro

    Par le sentiment d’insécurité qu’il procure, le homegrown jihadism est porteur d’un nouvel imaginaire qui révèle les peurs sur les limites de notre modernité à comprendre et assumer cette nouvelle menace (Giddens, 1974, pp.131-132). Difficilement compréhensible pour une culture rationaliste, il est de fait l’enjeu de représentations médiatiques largement conformes aux principes des analyses de La Société du spectacle soit la production de représentations et images qui versent du côté de « l’irréalisme de la société réelle » (Debord, 1971, p.10). A la divergence des interprétations institutionnelles opposées de part et d’autre de l’Atlantique, médias anglo-saxons et français manifestent leur convergence sur la réalité du loup solitaire.

    Le loup fait partie des grandes mythologies des civilisations passées. L’imaginaire de référence culturelle est le plus souvent celui d’un danger avéré pour les humains les plus faibles comme, en témoignent, depuis la nuit des temps les mythes historiques et légendes populaires du loup prédateur et roué tel celui du Petit Chaperon Rouge au Moyen Age. L’imaginaire populaire du loup solitaire est aussi celui de la lycanthropie soit la transformation d’un humain en loup-garou qui lui octroie les pouvoirs maléfiques de pouvoir tuer durant la nuit. Tel fut à  cet égard l’argument populaire avancé pour expliquer au XVIIIème siècle les meurtres de la bête du Gévaudan. Dans les années 1980, le Loup Solitaire est le titre d’une saga de science-fiction de l’écrivain Joe Dever dont le succès ne se dément pas jusqu’à aujourd’hui.  Néanmoins, les représentations du loup solitaire se sont nourries de l’observation in situ des règles éprouvées de gestion des rapports de force des loups pour maintenir l’union dans la meute. Le loup solitaire est un jeune mâle – le plus généralement entre 10 et 36 mois – qui quitte la meute, soit pour avoir perdu le combat dans le cas d’un conflit avec un autre loup, soit parce qu’il a été rejeté, soit qu’il souhaite fonder sa propre famille ou encore parce qu’il ambitionne de fédérer autour de lui une nouvelle meute. Le loup solitaire réfugié dans une tanière protectrice en marge de ses congénères est aguerri à la solitude et à l’autosubsistance comme modalités de son autonomie d’action et de sa propre sécurité.

    Les imaginaires sociaux de ce danger pour l’homme que relativise pourtant l’éthologie animale explicitent sa fortune médiatique.  Il colle parfaitement à l’ethos de la peur et de l’angoisse du homegrown jihadism. Au-delà de la consécration de l’individu isolé au sein de la société, il véhicule l’image d’une intentionnalité plus ou moins réfléchie permettant de cibler des lieux propices à l’action et des personnes à atteindre. Il pose une logique de calcul de coûts-bénéfices dans l’abjection, permettant à chacun de s’identifier aux victimes tombées à terre. Le mi-chemin entre rationalité et irrationalité déconcerte. Il accentue la dramaturgie et décline d’autres explications éventuelles. Une des variantes possibles de cette représentation est celle de l’irrationalité absolue que caractérise le coût de folie de l’acte de l’être déséquilibré.  En ce domaine, imaginaire et représentations savantes peuvent aussi converger. En ce sens, Ramón Spaaij réactualise les thèses du psychiatre Friedrich Hacker sur les causes psychologiques de la violence terroriste (Hacker, 1976). La différence entre loups solitaires et « fous solitaires » est instaurée sur la base que les seconds déploieraient un comportement idiosyncratique et égocentrique (Spaaij, 2011, p. 20). En matière d’insécurité, le fou solitaire incarne le plus grand des dangers tant son comportement semble dès lors indécelable et imprévisible.

    Dans les médias, la construction du loup solitaire relève le plus souvent d’une explication a posteriori. Ce n’est qu’après un attentat sanglant, que la presse hurle au loup solitaire. Le système d’élaboration est souvent le même comme en atteste de part et d’autre de l’Atlantique, le traitement des attentats de Toulouse et Boston. Au cœur de l’événement les médias se représentent Merah et les frères Tsarnaev sous la forme de loups solitaires n’ayant disposé d’aucun appui logistique. Ils sont décrits comme sortis de nulle part, sans antécédent fâcheux et animés par la seule haine personnelle et obsessionnelle de type démentielle. Le sensationnel et l’émotionnel prennent le dessus en interdisant toute recherche d’une explication complexe qui pourrait porter sur la question des complicités actives et passives dans la mise en œuvre logistique de l’opération. A décharge toutefois des journalistes, les experts médiatiques, les premiers le plus souvent sollicités sur la scène criminelle infirment rarement l’analyse des premiers. Pour toutes ces raisons, il semble pour le moins malaisé dans l’émotion d’une tragédie humaine de faire la part des choses entre fantasmes et réalités.

    La dramaturgie médiatique joue et abuse de l’allégorie animale et de son éthologie. D’autres variantes de la menace sont mobilisables. Et si le loup solitaire n’était en réalité qu’une hyène ? La déqualification du loup solitaire en hyène accentue la dimension cynique et cruelle de la violence terroriste. Depuis 2010 fait également jour en substitut à l’image du loup, celle du chien errant – stray dog –. Et si le loup solitaire parvenait à reconstituer un petit groupe – lone wolf pack – avant même la construction de la meute sous son autorité ? – wolf pack –. Il s’agit là d’un paradoxe intéressant sur les limites mêmes du raisonnement. Bien qu’il s’éloigne de ses congénères, le loup solitaire pourrait s’ériger en chef de bande pour commettre ses méfaits. La peur d’une menace individuelle rejoint celle d’un danger plus collectif. Une menace encore plus grande pourrait se déployer. Elle porterait sur la constitution d’une armée de loups solitaires unis paradoxalement par les seuls objectifs convergents de leur combat. Dans cette hypothèse, risques individuels et collectifs se mutualiseraient.

    A leurs corps défendant, les analyses des acteurs publics peuvent aussi pleinement participer à la surenchère anxiogène des représentations médiatiques existantes. Le « terrorisme en libre accès » expression du ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve déployée dans le cadre de l’agression de trois militaires à Nice en février 2015 ou « le terrorisme à bas coût » selon Michel Sapin ministre des Finances (Sapin, 2015, p.3), en véhiculant l’idée selon laquelle il est possible à chacun de produire facilement son propre arsenal de destruction, renforce l’imaginaire du loup solitaire dans la multiplicité de ses composantes. La figure du terrorisme islamiste au même titre que la délinquance urbaine nourrit aujourd’hui un sentiment diffus d’insécurité. L’assimilation entre terrorisme et jeunes de banlieues est un cliché largement mobilisé. La vision actuarielle demeure néanmoins celle de groupes à risques et non des individus dont il faut limiter l’autonomie d’action et maximaliser la surveillance. C’est dans ce cadre complexe de perception d’une menace  éprouvée mais diffuse que se déploie l’exigence commune d’atteindre le risque zéro. Dans ce contexte précis, chaque nouvel attentat est vécu moins comme une impossibilité d’atteindre cet objectif que comme la preuve de la faillite des systèmes de la lutte anti-terroriste. A chaque attentat, les médias s’attellent plus à rechercher les responsabilités de la défaillance de surveillance qu’à porter attention aux contraintes et limites de l’action de renseignement. « Que faire contre les loups solitaires du jihadisme ? » titre Le Courrier international du 10 juillet 2014. La formulation convenue de la question implique derechef  la réponse. Le loup solitaire, en tant que nouvelle réalité, doit être combattu avec des dispositifs sécuritaires innovants. Les nouveaux imaginaires sociaux construits interpellent directement les acteurs de la lutte anti-terroriste et les responsables gouvernementaux. L’insécurité étant devenue depuis une vingtaine d’années un thème sociétal à part entière, le homegrown jihadism se retrouve au cœur des logiques de mobilisation partisane du débat politique national. Sur l’échiquier politique, seul le Front National, au nom de la radicalité de son projet de traitement de l’Islam en France, défend l’idée selon laquelle le risque zéro en matière de terrorisme pourrait facilement être atteint.

    3. Dépasser la théorie du loup solitaire et la recherche du risque zéro par un nouveau référentiel et une nouvelle politique de la fin du risque zéro

    La compréhension objective du homegrown jihadism estfacilitée par les recherches promues au milieu des années 2000 sur les hommes d’Al-Qaïda. Réfutant toute explication d’irrationalité – fanatisme et millénarisme – elles ont mis en évidence les éléments structurants de la mobilisation  individuelle dans la violence radicale : le déploiement d’une culture de « l’oppression » et du sentiment de « victimisation »  sur le plan social, politique et culturel ; le besoin de se socialiser par l’appartenance à une communauté de destin ; l’attrait progressif pour un Islam militant et de combat ; le refus de toute pensée dialectique sur la relation Orient/Occident… Tout acte terroriste ne peut être dénué de rationalité. En effet, le terrorisme contemporain peut être abordé comme un choix rationnel : les coûts d'un attentat sont individualisés, alors que c'est l'ensemble de la communauté qui en profite. Les auteurs de l'attentat génèrent un gain émotionnel et spirituel pour l'ensemble de la communauté en favorisant la médiatisation de l'Islam et en accédant au rang de martyr, lequel fait profiter à leurs familles d’un gain matériel sous la forme d’aide financière.

    Au plan de la mobilisation collective, fait jour l’importance du contexte environnemental accompagnant ces mutations individuelles : densité et rôle des prédicateurs du jihad, prêches des oulémas radicaux, réseaux d’entraide islamiste, disponibilités et ressources financières spécifiques (Thomas, 2005, pp.17-18). La nature des liens sociaux familiaux, amicaux, claniques joue toujours un rôle moteur dans le ralliement au jihad (Sageman, 2004, pp. 200-222). Le homegrown jihadism ne diffère guère des conditions de mobilisation individuelle et collective déjà révélées dans les études sociologiques sur les partisans d’Al-Qaïda. Elles ont préalablement saisi le caractère cosmopolite de sa mobilisation. Surtout, elles ont fait ressortir l’effacement des valeurs nationales et leur remplacement par une composante religieuse : « Il est tout autant difficile d'affirmer que ces terroristes ont agi au nom d'autres musulmans. (…) l'Islam était leur motif par leur motivation. » (Durodié, 2008, pp.299-300). Ces éléments se retrouvent dans la constitution même au début des années 1990 du Londonistan, plaque tournante d’un islamisme radical qui, par la concentration d’intellectuels et prédicateurs islamistes de tous les horizons autour de la mosquée de Finsbury Park à Londres, initie dès 2004 les jeunes au jihadisme international sur la base de la sanction des alliés occidentaux engagés dans la guerre en Irak. Par exemple, les jeunes Pakistanais britanniques de la deuxième et troisième génération font face à une crise identitaire, conséquence du double phénomène socio-économique et éducatif : ils ne se sentent plus vraiment Anglais et leur seul référentiel communautaire est celui d’être musulman. Le sentiment d’appartenance à la communauté musulmane ou à un autre groupe – le gang par exemple – devient la réponse à la quête identitaire et ce dans des proportions d’autant plus fortes, que la perception d’être en marge de la société grandit. Cette situation génère un ressentiment envers la société occidentale et créé le terreau propice à la radicalisation.

    Le passage individuel à l’acte terroriste résulte de tout ou partie d’un ensemble de déterminants causaux qui élaborent dans une logique de dynamique cumulative les éléments d’une rupture absolue avec le monde vécu : accès difficile à un emploi régulier ; relégation sociale, précarité des conditions d’existence – enchaînement des petits boulots qui procure un sentiment d’échec – marginalisation individuelle pouvant conduire à des actes d’incivilité puis de délits de droit commun, conversion à l’Islam radical hors ou dans les prisons de la République – born again –, reconnaissance de la bande comme groupe effectif de la socialisation... Les phénomènes d’acculturation pour leur part liés à l’appartenance familiale à une culture en voie d’abandon mais mythifiée et à la réalité d’une culture occidentale hors d’atteinte sur le plan de l’insertion constituent un des caractères les plus emblématiques de la perte du sens commun des apprentis jihadistes. Ces analyses permettent de comprendre l’initiation que révèle la tentation de l’engagement international sur un théâtre militaire pour soutenir les moudjahidines locaux dans la guerre sainte. Les témoignages des acteurs mêmes sont significatifs.

    D’une certaine manière, les attentats du 11 septembre ont réussi à canaliser puis à fédérer une nouvelle génération de jihadistes dont les parcours n’ont en commun que le rejet d’un modèle sociétal occidental. Mais ce terreau fertile pour la propagation du jihad global se développe en dehors d’un cadre organisé. En d’autres termes, on observe une individualisation des termes du jihad, marquant une rupture avec la lutte d’avant le 11 septembre : «  En Europe, avant le 11 septembre 2001, les membres des groupes radicaux étaient composés d’adultes liés à l’expérience des guerres d’Afghanistan. Après les attentats du 11 septembre, la participation des jeunes augmente dans les groupes extrémistes. Elle est liée aux interactions existant désormais entre liens familiaux et amitiés. La jeunesse musulmane est  quantitativement importante  dans les pays européens tels que la France, la Belgique, la Hollande et la Grande-Bretagne. Les causes de la radicalisation sont à rechercher à la fois, dans un manque de respect et  de reconnaissance de la société, la crise identitaire, le sentiment de victimisation ou d’infériorité et la compréhension sans discernement de l’Islam » (Dittrich, 2007, pp.56-57). Loin de la théorie médiatique du loup solitaire le homegrown jihadism peut être appréhendé en termes de sociologie des comportements, de processus de radicalisation et de logistique d’actions. L’étude des parcours de ces auteurs révèle bien le décalage structurel existant entre représentations et réalité. Le compte-rendu des discussions entre Merah et son officier traitant de la sécurité témoigne de la logique propre de son parcours de jihadiste l’ayant notamment conduit au Pakistan et en Afghanistan. L’enquête préliminaire sur l’attentat de Boston a mis en évidence le séjour de Tamerlan Tsarnaev  en Tchétchénie et au Daghestan. Dans les faits, le processus de radicalisation se déploie dans une logique d’enchâssement de situations internationales et de contextes locaux permettant de définir un cadre logistique propice au déploiement de la violence. 

    S’il apparaît essentiel de se distancier de l’imaginaire du lone wolf jihadism, pour penser la lutte anti-terroriste, il serait pour le moins illusoire d’attendre son effacement immédiat en tant que représentation. La force d’un mythe réside dans sa résistance à toute rationalité de jugement et à toute expérience de la réalité. Le mythe est à la fois expression du passé, du présent et du futur. Le mythe du loup solitaire ne saurait disparaître. Il subsistera comme construction d’imaginaires sociaux mobilisables selon les circonstances qu’elle que soit la société dans laquelle il se déploie. Son dérivé actuel dans le domaine de l’action violence, à défaut  également de pouvoir rapidement s’effacer en tant que mode d’expression de peurs et fantasmes d’une société devrait néanmoins être confronté à d’autres  interprétations susceptibles de le faire évoluer dans ses contenus. Sans doute, faut-il ici faire retour sur d’autres variantes éprouvées du mythe du loup et de ses comportements éthologiques qui permettraient d’offrir les conditions du déplacement du regard. Rappelons que le loup existe sous la forme socialisée du groupe et de la meute placée sous la responsabilité du chef. L’idée selon laquelle ce prédateur ne demeure pas nécessairement solitaire sa vie durant, fixe par analogie un cadre de perception renouvelé du homegrown jihadism. Le premier niveau est celui d’une historicité processuelle du passage à l’acte qui ne saurait plus s’interpréter comme la décision unique d’un individu dérangé d’esprit. A l’imaginaire de l’illogisme et de l’irrationalité mentale au cœur du questionnement de la presse médiatique est opposable le principe de rationalités limitées de comportements édictés par une adhésion et/ou identification à une lutte exogène. Même s’il n’existe pas nécessairement d’ordres formels de commandement de passage à l’acte en provenance de cellules actives en lien avec les groupes et mouvements radicaux en provenance du Moyen-Orient, l’invitation au passage, même par le canal de sites internet doit être considérée comme une réalité. Elle conditionne les modalités de la lutte et les éléments à détruire : symboles et institutions juives, infrastructures critiques… La tentative récemment déjouée de détruire à Villejuif une ou deux églises chrétiennes prend directement sa source dans la haine et la violence suscitée par les groupes islamistes de Daesch contre les chrétiens d’Orient.

    Le second déductible du point précédent témoigne de l’existence d’un cheminement de radicalisation qui, même s’il peut être extrêmement rapide par l’effet internet  et réseaux sociaux n’en révèle pas moins des modifications substantielles de comportement perceptibles au quotidien tant dans la sphère privée de la famille que dans la sphère publique de l’école, l’université ou le travail. Il existe bien des signes avant-coureurs de la radicalisation même si les apprentis terroristes manifestent le souhait de les limiter pour ne pas attirer sur eux l’attention des services de contre-espionnage. Le troisième porte sur  l’encadrement spirituel qui, après-coup, peut être retracé tout à la fois à partir de l’accès aux sites jihadistes, la rencontre de l’Islam en prison et l’accès à des mosquées aux prêches radicaux. Le quatrième et dernier niveau est celui du déplacement des acteurs de la violence dans un espace social qui leur offre les conditions d’acquérir les moyens logistiques nécessaires au passage à l’acte. Il faut ici faire référence aux appartements pour se cacher, aux armes à acheter, aux véhicules à posséder pour se déplacer en tout anonymat.

    Conclusion

    La prise de conscience du homegrown jihadism est récente. Elle s’inscrit dans la continuité de la découverte du terrorisme globalisé d’Al-Qaïda. Le phénomène n’est pas entièrement nouveau. Certains pays européens déjà touchés par les vagues du terrorisme islamiste l’ont connu dès les années 1990. Il ne fait pas à cette époque l’objet d’une conceptualisation propre. Débutée aux Etats-Unis, elle s’est rapidement déployée sur le continent européen après les attentats de Madrid et de Londres. La construction conceptuelle du homegrown jihadism au milieu des années 2000 s’est dédoublée de celle de loup solitaire. Ces définitions qui relèvent du discours de la radicalisation des musulmans et du basculement dans le terrorisme relève d’un discours idéologique de la peur et s’inscrit dans un ensemble de lieux communs et d’archétypes médiatiques. L’effet de loupe de la presse et des journaux télévisés accrédite dans l’opinion publique l’idée d’un nouveau risque terroriste majeur alors qu’il demeure encore relatif dans l’échelle des menaces potentielles. Les définitions de homegrown jihadism et de loup solitaire demeurent sujettes à caution pour décrire des faits de violence déployés par des cheminements personnels pleinement inscrits dans la société. Dans quelle mesure un voyage de formation ou de combat sur une terre étrangère du jihad global peut-il justifier de l’usage de ce vocabulaire ? La sensibilisation et la formation par internet à partir de sites radicaux a-territorialisés ne témoignerait-elle pas d’un apprentissage international, même indépendamment de l’immobilité physique dans la patrie de sa naissance ?

    Les attentats de Toulouse de 2012 et ceux de Paris de 2015 ont forgé une demande sociétale d’une sécurité nationale absolue légitimant la revendication et l’application du risque zéro. A l’exigence sociétale de maîtrise absolue du nouveau risque terroriste s’oppose le regard des acteurs publics de la lutte anti-terroriste. Dans la commission d’enquête de l’Assemblée Nationale sur la surveillance des filières et des individus jihadistes, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazenave rappelait que « même quand on veut prendre 100% de précaution, le risque zéro n’existe pas ». Dans ce contexte spécifique de la fin du risque zéro en matière terrorisme, c’est aux acteurs publics que revient la responsabilité, moins de tenter vainement de déconstruire  le mythe du loup solitaire que de le faire évoluer en lui permettant de coller à la réalité sociale qu’il est censé décrire. Communiquer et informer se révèle ici nécessaire même si au demeurant dans la question de terrorisme, le secret est toujours au cœur de la culture anti-terroriste et de l’application de la Raison d’État.

    Les questions cruciales sont désormais celles de la gestion et la surveillance de personnes disséminées sur le territoire national ou revenant sur le sol national dont les agissements et considérations religieuses sont difficilement repérables. Néanmoins l’enjeu demeure le même : par une posture de vigilance au quotidien, il s’agit de s’informer et saisir au plus près du terrain, toute information susceptible de repérer et tracer les individus suspects. Dans ce but, les États-Unis ont rapidement renforcé les dispositifs locaux de sécurité tant au plan des dispositifs d’écoute et de surveillance pour les citoyens originaires du Moyen-Orient que dans les analyses d’e-mail et les écoutes des téléphones portables. Le contrôle des communautés suspectes est quant à lui recommandé à partir de l’extension des prérogatives de la coopération policière avec les associations de quartier sur la sécurité – community policing – sur la base même que le policier doit aussi s’occuper du homegrown terrorism L’appropriation par les agences occidentales de renseignement des méthodes anglo-américaines du community policing est une innovation majeure. Elle engage la mutation du concept de surveillance en celui d’« Intelligence » contenu dans les démarches britannique et américaine du renseignement, portée par la société entière au nom de l’intérêt général.

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    Notes

    [1] Pour des raisons de commodité et de compréhension, nous utiliserons tout au long de notre analyse ce vocable anglo-saxon plutôt que de le décliner dans ses différentes traductions.

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