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Art versus Société : consciences planétaires / Sous la direction d'Hervé Fischer / Vol.19 N.1 2021

Paris – Guizhou : le patrimoine culturel immatériel, la créativité et le développement durable célébrés par le Prix Jinji *

Dong Zipeng

magma@analisiqualitativa.com

Diplômé de l’université de Marietta aux États-Unis en économie et en marketing, a travaillé dans les domaines de la science et de la technologie, de la finance et des institutions culturelles telles que iFlytek, Sichuan Trust, China Foundation For Cultural Heritage Conservation, et a acquis une connaissance approfondie des industries chinoises. Il a été le principal créateur de la communauté artistique en ligne de la Chine entrepreneuriale et a conçu des démarches innovantes telles que les musées de réalité virtuelle en ligne. Il dirige également une société internationale de réseau multicanal, qui fait émerger sur le marché chinois des célébrités internationales du monde de l’art, dont certaines sont devenues des célébrités dans le domaine de la musique en ligne chinoise. Dong Zipeng participe également à la planification et à l’organisation du Prix Jinji. En 2020, il avait sélectionné la designer française Felicie Corre pour participer au concours. Elle a remporté le premier prix et a fait l’objet de reportages dans les grands médias chinois.

 

Felicie Corre

magma@analisiqualitativa.com

Son parcours professionnel et familial a permis d’évoluer depuis son enfance entre le monde de la mode et celui de l’art. Née et élevée à Paris par des parents « bourgeois et bohèmes », elle a construit sa carrière avec détermination et a su saisir des opportunités, développant ainsi sa propre idée du  goût pour un art de qualité. De Paris à Shanghai en passant par New York, une maîtrise de droit en poche, elle s’est d’abord intégrée au planning stratégique chez TBWA, avant de devenir attachée de presse chez Hermès à Paris, puis à Shanghai. Sa curiosité permanente lui a permis d’apprendre les subtilités de la communication, de développer sa créativité, son sens des couleurs et de la qualité, et l’intuition des tendances à venir. Cet esprit de « chercheuse » l’a poussée à se lancer dans de nouvelles aventures : mettre en valeur et revisiter l’artisanat chinois, que le monde et en particulier les Chinois sont aujourd’hui prêts à redécouvrir ; les transformer et les adapter aux goûts d’une parisienne typique. Elle vit à Shanghai depuis neuf ans avec sa famille.

 

Zhang Xiaoming

magma@analisiqualitativa.com

Chercheur à l’Institut de philosophie de l’Académie chinoise des sciences sociales, directeur adjoint du Centre de recherche sur la culture chinoise. Il est aussi le rédacteur en chef du Livre bleu de l’industrie culturelle chinoise, en charge du projet « Construction de la culture avancée et réforme du système culturel » spécialement commandé par la Fondation nationale des sciences sociales et membre du comité d’experts de la XIIIe planification quinquennale du ministère chinois de la Culture et du Tourisme. Les axes de recherche du professeur Zhang sont la philosophie sociale, l’éthique économique, la philosophie culturelle et la théorie des industries culturelles. Il a publié plusieurs articles et monographies, notamment Great Collusion : Research on Interest Relationships under Market Economy Conditions et Culture Blue Book : Rapport sur le développement de l’industrie culturelle en Chine (14 livres au total).

 

Abstract

Le 25 octobre 2020, à Danzhai, Guizhou, en Chine, le patrimoine culturel immatériel chinois et le Prix de la créativité Jinji Award ont organisé une grande cérémonie de remise des prix. Felicie Corre, une Française qui a fondé la marque CHINOISES, a remporté le premier prix du groupe thématique Guizhou avec des créations de mode basées sur l’artisanat ancien des Miao. Ce résultat inattendu a attiré l’attention des invités et des médias. Le Prix Jinji récompense l’excellence, non seulement pour la protection et le développement du patrimoine culturel immatériel par la créativité, mais aussi dans la lutte contre la pauvreté. L’histoire de Felicie, lauréate du Prix Jinji, nous ouvre le chemin de Paris à Guizhou, mais aussi de Guizhou à Paris. C’est ce type de démarche que nous voulons mettre en œuvre en faveur du développement durable, espérant que la rencontre de différentes nations et cultures nous apportera un avenir plus diversifié.

 

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Costume aux cent oiseaux (Bai Niao Yi).

De Paris au Guizhou : la création de Felici

 

Mon premier voyage au Guizhou a eu lieu il y a trois ans avec ma famille. L’idée était pour nous, famille française vivant en Chine depuis plusieurs années, de découvrir, hors des sentiers battus, les authentiques villages Dong et Miao entourés de rizières mais aussi d’en savoir plus sur l’artisanat local moins connu que dans les autres provinces de Chine.

 

Lorsque j’ai vu pour la première fois ce Costume aux cent oiseaux dans un petit village de montagne, j’ai été littéralement émerveillée par leur beauté, la qualité de leurs broderies et les associations  de couleurs de leurs motifs. Ce costume est brodé au fil de soie par les femmes Miao. À l’origine, il était porté lors d’occasions spéciales pour vénérer les ancêtres, mais il s’agit désormais d’une tenue plus festive. Les symboles de la culture mystique des Miao, tels que les fleurs, les poissons, les papillons et autres créatures colorées, sont cousus sur la veste et la jupe en feutre de soie, ourlées de batik indigo et décorées de plumes d’oiseaux et de graines blanches sur le bord inférieur.

 

De mon point de vue d’Occidentale, ce costume était au-delà de toute attente : rien à voir avec ces images de broderies chinoises en soie que je connaissais et que j’aimais déjà. La combinaison des batiks indigo avec ces motifs magiques et colorés était plus qu’une surprise, c’était un choc esthétique ! L’association parfaite d’une ethnicité pure mêlée à un savoir-faire artisanal raffiné.

 

Je ne pouvais pas quitter cet endroit sans acquérir une pièce de ce magnifique artisanat. Je demandai  à l’artisane d’acheter un pan de la jupe, que je pouvais au moins m’offrir... Mais qu’en ferais-je une fois de retour dans ma vie moderne ? L’encadrer et la garder comme souvenir dans mon salon n’était définitivement pas mon style. J’avais besoin de le porter, de l’« utiliser », de l’inclure dans ma vie de tous les jours, dans mes ‘looks’ de tous les jours mélangés à ma garde-robe d’Européenne du 21eme siècle aimant la mode et les belles choses. Je lui demandais immédiatement de coudre deux morceaux de batik de part et d’autre de la pièce rectangulaire pour la porter en ceinture.

 

Quelques mois plus tard, je lançais la marque Chinoises 西花. Une marque de mode et de « lifestyle »  revisitant le design et l’artisanat traditionnels chinois pour en faire des vêtements et des objets que nous pouvons intégrer dans nos vies modernes. L’idée est aussi de mettre sous les projecteurs des savoir-faire cachés qui ont tendance à disparaître. Ainsi, cette ceinture venue des montagnes du Guizhou est devenue un peu plus parisienne, plus sophistiquée, plus tendance : les 2 pièces de coton batik ont été remplacées par deux bandes en agneau noir,  se croisant et se nouant autour de la taille. Idéale à porter sur un blue-jean, une robe en soie, ou même un manteau en feutre. Malgré le succès de cette ceinture, je tenais aussi à préserver la qualité de la broderie, m’adaptant au rythme de cette talentueuse femme Miao, qui m’envoie les pièces qu’elle a le temps de réaliser, sachant que cela dépend aussi de l’élevage des vers à soie qui constitue la source de sa production. Donner du temps aux artisans, les laisser coudre ce que leur tradition leur a appris, respecter leur savoir-faire et leur histoire, et les mettre en valeur avec des matériaux simples mais beaux qui ne dénatureront pas l’artisanat original.

 

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Les créations lauréates de Felicie.

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Les créations lauréates de Felicie.

N’est-ce pas ça le nouveau luxe ? Une ceinture ou un gilet contemporain d’un artisanat précieux réalisé par des minorités rares qui transmettent leur savoir-faire de génération en génération et dont vous seriez l’un des uniques propriétaires.

 

Broderie, batik indigo, bijoux en argent... Le Guizhou est sans aucun doute une province qui m’inspire pour tout cet artisanat si authentique, alors que dans la plupart des autres provinces populaires comme le Yunnan, l’artisanat a été de plus en plus dénaturé par le tourisme.

 

Maintenant que le Guizhou est de plus en plus connu pour les voyages de loisir - ce que je souhaite de tout cœur pour son économie -  le défi sera de ne pas laisser l’industrialisation de la Chine l’envahir au point où il ressemblerait bientôt à tous ces autres villages bondés qui ont perdu leur âmes et leur charme.

 

C’est l’une des principales préoccupations du Prix Jinji, qui vise à promouvoir le patrimoine culturel immatériel de la Chine. Et la façon dont il est organisé chaque année avec l’aide du groupe Wanda dans le village de Danzhai est impressionnante. Une sélection de jeunes - et de moins jeunes - designers associés à des artisans d’ONG et de minorités promouvant leurs propres créations devant un jury très qualifié : voilà ce qui fonde l’excellence de cet événement. Être sélectionnée pour ce concours était très flatteur, rencontrer tous ses participants principalement de la jeune génération chinoise, passionnés par l’artisanat chinois et si fiers de leur pays, de ses traditions et des minorités qui le perpétuent était encore plus excitant.

 

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Felicie à la cérémonie de remise du prix Jinji à Guizhou.

Remporter ce prix a été plus qu’un honneur. En tant que Française, je suis extrêmement reconnaissante envers la Chine car ce pays a certainement catalysé ma créativité. La Chine est une grande source d’inspiration, elle a nourri mon sens de l’entreprenariat, et maintenant, elle me récompense, l’une des rares étrangères de la compétition, et  m’encourage à continuer.

 

Il est certain qu’une tendance est en train de naître parmi les jeunes consommateurs chinois, plus à l’affût de la mode que leurs parents. Ils sont très instruits, aiment voyager et recherchent des styles uniques que leurs parents n’auraient jamais osés adopter. Ils sont prêts aussi à connaître, promouvoir et adopter l’artisanat et reconsidérer les traditions chinoises. De jeunes initiés de la mode chinoise achètent aux Chinoises 西花 des vestes traditionnelles chinoises en brocart doublées de denim ; d’autres me remercient de leur avoir fait connaître l’artisanat Miao dont ils n’avaient jamais entendu parler auparavant. « Proudly made in China » [Fièrement fabriqué en Chine] gagnera certainement le cœur des milléniaux locaux grâce à la montée du patriotisme chinois à l’échelle nationale.

 

Du Guizhou à Paris : la philosophie du Prix Jinji

 

Le nom complet du Prix Jinj est « Projet de bienfaisance de la Chine - Événement de sélection spéciale du patrimoine culturel immatériel et de la créativité ». Ce sont La Fondation chinoise pour la conservation du patrimoine culturel, la Fondation chinoise pour le développement des femmes, la Fondation chinoise de lutte contre la pauvreté du projet Siyuan, le Fonds chinois pour le bien-être de la population et de nombreuses organisations caritatives influentes qui organisent ensemble le Prix Jinji, dont j’ai l’honneur d’être l’organisateur principal. Ce fut une surprise inattendue de rencontrer Felicie, qui nous a apporté des produits de grand style que nous avons considérés comme un point fort de la compétition. Lorsque nous avons commencé à rechercher les candidatures valables au début de cette année, j’ai appris par hasard que Felicie était engagée dans la conception de produits de la culture Miao, ce qui a immédiatement suscité mon intérêt. Après que j’aie informé Felicie de l’existence du Prix Jinji, elle s’est immédiatement engagée dans la préparation de sa candidature avec beaucoup d’enthousiasme. Lorsque j’ai su qu’elle avait remporté le premier prix parmi 1206 inscriptions, j’ai pensé qu’il s’agissait d’un véritable miracle, car, après tout, c’était un concours de design pour la culture chinoise. Une juge finale m’a dit qu’elle n’avait d’abord pas donné de bonnes appréciations à Felicie lors de la sélection en ligne, mais que lorsqu’elle avait touché le produit pour en évaluer la qualité, elle avait immédiatement changé d’avis.

 

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Jury de la finale du Prix Jinji.

La participation de Félicie au concours et le fait qu’elle ait remporté le prix nous ont fait réaliser davantage la valeur universelle de la philosophie qui inspire le Prix Jinji et la signification profonde de la relation entre « l’art versus la société » qu’Hervé Fischer nous a invité à discuter ici.

 

Le Prix Jinji est un événement caritatif, qui a été organisé deux fois depuis 2019. Il vise à soutenir la protection et l’héritage du patrimoine culturel immatériel, à rapprocher les héritages traditionnels des artistes et des designers modernes, à transformer le patrimoine culturel immatériel en produits quotidiens contemporains grâce à un design créatif, à créer des emplois dans une zone rurale pour en atténuer durablement la pauvreté et à revitaliser ainsi la campagne. Cette philosophie est mise en œuvre comme suit.

 

Premièrement, le Prix Jinji défend le concept de lien organique entre la protection et le développement du patrimoine culturel immatériel. La disparition continue du patrimoine culturel immatériel traditionnel est un fait irréversible. La protection et le développement sont ce que nous devons faire aujourd’hui, et la « protection productive » est la principale méthode à considérer. Le patrimoine culturel immatériel de nombreuses minorités ethniques a été transmis pendant des milliers d’années, voire des dizaines de milliers d’années, et constitue une ressource précieuse pour le développement des industries culturelles et créatives d’aujourd’hui. Par exemple, les motifs des costumes Miao du Guizhou sont les mêmes que ceux des bronzes Xia, Shang et Zhou, et sont même directement hérités de l’ère néolithique. Ce sont des fossiles vivants rares qui sont encore utilisés quotidiennement par la population locale. Afin de mieux protéger ces précieux patrimoines culturels, notre méthode consiste à associer les héritiers traditionnels et les artistes et designers modernes pour mettre en œuvre une transformation créative et un développement innovant, afin d’en faire des produits et services riches en contenu créatif, puis de les réintégrer dans la vie moderne. Le Prix Jinji a pour but de créer une plateforme compétitive afin de promouvoir la transformation créative des ressources du patrimoine culturel et de réactiver les traditions culturelles et artistiques nationales. Après des années de pratique, nos experts sont parvenus à un consensus : il n’y a pas de protection à long terme sans développement, et il n’y a pas de développement efficace sans créativité.

 

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Travail des artisans lors de l’exposition sur place du Prix Jinji.

Deuxièmement, le Prix Jinji relie la « création du patrimoine culturel immatériel » à la « lutte contre la pauvreté », mettant en pratique un nouveau modèle de développement de la créativité et de développement durable.

 

Ces dernières années, les membres du gouvernement et les acteurs culturels et industriels chinois sont parvenus à un consensus sur la nécessité de parvenir à un « développement durable », et seul un mécanisme de coopération et de liaison multi-institutionnel entre les organisations gouvernementales, commerciales et sociales peut réunir le pouvoir du marché, les politiques gouvernementales et la participation sociale pour parvenir à une stratégie de développement durable plus complète. Le Prix Jinji réunit les entreprises les plus importantes de Chine, les collèges et universités d’art et de design les plus connus, et les organisations à but non lucratif les plus influentes. Il est donc capable de mettre en œuvre cette stratégie de développement, avec une valeur exemplaire significative, pour relier le patrimoine culturel immatériel et la lutte contre la pauvreté et fonder une pratique susceptible de réussir.

 

La pratique du Prix Jinji est aussi tout à fait cohérente avec la transformation du paradigme du développement social international. Les Nations Unies ont publié les Objectifs du Millénaire pour le développement en 2000 et proposé un Plan de réduction de la pauvreté, axé sur l’aide des pays occidentaux développés aux pays sous-développés, c’est-à-dire sur la redistribution des richesses des stocks. Après la fin des Objectifs du millénaire pour le développement en 2015, les Nations unies ont proposé le Programme 2030 pour le développement durable, qui a transformé le Plan de réduction de la pauvreté en objectif de développement durable, et « a reconnu pour la première fois l’importance de la culture, de la créativité, de la diversité culturelle dans la résolution des défis du développement durable au niveau mondial » (déclaration de Mme Bokova, directrice générale de l’UNESCO). On peut constater que la communauté internationale a établi un consensus général sur le fait que les industries culturelles et créatives sont essentielles à la réalisation du développement durable dans les pays en développement. Comme l’a souligné Mme Bokova dans la préface de Cultural Age-The First Global Map of Cultural and Creative Industries, « Outre les avantages économiques, les industries culturelles et créatives créent également une valeur non monétaire, qui est essentielle pour obtenir un développement centré sur les personnes, inclusif et durable, qui joue un rôle extrêmement important ».

 

Le Prix Jinji est devenu le plus grand projet d’aide publique dans le domaine du patrimoine culturel immatériel et de la créativité en Chine. Cette pratique réussie prouve que, surtout dans les pays et régions sous-développés, il est nécessaire de s’appuyer sur le troisième secteur social dont les organisations caritatives constituent le noyau. Il faut attacher de l’importance à la promotion des activités culturelles et créatives basées sur les ressources du patrimoine immatériel pour parvenir à un développement économique et social durable.

 

Troisièmement, le Prix Jinji vise à promouvoir le renouveau de la campagne et à établir le lien essentiel entre l’art et la société.

 

Le Prix Jinji est une plateforme culturelle et créative d’aide publique pour les régions pauvres de Chine. Son objectif fondamental est de combiner le patrimoine culturel immatériel et la création culturelle avec des objectifs de bien-être public afin de générer de durables bénéfices sociaux. Il s’agit d’un modèle permettant de combiner « art et société » pour promouvoir le développement des zones sous-développées. Grâce à la plateforme du Prix Jinji, nous souhaitons jeter un pont entre l’art et la société, soutenir la créativité, introduire la culture et la diversité dans la vie quotidienne moderne sous diverses formes, et créer des résultats sociaux durables pour l’ensemble de la société.

 

La pratique du Prix Jinji nous a fait réaliser que le patrimoine culturel immatériel de la Chine a une valeur sociale encore plus grande que ce que nous avions compris lorsque nous avons lancé le projet. Parmi les nombreuses organisations à but non lucratif qui participent au Prix, il y a le projet Mother Made, fondé par la Fondation des femmes chinoises, qui cible les femmes et les familles. Son slogan est Emploi à la maison et insiste sur l’emploi des femmes comme concept de base, explorant activement comment associer la réduction de la pauvreté des femmes et l’héritage culturel. Jusqu’en 2018, 45 Coopératives de fabrication de mères ont été créées dans 13 provinces du pays, soutenant l’emploi à domicile de plus de 4 000 femmes à faible revenu et allégeant ainsi leurs difficultés. Un grand nombre de techniques du patrimoine culturel immatériel ont été ainsi réactivées, et sont entrées dans la vie urbaine moderne.

 

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Un spectacle animé par des projets d’aide publique pour relier la création du patrimoine culturel et l’emploi des femmes.

D’après les observations du marché, ces produits à la mode au goût rustique et aux symboles culturels anciens gagnent la faveur des jeunes consommateurs chinois. Notre société est en gestation d’une tendance. Dans l’espace commercial le plus prospère de Pékin, nous avons des expositions sur le patrimoine culturel immatériel, du shopping, des ateliers et des séances de démonstration. Notre ville gagne en couleur grâce à cet artisanat. Les mères des villages deviendront des idoles urbaines reconnues sans qu’elles quittent leurs enfants pour aller trouver un emploi en ville. Et nous observons déjà un impact positif évident de cette « création du patrimoine culturel immatériel » sur la revitalisation de la société rurale.

 

Conclusion

 

Quand nous nous rencontrons, donnons-nous la main.

 

Nous pensons que, du village Miao de Danzhai, dans le Guizhou, au défilé de mode de Paris, en France, une route de « créativité et de développement durable » a été ouverte. Sur cette route, la rencontre de la styliste française Felicie avec l’ancien village Miao n’est en rien accidentelle. De telles rencontres et combinaisons deviendront de plus en plus courantes. Déjà Acheng, un érudit chinois bien connu, avait évoqué le cheminement d’immigrés du peuple Miao en France il y a des centaines d’années en raison de la politique et de la guerre. Des chefs d’œuvre d’art ancien Miao ont été préservés et sont exposés par plusieurs musées français.

 

Aujourd’hui, de plus en plus de produits de mode portant les symboles artistiques de diverses minorités ethniques vont apparaître sur la scène de Paris, « capitale internationale de la mode ». Le patrimoine culturel immatériel chinois y apportera inspiration et surprises qui retiendront l’attention de l’ensemble de l’industrie européenne de la mode.

 

Le Guizhou et même toute la Chine comprendront mieux leur propre culture et leurs traditions dans ce reflet extérieur de leur créativité. Cette compréhension et réactualisation aideront à protéger et partager les ressources humaines chinoises, appelées à contribuer à la culture de l’humanité future.

 

*Écrit par Dong Zipeng avec la participation de Félicie et révisé par Zhang Xiaoming. Traduit de l’anglais par Hervé Fischer.

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