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Mitanalisi dell'insularità / A cura di Orazio Maria Valastro - Hervé Fischer / Vol.17 N.1 2019

L’île et l’esprit

Luc Dellisse

lucdellisse@orange.fr

Écrivain et poète, professeur de scénario du cinéma à la Sorbonne et à l’École supérieure de réalisation audiovisuelle (Esra), ainsi qu’à l’Université libre de Bruxelles (ULB).


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Giuseppina Mangano - L'insularità attraverso le immagini - Liceo Artistico Statale Emilio Greco, Catania - Quarta edizione Thrinakìa, premio internazionale di scritture autobiografiche, biografiche e poetiche, dedicate alla Sicilia

L’ordre caché

 

Le sens du mythe est une des catégories de la liberté. Bien mieux : il nous guide à travers le maquis des jugements inutiles, et des cérémonies, et des masques, pour essayer de trouver, au terme du labyrinthe, non pas le centre, mais l’issue. Une pensée qui affronte les rouages du mythe ne cherche rien d’autre que la liberté. Cette liberté est une morale, ou si on préfère, un contexte propice à l’accomplissement de soi, dans la coexistence harmonieuse avec autrui, et surtout, dans la reconnaissance de notre passé connu ou inconnu comme salle des machines de l’aventure humaine. Le sentiment du destin commun, le simple fait d’être le passager d’une petite navette spatiale rotative et sphérique perdue dans l’immensité, sans aucun port où accoster un jour, donne à la dimension collective de notre vie une sorte de nécessité et de grandeur.

 

Il semble que l’espèce d’euphorie qu’on éprouve à trouver les derniers mots d’un poème, à rendre service à un inconnu, à jouir dans des bras aimés, à accomplir son devoir civique en sachant à quoi il correspond, à échapper à une corvée ou une contrainte absurde, à accepter les urgences de la vie, à trouver un argument qui fasse avancer une conversation, à rentrer chez soi à pied malgré la fatigue, parce que l’heure du dernier métro est passé, à se sortir par la hardiesse d’une situation menaçante, à donner de l’argent pour dépanner la veuve d’un ami perdu de vue, à dormir sous la tente malgré les rugissements nocturnes, à nager dans la mer, à gagner de l’argent par un plan raisonné et sans vendre sa force de travail, à mettre en place un scénario pour rebondir quand la crise sociale se complique, à ne pas appliquer un règlement qui serait en votre faveur mais que vous trouvez injuste, à fuir plutôt que combattre une situation de stress, à choisir son pays et sa ville sans tenir compte des avantages acquis autrefois et ailleurs, à pardonner à ses ennemis, à reconnaître le diable sous ses masques, à fuir le mensonge et la haine, et inutile de poursuivre une liste infinie, il semble que cet indispensable accroissement de la conscience et du regard relève tout entier de sa quête, et de sa capacité à donner une dimension inventive aux faits les plus banals du quotidien.

 

J’ai conscience d’une grande fragilité de l’espèce humaine : elle est née d’un miracle qui n’a aucune chance statistique de se produire une seconde fois. Il est difficile d’ignorer sa rareté précieuse et éphémère. Notre seul devoir est de permettre la poursuite de l’aventure, et tous les moyens sont bons. Les meilleurs consistent à ne pas répandre autour de nous ce flux de noirceur qui circule dans les veines du monde comme un poison mortel.

 

Créer du conflit, du stress, de la haine, aimer le chagrin et le désastre d’autrui, voir souffrir et mourir sans lever la main, ignorer ou combattre les ressources du savoir et de la création, rencontrer un étudiant ou un enfant de génie sans chercher par tous les moyens honnêtes à favoriser son essor, envisager le déclin de son pays, de sa langue, de son essence, sans horreur et sans combat, brutaliser ce qu’on aime, gaspiller la substance humaine, me paraît incompatible avec la liberté, comme me paraît incompatible avec toute conduite raisonnable de gaspiller de l’eau et de l’énergie fossile, de brûler la bibliothèque d’Alexandrie, de prôner l’écriture inclusive ou d’étrangler son premier né s’il n’est pas un garçon. Dans les temps difficiles que nous vivons, la barbarie côtoie de façon endémique quelques pôles de haute civilisation.

 

Je n’ai pas de planète de rechange. Je m’obstine sur celle-ci. Je n’imagine pas de forme de plaisir autre que compatible ou partagé. Je n’imagine pas d’autre île déserte qu’au milieu du monde vivant.

 

L’infini circulaire

 

J’ai éprouvé mon premier choc esthétique en mettant le pied sur une île, toute petite et radieuse : Porquerolles. J’avais huit ou neuf ans. Du fort du Langoustier, juché sur son dos, je voyais la mer tout autour. J’étais à la fois libre et piégé. La présence du monde et du temps se ressentait partout. Il me semble que la jouissance tenait en grande partie au regard : mesurer l’espace total où on vit, le parcourir à la fois en corps et en esprit, apercevoir de la plage la côte d’en face, presque accessible à la nage, et pourtant hors d’atteinte, donnait un sentiment de possession extraordinaire. Je concevais obscurément que je ne serais jamais autant maître de moi-même que dans ces circonstances idéales : mon corps, mon visage, le vent, le fort, la plage, la mer, le continent, reliés entre eux dans une immédiateté parfaite, où l’esprit était roi.

 

Puis, assez vite, il y a eu une autre île dans ma vie, plus grande, plus inexplorable : Belle-Île en mer, navire géant s’avançant dans l’immense Atlantique, et donnant une idée de ce qu’est la puissance d’envol. Là, le corps devenait plus léger, plus abstrait, plus voyageur, dans la balance avec l’infini énorme et nécessaire. La France restait presque invisible, immergée, imminente, inconnue. La vaste mer était partout. Il importe sans doute aussi qu’une des îles soit du Midi et de la mare nostrum, l’autre de l’Ouest et du large. Que la première ait été liée à la lointaine famille riche de mon grand-père, la seconde, à la proche famille désargentée. Que l’une ait fourni la grande maison en friche, et l’autre les modestes chambres d’hôtels spartiates. Comme il ne s’agit pas ici de souvenirs mais de paradigmes, il suffit de le noter au passage pour que tout soit clair.

 

La chance de ma vie est d’avoir connu ces îles avant de découvrir la montagne, la campagne, la grande ville, et pourrait-on dire la mer (la haute mer), par la nage et par la puissance partagée. L’idée m’est ainsi venue d’un infini circulaire, qui fournissait le monde et son refuge tout à la fois. C’est un schéma mental qui ne m’a plus jamais quitté depuis lors. Bien plus tard, pour enrichir ce royaume premier, il y aurait aussi Manhattan, comme un rappel et un contre-exemple : grande île puissante et tellurique, mais île amarrée, île-continent. Pour finir, il y a eu cette sorte d’île hors du temps, la Sicile, dont les trois pointes renvoient encore pour moi à trois amours fondamentaux : l’amour de l’Antiquité, l’amour des beaux corps et l’amour du savoir. Mais entre-temps, l’île en moi avait trouvé sa forme fictive et donc utile, par la lecture, qui va toujours plus loin, me semble-t-il, que l’expérience directe. Vivre précède la lecture, mais ne lui apporte rien que la lecture ne porte déjà. À l’entrée de l’adolescence, j’ai pénétré dans l’île des îles, en découvrant un roman qui traînait depuis toujours dans ma chambre et qui ne m’avait pas tenté jusque-là.

 

L’île déserte, mais reliée au monde, comme dans ce mythe célèbre, fournit un parfait modèle d’existence intégrée. Pour mener librement une existence civilisée, il ne suffit pas d’être coupé du monde, enfermé dans un univers clos par l’immensité de la vue. Il faut pouvoir importer le monde dans son île, et s’en servir délibérément.

 

L’organisation de l’île

 

Oui, Robinson Crusoé, chaque fois que j’y repense, me fait rêver d’un dispositif pour être à la fois hors du monde et dans le monde, et quand j’ai décidé, après bien des errances, de trouver un point d’équilibre, c’est son île qui m’a donné la mesure de ce que j’attendais de la vie.

 

Je n’avais aucun goût romanesque pour la nature sauvage, la construction d’une maison suspendue, l’élevage et la traite de chèvres fantasques, le coup de poing contre les cannibales, la menuiserie et la couture, la pratique de la Bible au coin du feu. L’île de Robinson, considérée comme système clos sans barrière, n’impliquait ni ma présence, ni même celle de Robinson. Elle servait à me rendre un sentiment d’appartenance que je n’éprouvais pas.

 

En somme, c’est une représentation géométrique de la vie. Elle n’est pas supposée exister comme territoire physique. Elle est le point de vue à partir duquel on peut tenter de réorganiser l’ensemble de nos entreprises, pour retrouver l’unité perdue.

 

C’est sous cette forme que l’île de Robinson fournit un modèle parfait. Le célèbre naufragé ne mène pas du tout, dans son exil, une vie sauvage : au contraire, il n’a pas d’autre vue que de rejoindre, avec les moyens du bord, la civilisation qu’il a quittée, mais non perdue. On se souvient qu’il s’approvisionne dans la cargaison d’une épave, dont il tire des outils, des armes, de la poudre, des charpentes, et même une Bible. Il ne recommence pas à zéro l’aventure humaine, il crée seulement une antenne de la ville d’York, en plein océan Pacifique. Il souffre de la solitude, mais non pas de l’abandon. Sa forte culture protestante, sa maîtrise de la langue et de la tradition anglaises, son sens de la débrouillardise, son expérience de marin et la présence diffuse mais constante de Dieu l’installent, non dans un univers d’après on ne sait quel désastre, mais dans une garnison solitaire de l’empire des hommes.

 

L’unité retrouvée

 

L’existence des humains se présente comme une suite de rencontres et d’actions cloisonnées entre elles. On agit comme si on avait dix morceaux de vie dissociés. Et pourtant, l’unité fondamentale de notre personnalité ne fait pas de doute – c’est même un des principes les plus féconds de la psychologie. « On entre dans Hegel comme on entre dans une histoire d’amour, et comme on entre dans sa salle de bains ». La grande affaire de l’esprit est de trouver son unité. C’est-à-dire, de créer un dispositif mental et un mode de vie pratique qui établissent des relations de nécessité entre chacun des moments de notre vie, chacun de nos « choix » et chacune de nos créations.

 

On ne peut y arriver par hasard, ni même tout à fait par essais et par erreurs. C’est le résultat d’une action suivie et concertée, contre les habitudes, et contre les contraintes de division qu’impose la société. Ce n’est pas la diversité de nos agissements, mais la forme de transmission des savoirs dans la société actuelle, qui produit cet effet. Les études, les amitiés, les mouvements du cœur, les repas en famille, les épisodes sportifs, les lectures et les jeux, sont traités comme s’ils n’avaient presque rien à voir entre eux. Les enfants apprennent très tôt à compartimenter leur esprit. Devenus adultes, ils poursuivent le mouvement.

 

L’unité absolue de nos activités est un idéal inatteignable. Mais l’unité relative tient à l’organisation d’un espace imaginaire. Robinson en fournit la clé. Il ne s’est pas soumis aux conditions de son île : il en a fait un double miniature et sommaire, conforme à ses besoins, de la civilisation dont il est issu. Il ne vit pas en solitude personnelle, mais en société virtuelle. Il similarise (pour reprendre une expression un peu oubliée) les acquis de la société, c’est-à-dire le passé, au milieu de l’éternel présent de l’île déserte. À ce prix, il est à la fois plus libre qu’aucun citoyen de York ou de Birmingham, et plus complet et complexe qu’un sauvage et qu’un homme seul.

 

Similarisation : j’emprunte ce terme à un souvenir de lecture d’enfance, le Monde des non-A d’Alfred Van Vogt. Dans ce roman de science-fiction, influencé par les éléments de « sémantique générale » d’Alfred Korzybski, le héros dispose d’un cerveau second qui le rend capable de quelques prouesses physico-chimiques, comme de se dématérialiser et de se reconstituer à l’identique à un point de l’espace, ou de faire surgir des objets lointains à deux pas de lui.

 

Par extension, j’entends par similarisation la capacité de produire des états de représentation mentale du monde extérieur et de les intégrer à notre propre fonctionnement de vie. Convoquer la fraîcheur et la vivacité d’un matin d’automne à la campagne, dans la chambre aux volets clos d’un hôtel écrasé par la canicule, est un bon exercice pour élargir ses conditions de vie à d’autres états que ceux dictés par des stimuli directs. Cela suppose, bien sûr, de disposer de modèles, de paradigmes, auxquels on se réfère pour régler son tempo, et de ramener les désordres du monde à cet ordre provisoire.

 

Le travail de réunification commence à partir du moment on s’efforce, par un tri continu, de ne faire entrer dans le cercle de ses activités et ses idées que ce qui nous appartient vraiment, ce qui relève vraiment du sens que nous voulons donner à notre vie. De ce point de vue, l’île, c’est l’esprit.

 

Les armes secrètes

 

Unifier sa vie ne veut pas dire l’exposer entièrement au grand jour. Et surtout pas, imaginer que la transparence est une vertu. Une existence consciente n’a rien à gagner à réduire ses zones d’ombre. Il y a des choses destinées au public et d’autres, plus nombreuses, qui ne regardent que deux ou trois personnes choisies, et parfois une seule.

 

La transparence est une exigence qui concerne les élus, les fonds collectifs, les services de l’État – et de façon générale, les secteurs qui disposent de la liberté et de l’argent d’autrui. Elle n’a rien à voir avec les ressorts de la vie privée. La famille, l’amitié, les amours, l’art, la propriété, la pensée critique, les préférences sexuelles, tant qu’ils respectent le contexte légal, échappent absolument au droit d’ingérence des particuliers. Ils constituent des valeurs pour lesquelles on choisit, chacun à sa manière, le degré de clarté utile.

 

Ouvrir ses tiroirs, ses portes, ses volets, retirer ses lunettes noires, vider ses poches, donner ses codes, ses clés, avouer ses fautes, même imaginaires, renoncer au bénéfice du doute, aux arrière-pensées créatrices, aux effets de surprise, par simple illusion conviviale, est une conduite d’échec, rien de plus.

 

Il me semble qu’il serait temps de redonner à la réserve et même au secret l’importance qu’ils méritent. Je ne veux pas dire simplement d’accepter l’existence du secret, mais de l’ériger en principe. De considérer qu’il est absolument indispensable, et utile à la société, d’accorder le moins de place possible à la transparence, en tout cas comme nécessité morale. Après cela, libre qui veut de pratiquer la transparence personnelle, si c’est par plaisir.

 

Le plaisir, à mes yeux, consiste à me faire confiance plus qu’à des inconnus, et à ne jamais perdre de vue que personne ne peut prendre en charge le poids de notre propre existence, avec ses difficultés, ses pertes, ses erreurs et ses combats toujours à recommencer. Le monde autour de nous représente une merveilleuse possibilité de connaissance, d’agrément et d’amour. Mais il est aussi un perpétuel adversaire, plus par indifférence que par hostilité. On ne peut tenir le coup, et mener à bien ce qu’on a à faire, sans disposer d’armes secrètes, que nous seuls pouvons mettre au point.

 

Le secret n’a rien à voir avec une quelconque noirceur : ni celle de l’âme, ni celle des grandes dictatures. C’est une condition idéale pour être en phase avec soi-même et ne pas glisser, entre soi et soi, une vitre blindée qui nous empêche de nous connaître et de nous employer au mieux. Il est important de toujours pouvoir juger si ce qu’on fait est cohérent, en fonction de ce qu’on croit et en fonction de ce qu’on cherche.

 

Il faut donc trier ses mots, soigneusement, comme on choisit ses amis les plus chers. Et il faut écarter les contre-sens. La transparence n’est pas la vérité. L’ombre n’est pas le mensonge. Le secret n’est pas le masque d’une réalité honteuse. C’est un laboratoire où s’élabore, peu à peu, goutte à goutte, ce que nous avons de plus vrai.

 

Les fins premières

 

À quoi sert d’être vivant ? S’il n’y a pas de raison divine ou de finalité surnaturelle à l’existence, la question de l’intérêt de la vie se pose avec d’autant plus d’acuité. Rien ne peut convaincre un être en bonne santé que la seule chose à faire est de tourner en rond jusqu’à son dernier jour, sans autre résultat que de tourner. Il peut décider que la vie est une entreprise vaine, mais non pas que l’agitation et la répétition constituent un but en soi.

 

Travailler, courir, manger, se reproduire, se disperser, disparaître, tout cela ne forme pas un programme très excitant pour l’esprit. Ce n’est qu’un système transitoire, une mécanique indifférente, dont le seul intérêt est d’assurer la continuité statistique. Il faut sortir de ce cercle, réussir à se mettre au service de ses projets les plus aigus : amour, vision, création. Par eux on commence à ressentir la vitesse de sa vie, et le plaisir qu’on peut en tirer.

 

Il ne s’agit pas de « croire à la puissance de l’esprit », mais de s’en servir pour autre chose que des fins immédiates et concrètes : c’est-à-dire pour le bonheur. Le bonheur est l’opération de l’esprit par excellence. Il consiste à établir un rapport direct entre l’ensemble de nos activités volontaires et le sentiment de maîtrise et de plénitude qu’on éprouve à échapper au temps. Bien sûr, un corps qui ne souffre pas, une existence qui n’est pas un naufrage, y participent grandement. Mais rien n’a lieu, ni ne peut avoir lieu, sans passer par le prisme de l’esprit, qui transforme la répétition en durée, et l’avenir en projection du présent.

 

Toute vie est imaginaire. C’est une suite de constructions fictives de la réalité la plus immédiate. Mais il y a des fictions tristes et des scénarios inaboutis. Il y en a d’autres qui valent la peine d’être suivis jusqu’au bout. Notre seule chance réside dans une certaine continuité et une certaine tension de nos actes conscients. Il faut que chacun d’eux produise une imagerie féconde, c’est-à-dire concrète. Cela suppose de se soustraire au système en boucle des images stéréotypées, dont on voit bien qu’il constitue un des destins possibles de l’humanité.

 

La promesse du bonheur façon Matrix, en pure illusion virtuelle, la tête dans les fantasmes et le corps rivé à un univers insalubre et hideux, est le piège même, le contre-sens parfait. Un prisonnier sous électrodes n’est pas libre, il est mort. L’intérêt de la partie que chacun de nous dispute est qu’elle a lieu dans la réalité immédiate : pas demain ou ailleurs, mais ici et maintenant.

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