 
 
      La lettura di sé e dell'altro
        Orazio Maria Valastro (a cura di)
M@gm@ vol.9 n.1 Gennaio-Aprile 2011
LECTURE DE L’AUTRE, ÉCRITURE DE SOI
Une lecture de Maïs en Grégorien d’Arnaldo Calveyra
Mabel Franzone
mabel.franzone@gmail.com
        Docteur en Lettres Sorbonne; CEAQ - Paris V/ CRICCAL Paris III; 
        Professeur Univ. Nacional de Salta/ Argentine; Municipalité de Salta Service 
        de Presse.
El ojo que ves no es
        ojo porque tú lo veas;
        es ojo porque te ve.
        (Antonio Machado)
        
        Il s’agit dans cet écrit de rendre compte d’un étrange et beau livre qui, 
        tout comme beaucoup d’autres œuvres de la littérature mondiale, ouvre 
        chez le lecteur des espaces infinis où surgissent nos propres interrogations, 
        en tant qu’êtres dans un Monde. En parcourant ses lignes nous-nous sommes 
        sentis interpellés, aussi conduits en quelque sorte, à nous poser des 
        questions sur les frontières, le temps, sur notre place dans l’histoire, 
        sur nos vécus et nos perceptions à l’intérieur de toute la beauté du monde 
        et de toute l’horreur du monde.
        
        Ce livre a comme titre Maïs en Grégorien. Récit Lyrique [1]. 
        L’auteur est un Argentin, Arnaldo Calveyra, écrivain, poète, dramaturge, 
        pianiste, homme à l’âme aussi belle que ses propres créations, plus connu 
        dans son Argentine natale comme « Arnaldo Calveyra, le Poète ». Homme 
        de la ville d’Entre Ríos (entre fleuves), il est bien l’homme entre deux 
        fleuves. Il réside à Paris, depuis quelque 50 ans et porte toujours le 
        souvenir de sa terre, de sa chère petite patrie. Ce livre est, quelque 
        part, le récit et le témoignage d’un voyageur, dont le chemin est jalonné 
        d’art, de lettres et de musique ; chemin aussi marqué de sa profonde inquiétude 
        pour l’Amérique du Sud, des cruelles guerres vécues dans le monde et du 
        besoin de la prise de conscience de l’humanité de l’homme. Quand Arnaldo 
        Calveyra aborde la situation passée et actuelle de l'Argentine, transparaît 
        chez lui une certaine tristesse. L'homme est heureux cependant : "peut-être 
        [grâce à] cette quatrième dimension qui est la mienne. D'être là-bas et 
        d'être ici, parce que j'ai deux continents à ma disposition". Peut-être 
        aussi parce que sa vie tend vers cette "justice poétique" qui doit être 
        selon lui le rôle de la poésie. Chez Arnaldo Calveyra, le poète se devine 
        aux gestes et au regard. "Il y a des gens qui vivent d'absolu", dit-il, 
        et il est sûrement l'un d'eux.
        
        Dans quel genre se registre ce livre ? Entre la prose et la poésie, inclassable 
        pour les uns, pour les autres c’est un récit poétique autobiographique, 
        pour Calveyra lui-même c’est un point d’arrivée, de réunion. Ici confluent 
        le théâtre, la narration, la poésie, toutes les lignes parcourues par 
        la littérature, amalgamés par une prose entrecoupée, presque des versets. 
        Ces versets fonctionnent par des paragraphes indépendants, en tirés- à- 
        part : un rythme andante qui ne sera jamais discursif, dont la texture 
        reproduit les litanies enfantines des jeux de ronde, des expressions du 
        langage colloquiale, un parler menu et intime qui n’entre jamais dans 
        la parodie [2].
        
        Un catalogue de livres présente Maïs en Grégorien avec ces jolis mots : 
        « Dans ce « recueil de poèmes », A. Calveyra suit le rituel de la nuit 
        à l'abbaye de Solesmes, habite le chant grégorien et pénètre les lieux 
        de sa mémoire. L'écriture, entre récit biblique et prose poétique, devient 
        un état de grâce où le poète accomplit un acte rédempteur » [3]. 
        Cette présentation synthétise notre sentiment, puisque seul un état de 
        grâce peut produire une création touchant les profondeurs de l’être. Nous 
        avons voulu savoir quel événement personnel avait déclenché un tel état 
        et bien que l’auteur n’en parle pas beaucoup, avons trouvé qu’en 1962, 
        consterné et attristé par la disparition de sa mère, Calveyra décida de 
        passer quelques semaines à l’Abbaye de Solesmes, une des plus antiques 
        de la France. Il prit des notes sur ses visions, ses rêveries, l’exutoire 
        de ses angoisses. Les notes s’étaient perdues et récupérées bien de temps 
        après, presque 30 ans. Revivant les sensations « récupérées » suite à 
        la lecture des lignes égarées, il commença à travailler ce qui deviendrait 
        l’œuvre finale.
        
        Si nous voulons traiter ce recueil de poèmes ou récit lyrique comme une 
        autobiographie- à part la mort de la mère de Calveyra déjà mentionnée- 
        est parce qu’il raconte l’intime : Les rêves et les songes, les désirs 
        et les peines. Aussi parce que, d’un point de vue théorique, il y a identité 
        entre l’auteur et le narrateur et aussi entre le narrateur et le personnage. 
        C’est lui-même, c’est sa propre identité qui est mise en scène. En effet, 
        l’autobiographie désigne tout texte dans lequel un individu réel a parlé 
        de sa vie, quels que soient la fonction et le contenu du texte. Bien qu’il 
        n’y ait point un déroulement chronologique de la vie de l’auteur dans 
        l’œuvre, il y a des « champs autobiographiques » particuliers d’ouverts, 
        comme la recherche des mots justes pour exprimer la densité de la rêverie, 
        quête propre à l’auteur, expression de sa profession et de sa personnalité : 
        "...Mettre en jeu les mots (...) c'est la seule chose qui m'intéresse" 
        : Arnaldo Calveyra est un poète. Les mots, il les "met au travail", il 
        les "réveille", il les aime : ce sont "des objets qui prennent vie" et 
        qui viennent le visiter le jour, tandis qu'il marche dans les jardins 
        publics, et la nuit, quand il dort : "les rêves, pour moi, et heureusement 
        dit-il, sont des pédagogues, ils viennent pour me donner des mots meilleurs 
        que ceux que j'ai trouvés la veille" [4].
        
        Il y a aussi une multiplication de temporalités à mesure, non de la nature, 
        sinon de l’homme. Le tout se réfère à un temps passé et l’auteur présente 
        comme successifs des états de simultanéité confuse. Ce passé se présente 
        en « trompe l’œil » pour faire participer le lecteur au présent de l’écrivain, 
        à ce présent qu’est une toute simple retraite de quelques jours dans une 
        abbaye, mais que se déplie et se plie au rythme du grégorien. La particularité 
        de ce récit est d’ouvrir des champs autobiographiques inhérents à la vie 
        de l’auteur (son enfance à la ville argentine d’Entre Ríos, les souvenirs 
        de champs de maïs) unis aux champs d’une biographie commune aux Hommes : 
        des guerres, des injustices, la sempiternelle et cruelle chasse aux animaux. 
        Autrement dès le début du livre s’établit ce qu’on appelle « le pacte 
        autobiographique », l’accord passé entre l’auteur et le lecteur, pacte 
        de sincérité et de confiance. Le lecteur sait que l’auteur ne mentira 
        pas, et le lecteur se propose de l’écouter, de d?F?ialoguer avec, de 
        le comprendre.
        
        De ce beau livre, on ne peut pas faire un résumé, peut-être seulement 
        raconter les débuts : un homme d’Entre Ríos, assis à l’Abbaye de Solesmes 
        écoute avec ses yeux le chant grégorien. Ce chuchotement laisse échapper 
        des vagues de souvenirs d’ordre personnel et aussi de la mémoire collective, 
        des vagues qui, elles, vont trouver asile dans l’oreille. L’oeuvre est 
        attrayante et envahissante, mais de difficile compréhension. Et pourtant 
        s’avère être un outil pour l’écriture de soi, dans un sens littéral comme 
        dans un sens figuré, c’est-à-dire l’écriture qui nous emmène à notre propre 
        création écrite ou encore celle qui n’a pas besoin d’une plume et qui 
        fonctionne comme mise en question, nous obligeant à nous penser, à nous 
        créer, à la réflexion sur le destin de l’humanité. On ne sort pas indemne 
        de sa lecture. Maïs en Grégorien aura la vertu de nous faire voyager traversant 
        espaces et temps depuis un seul point, l’Abbaye de Solesmes. L’intitulé 
        de cet article « Lecture de l’autre écriture de soi » fut choisi d’abord 
        parce que l’œuvre présente deux paramètres fondamentaux : la moralité 
        et la beauté. Tous deux agissent comme un système de comportement qui 
        tend à la connaissance de soi et du monde. En second lieu, parce que le 
        seul fait de lire convoque en nous une série de phénomènes, d’ordre physique 
        et psychique qui forcément vont déclencher d’autres processus, de vision, 
        de réflexion. Troisièmement, parce que les poèmes font des poèmes. Des 
        écrivains trouvent parfois l’inspiration en lisant d’autres écrivains. 
        Ceux qui ne sont pas d’écrivains vont laisser l’œuvre les toucher jusqu’au 
        plus profond de leur corps et de leur être. Un exemple qui nous émeut 
        toujours est celui du beau poème écrit par Joseph Brodsky, « Définition 
        de la Poésie », s’inspirant d’une seule phrase dite par Federico Garcia 
        Lorca. Au chemin de sa mort - Garcia Lorca allait être fusillé- le poète 
        avait prononcé seulement ces mots : « et pourtant le soleil se lève ». 
        Ces simples paroles étaient de la poésie, ces simples paroles dictaient 
        de la poésie. Brodsky écrivait : « Revoir un instant des paysages derrière 
        les fenêtres où se penchent nos femmes, nos semblables, les poètes... 
        / Revoir les paysages derrière les tombes de nos camarades et la neige 
        lente qui vole quand la mort nous défie/ Une nuit de lune revoir l’ombre 
        longue que jettent les arbres et les hommes/ Puis à l’aube voir encore 
        la route blanche où surgit le peloton d’exécution/ Revoir enfin le soleil 
        se lever entre les lignes étrangères des soldats. » Les vies et les morts 
        des autres inspirent et soufflent aussi des mots, faisant sortir de nos 
        coeurs les meilleurs poèmes.
        
        Nous avons voulu justifier le choix du titre de cet écrit tenant compte 
        de notre propre expérience de la lecture de l’œuvre de Calveyra. Celle-ci 
        est complexe, son analyse donc, s’avère complexe. Pour rendre cette lecture, 
        -disons- « ordonnée » nous allons nous servir de l’herméneutique d’Hans 
        Georg Gadamer, de quelques notions de Bachelard (résonance et retentissement) 
        pour illustrer nos propos. Nous allons mettre en oeuvre la notion d’imaginal, 
        notion introduite par Henry Corbin, pour traiter les espaces infinis, 
        tout comme les symboles et ses structures seront analysées à la lumière 
        des structures anthropologiques de l’imaginaire de Gilbert Durand.
        
        Dans un premier temps, nous allons nous référer, en toile de fond, aux 
        notions de l’herméneutique de Gadamer pour bien expliquer ce que signifie 
        une « rencontre » d’inconscients, phénomène auquel nous avons eu accès 
        en lisant l’œuvre en question. Nous référons ensuite quelques théories 
        sur la lecture, évoquées par Alberto Manguel. Après nous allons commencer 
        l’analyse de l’œuvre en soi, analyse où nous avons choisi d’entremêler 
        les outils pris de Bachelard, Gilbert Durand ou Corbin et de les intégrer 
        dans d’une structure faite pour ordonner l’analyse (La Nuit Magnifiée, 
        Le Sacrifice, Les Répétitions et Le Lecteur Interpellé), pour finir avec 
        des conclusions dressées en deux niveaux, celles d’ordre esthétique et 
        celles d’ordre esthétique et celles d’ordre éthique.
        
        1. L’herméneutique / La lecture
        
        Maïs en Grégorien montre la particularité d’effacer les frontières entre 
        le monde réel et le monde de la rêverie, entre les souvenirs de la ville 
        argentine d’Entre Ríos et la réalité de l’Abbaye de Solesmes, entre différentes 
        périodes de l’histoire où se déroulèrent les plus grands drames de l’humanité 
        moderne. L’effacement des limites prétend provoquer l’ouverture de portes 
        et l’accès à un monde plein, sans frontières, un monde où l’homme peut 
        se contempler et contempler l’humanité, les animaux, l’art, la beauté 
        de la Terre. Il agit d’un vol, un survol fait depuis une grande hauteur 
        d’où nous pouvons regarder le monde d’ici, du bas et le balayer à l’aide 
        des événements. Non seulement avec un regard critique sinon avec la panoplie 
        de sentiments et de perceptions que les faits des hommes et surtout les 
        grands drames de l’histoire réveillent dans nos têtes et dans nos coeurs. 
        Car, tout ce qui est « montré » dans le livre en question, correspond-t-il 
        à des grandes guerres ou d’autres événements tragiques ayant marqué la 
        vie de cette humanité qui est la nôtre.
        
        Si nous parlons de frontières, nous voulons nous référer d’abord au terrain 
        de l’herméneutique. En effet, la philosophie des images présuppose que 
        l’homme se met en relation avec des images ou des représentations aux 
        sens multiples dont le sens excède les données fournies par l’expérience. 
        Ces images sont l’objet d’une intelligence interprétative qui, élevée 
        à une méthode spécifique de compréhension de l’homme, revêtira le nom 
        d’herméneutique. « Frontière » suggère aussi l’idée de mouvement, car 
        le paradigme herméneutique repose sur le double déplacement du modèle 
        présenté et de l’interprétation, se frayant un véritable « trajet anthropologique », 
        terme de Gilbert Durand défini comme l’échange constant existant au niveau 
        de l’imaginaire entre les pulsions subjectives et assimilatrices et les 
        intimations objectives émanant du milieu cosmique et social [5]. 
        La frontière ou espace vide devrait se remplir avec la résultante de ce 
        trajet anthropologique, de ce va et vient qui fait le lien entre le moi 
        interprétatif et les images à élucider.
        
        L’identification avec une œuvre ou avec un auteur éveille deux concepts 
        clés de l’herméneutique : le dialogue et la compréhension. L’âme de cette 
        science réside justement en comprendre l’autre qu’est l’auteur et lui 
        donner raison jusqu’à un certain point. Une telle attitude nous transformera 
        à notre tour [6]. Et là siège l’âme 
        de la lecture, l’âme de ce qui n’est pas définitif.
        
        L’acte de lire « des siècles et des mers » [7] 
        a fait l’objet des diverses théories. Rien ne bouge quand on lit, à part 
        les yeux et les mains tournant les pages, et pourtant quelque chose que 
        le mot « texte » ne définit pas exactement se déploie, progresse, croît 
        et s’enracine tandis qu’on lit. Au V siècle avant J.-C, Empédocle décrivait 
        l’œil comme né de la déesse Aphrodite, qui « enveloppa un feu de membranes 
        et d’étoffes délicates ; celles-ci le protégeaient des eaux profondes 
        courant alentour, mais laissaient passer vers le dehors les flammes intérieures » 
        [8]. Plus d’un siècle plus tard, Epicure 
        imagina que ces flammes étaient faites d’atomes qui jaillissaient de la 
        surface de tous les objets et pénétraient nos yeux et nos esprits, telle 
        une pluie continuelle et ascendante, pour nous imprégner des qualités 
        de chaque objet [9]. Euclide avançait 
        la théorie contraire, selon laquelle des rayons issus de l’œil de l’observateur 
        appréhendent les objets observés [10]. 
        Quelques décennies plus tôt, Aristote affirmait que l’œil humain tel un 
        caméléon, absorbait la couleur et même la forme de l’objet observé et 
        transmettait cette information, via les humeurs oculaires, sur les toutes-puissantes 
        entrailles, un conglomérat d’organes comprenant le cœur, le foie, les 
        poumons, la vessie et les vaisseaux sanguins, qui exerçait son empire 
        sur le geste et les sens [11]. Six 
        siècles plus tard, le médecin grec Galien suggérait qu’un « esprit visuel » 
        né dans le cerveau traversait l’œil en parcourant le nerf optique et s’en 
        allait dans l’atmosphère. Celle-ci, dès lors capable de perception, appréhendait 
        les qualités des objets perçus quelque fût la distance à laquelle ils 
        pouvaient se trouver. Ces qualités étaient retransmises par l’œil jusqu’au 
        cerveau et, par le cordon médullaire, aux nerfs commandant les sens et 
        le mouvement. Sauf Aristote, les autres philosophes rendaient à l’observateur 
        (lecteur) un rôle actif et la capacité de voir se trouvait profondément 
        enracinée dans le cerveau. Au XIV siècle, le médecin italien Gentile da 
        Foligno décréta que comprendre le fonctionnement de l’œil et de la perception 
        était aussi essentielle à la médecine que l’apprentissage de l’alphabet 
        l’est à la lecture [12].
        
        Quoi qu’il en soit la question qui demeurait irrésolue était si nous, 
        lecteurs, nous portions le regard sur les lettres à saisir sur la page 
        ou si c’étaient les lettres qui atteignaient nos sens ? Jusqu’aujourd’hui 
        nous ne le savons pas avec certitude, certes il y a un ou plusieurs mécanismes 
        physiologiques qui entrent en jeu et beaucoup estiment que la complexité 
        de la lecture peut être aussi grande que celle de la pensée. Lire ne consiste 
        donc pas en un processus automatique d’appréhension du texte comparable 
        à la manière dont un papier photosensible est impressionné par la lumière, 
        mais en un étonnant processus labyrinthique de reconstruction, commun 
        à tous et néanmoins personnel, d’un processus génératif qui reflète la 
        tentative disciplinée du lecteur d’élaborer un ou plusieurs sens dans 
        le cadre des règles du langage [13]. 
        Processus qui engage le corps entier dans la lecture « des siècles et 
        des mers ».
        
        Une fois ouverts les espaces proportionnés par la lecture, qui à son tour 
        engage tout le corps, l’herméneutique de Gadamer, c’est- à- dire une herméneutique 
        amplificatrice du symbole [14], nous 
        donne encore deux concepts clés qui entrent dans ce processus de lire 
        l’autre, dans le cas présent l’autobiographie de quelqu’un. Ces concepts 
        sont le dialogue et la compréhension. Dialogue signifie placer l’autre 
        à son propre niveau, le traiter comme un digne interlocuteur. Pour comprendre, 
        nous utiliserons toutes les disciplines à notre portée : linguistique, 
        sémiotique et même une méta-philosophie, c’est- à- dire les modalités 
        de compréhension propres à la philosophie. Il y aura alors une transdisciplinarité, 
        mot évoquant quelque chose qui traverse et transcende, quelque chose produisant 
        une véritable élévation de la conscience. A la lumière de ces éléments, 
        nous pouvons tenter une relation nouvelle et différente avec les grandes 
        voix de la tradition littéraire, philosophique et religieuse qui ont mené 
        notre mémoire culturelle. L’attitude herméneutique devient une attitude 
        philosophique, un choix pour analyser le monde d’une manière déterminée. 
        Pour Gadamer, d’abord doivent intervenir dialogue et compréhension, avant 
        de passer à une explication, c’est- à- dire, à la découverte des mots 
        justes pour ordonner cette expérience. Cela fait, un « quelque chose », 
        un principium ou arché apparaît intégré dans une structure, doté véritablement 
        d’une consistance et qui peut nous servir de point de départ pour la découverte 
        d’autres orientations. Ce processus se répète sans cesse, y compris au 
        niveau du quotidien le plus familier. Ainsi le monde dans lequel notre 
        expérience intervient comme un élément nouveau ébranlant ce que nous connaissions 
        et qui se réorganise au milieu de cette commotion, devient-il un autre 
        monde ordonné selon les lignes prédominantes d’une telle expérience. Et 
        comme ce qui nous intéresse est ce qui est familier, il nous intéresse 
        de « reconnaître » pour « connaître », nous pouvons nous intéresser à 
        l’autre, le recevoir, recevoir ce qui nous est étranger, étendre et enrichir 
        notre propre expérience avec des paramètres d’universalité et de transcendance.
        
        2. L’imaginaire et l'imaginal
        
        Si l’universalité de l’herméneutique implique d’arriver à ce qui est au 
        début, au principium ou arché, c’est-à-dire aux fondements ou plates-formes 
        de l’Imaginaire, il est nécessaire de couvrir la zone vide qui se présente 
        entre l’expérience herméneutique – dont la caractéristique est la quête 
        de sens – et le langage qui exprimera cette expérience, avec une théorie 
        appropriée à l’Imaginaire. En fonction de la théorie choisie, cette herméneutique 
        sera réductrice ou amplificatrice du symbole. La première tend à une démythologisation 
        du discours ou du récit en s’efforçant de ne trouver qu’un seul sens littéral 
        sous la forme de multiples sens secondaires. Ceux-ci sont traités comme 
        des simples allégories, réduisant le multiple à l’unique et le sens figuré 
        au sens propre. La deuxième, pour sa part, reconstruit les sens dénivelés 
        et cachés d’un texte dans leur multiplicité et leur richesse pour l’actualiser 
        dans différents domaines et moments de l’expérience humaine [15]. 
        Ainsi agit en revalorisant la fonction médiatrice de la pensée, la vision 
        théophanique de la Nature-Ange, l’individuation spirituelle de l’homme 
        et la hiérohistoire de l’âme [16]. 
        Avec ce deuxième procédé, les textes sont comparés à des êtres vivants 
        dont on peut percevoir le corps, l’esprit et l’âme. Cette herméneutique 
        amplificatrice suppose l’existence d’une structure complexe du sens dans 
        les signes (langages et formes visuelles) faisant une différence entre 
        ordre sémiotique et ordre symbolique et organisant un système de représentations 
        adapté à un monde d’images. Celles-ci sont à leur tour mises en relation 
        avec de complexes processus mentaux. L’ensemble de relations existant 
        entre le Moi et ces images apparaît éclairci et lié à la vie spirituelle, 
        ce qui en fin de compte est beaucoup plus riche que les réseaux de connexions 
        uniquement conceptuels.
        
        Si l’espace imaginaire apparaît balisé de symboles, il est nécessaire 
        de les ordonner dans une structure en facilitant l’utilisation. C’est 
        ce que permettent les structures anthropologiques de l’imaginaire créées 
        par Gilbert Durand. Pour ce penseur, la grammaire ou la rhétorique du 
        discours humain est l’univers de l’image symbolique, qui condense toutes 
        les pulsions, les désirs, les nostalgies et les projections de toute réalisation 
        humaine, individuelle ou culturelle [17]. 
        Cet imaginaire suit règles et configurations précises d’où surgit un structuralisme 
        figuratif qui organise les contenus affectivo-représentatifs, par le biais 
        de constellations, archétypes, mythes et symboles et des schémas qui dynamisent 
        le récit ou le discours.
        
        Aux confins de l’image et dans l’absolu du symbole, nous trouvons l’homo 
        religiosus. Car à la fin du chemin, tous ces problèmes de connaissance, 
        d’herméneutiques, de symboles et d’images qui constituent l’espace imaginaire, 
        nous les retrouverons dans les manifestations religieuses inhérentes depuis 
        toujours à l’homo sapiens, comme preuve de l’éminente faculté de symbolisation 
        de l’espèce. L’intelligence spirituelle découvre sa noblesse, comme l’imagination 
        créatrice, car celle-ci permet à l’homme contemplatif d’accéder à un mundus 
        imaginalis, au mésocosmos de l’image, monde intermédiaire où se spiritualisent 
        les corps et où se matérialisent les esprits. Avec cette double fonction 
        de symbolisation et de mise en espace, l’âme trouve un moyen terme, l’Ange, 
        une image créée par l’intellect qui fait que l’être humain peut être face 
        à face avec lui-même, son Moi, son éternel archétype. Une rencontre avec 
        son propre inconscient.
        
        Si nous avons insisté en donnant des concepts clés sur l’herméneutique 
        et sur la théorie de l’imaginaire c’est justement parce que ce petit livre 
        nous conduit à penser à un terrain de communion auteur-lecteur, terrain 
        agissant sur des hauteurs infinies, que nous trouvons nous appartenant 
        aussi. Ce terrain est ce qu’un Henry Corbin ou un Gilbert Durand appellent 
        l’Imaginal. Ce terrain est le terrain où se développe l’oeuvre de Calveyra, 
        auteur qui touche le destin de l’Homme, l’histoire de l’Homme.
        
        3. Maïs en Grégorien
        
        3.1 La Nuit Magnifiée
        
        L’auteur déplie dans ce livre une profonde capacité à concilier un travail 
        d’écriture dépouillé et la recréation la plus déconcertante qu’elle soit 
        de la langue orale. La grammaire nous réserve bien de surprises, mais 
        ni la raison ni le cœur perçoivent un quelconque subterfuge, au contraire, 
        il surgit l’évidente vérité d’une langue qui est au même temps celle des 
        rêves et aussi celle de la veille la plus attentive. La langue est audacieuse 
        et les rêves le sont plus encore. Entre ces deux il y a un viscéral combat 
        pour trouver les mots justes, ceux qui ne trahiront point le rêveur. Ce 
        rêveur en question, Arnaldo Calveyra, raconte son vécu à l’Abbaye de Solesmes, 
        là où les notes du chant grégorien vont lui permettre d’éprouver une magnifique 
        ouverture, une nuit durant. Dans cet espace et cette nuit, l’auteur a 
        des visions, des visions aussi belles qu’affreuses, venant-elles du fond 
        des hommes, du fond de l’univers. Ainsi, depuis le premier paragraphe 
        s’annonce déjà la teneur du récit lyrique :
        
        « Deux heures du matin. J’écoute la chanson inventée par un bègue. A cause 
        de ce qu’elle est, de l’air, la chanson se raréfie, s’absorbe dans des 
        voyelles tout juste venues à l’esprit, glisse entre les saintes qui s’inclinent 
        doucement dans leurs niches en offrant le nard serré par sa main délicate. 
        Sur toute sa longueur, sa largeur, sa hauteur, la nef de l’église est 
        parcourue par des murmures de noms : elle murmure, écho du murmure des 
        nouvelles. Et voici la chanson soudain intéressée, elle commence à désirer 
        que quelque chose, quelqu’un dans l’enceinte, reste trésor caché, un jardin 
        secret. » ( Calveyra, 2003, p. 7)
        
        Calveyra inverse le sens naturel des choses, du monde. C’est la chanson 
        qui prie pour lui, c’est la chanson qui désire que l’homme, lui en occurrence, 
        ne se dévoile point, c’est la chanson qui voudra l’homme comme un tout, 
        comme un jardin secret. Les plans s’entrecroisent, l’espace n’a point 
        de contours précis. Et tout commence par des vagues d’émotion qui montent 
        et descendent, respirent et flamboient, emplissant tout le champ de vision. 
        La voûte de l’église contient toute chose, ce tout qui, pour l’heure, 
        deux heures du matin, nous indique un temps nocturne, un régime d’image 
        appartenant à la Nuit magnifiée. Nous soulignons ceci, car cette nuit 
        n’est pas l’obscurité des ténèbres du Régime diurne de Gilbert Durand, 
        mais au contraire, une nuit peuplée de monde, de musique, des couleurs, 
        ce qui se présente avec une viscosité du thème [18]. 
        Le temps en soi semble suspendu, c’est un espace second, un état extraordinaire, 
        capital, auquel l’homme est capable d’accéder et qui est plus ancien que 
        n’importe quelle religion. Ainsi la « chanson inventée par un bègue » 
        est le chant grégorien, terre de personne, « comment le grégorien fabrique-t-il 
        la terre vaine grégorienne?, terre grégorienne sans âme qui vive ? Cette 
        terre vaine, frontière, vide qui se remplira peu à peu de visions qui 
        viennent à lui, à Arnaldo Calveyra, homme qui, conscient aussi des pulsions 
        universelles, essaiera de gommer sa présence : «  Dans cette obscurité 
        doivent tenir toute la terre et tout le ciel »... « Petit homme enfant, 
        petit homme pirouette- cacahuète, pour que tu puisses devenir un recoin 
        de l’église, s’il te plaît, reste dans le recoin de l’église.  » (Calveyra, 
        2003, p. 17).
        
        L’homme de l’Abbaye restera donc en retraite, nous livrant par le biais 
        du grégorien qui égrène les notes, un cocktail d’images, rapide et bouleversant 
        que nous oblige à penser à la fois à Salomé et à Jean Baptiste, aux six 
        millions de morts dans les champs de concentration de la Seconde Guerre 
        Mondiale, aux disparus de la dernière dictature militaire argentine et 
        à ceux qui furent jetés vivants dans l’estuaire de Río de la Plata ; à 
        Colomb et à son arrivée par erreur en Amérique, à la présence du moine 
        Notker, grand artisan du grégorien ; à la lutte pour découvrir les mots, 
        concrétiser les voyelles capables d’exprimer la profondeur du rêve ; aux 
        visions des hommes du Néolithique chassant le renne ; aux bûcherons de 
        la Mésopotamie argentine, au paysage de la province d’Entre Ríos ; aux 
        champs de maïs qui s’étendent comme le grégorien transportant tout un 
        cosmos, et toujours, la lutte de l’écrivain face à la naissance de son 
        oeuvre qui commence par des brassées, des rafales de sentiments mêlés 
        à d’étranges visions. Mais bientôt il nous prévient « ce récit est une 
        vérité offerte à qui voudra se regarder en elle. Elle se succède à elle-même. 
        Epi après épi les champs montent. » Ce miroir annoncé est l’histoire de 
        l’homme. Histoire jalonnée de crimes, de sacrifices et d’expiations.
        
        « Nous venons assister au spectacle autour d’un plat incandescent et d’une 
        danse. Et moi, homme du pays d’Entre Ríos, venu chercher une retraite 
        silencieuse à l’abbaye de Solesmes, je m’assois dans un endroit reculé 
        de l’église pour écouter le grégorien qui gonfle comme un champs de maïs 
        de part et d’autre de la nef, pour atteindre les berceaux de la voûte 
        tiédis par la lumière des cierges. J’écoute le moine à ma droite, debout 
        contre une colonne, en quête des notes qui s’aiment. » (Calveyra, 2003, 
        p. 9).
        
        Le chant grégorien égrène les notes, comme on égrène le maïs. Le rapprochement 
        entre le végétal et le Chant Sacré marquera le début des visions qui vont 
        peupler la nef sous la lumière scintillante et intime des cierges. « Un 
        plat incandescent et une danse » et nous évoquons Jean le Baptiste, un 
        des grands sacrifiés du christianisme. La première figure sacrée pénètre 
        une ambiance déjà sacralisée. Autour tout est devenu un champ de maïs 
        et l’auteur-personnage décline son identité dans toute sa grandeur et 
        dans toute sa petitesse : homme d’Entre Ríos, homme que se rappelle inlassablement 
        du maïs, végétal aimé, de « notre père le maïs », ainsi appelé par les 
        peuples de l’Amérique du Sud. L’homme, le chant et la plante ne font qu’un, 
        une communion où la figure de la colonne, apparentée à l’arbre dans sa 
        symbolique, annonce un imago mundi, un hiéroglyphe, symbole de totalisation 
        cosmique. Autant l’arbre que la colonne ou le totem figurent le devenir ; 
        et la colonne dans le récit annonce ce qui vient : un monde autre, un 
        univers régi par des lois différentes du réel. Ces symboles sont un complément 
        des symboles du cycle, des rythmes de la Nature. L’ensemble se complète 
        par la musique, puisque tout ce qui est rythmique- les répétitions suivies 
        par une certaine cadence- introduit un schème sexuel. En effet, sont des 
        modèles de rythme circulaire, structurés par un autre schème, celui de 
        l’éternel retour. Le rythme traîne le rythme gynécologique, les saisons, 
        la lune et la fécondité. Cycle lunaire et menstruel emmène une signification 
        messianique : la production du fils et du Fils, dont le Feu est le prototype. 
        Finalement la figure du Fils glisse vers le Sacrifice. Et dans ce petit 
        paragraphe nous trouvons ce qui sera, d’après le structuralisme figuratif, 
        le registre de toute l’œuvre de Calveyra : La Nuit, les enfants de la 
        Nuit, les symboles du régime nocturne de l’image, la belle Nuit, magnifiée, 
        la sacralisation de la Terre-Mère, la magnifique Nuit du monde, couronnée 
        par l’immense figure de synthèse du Sacrifice.
        
        3.2 Le sacrifice
        
        Peu à peu se dessine le thème du sacrifice, grande figure qui structurera 
        ce casse-tête. « Miroir avançant avec la mort, caché par Salomé qui surgit 
        par derrière. Instants du regard du prophète. Caché par Salomé, miroir 
        retourné, les yeux du prophète sont devenus aveugles, des yeux où toute 
        image est désormais insoutenable. » Calveyra annonce la tenue de ce qui 
        vient, Calveyra ne nous ment pas, nos propres yeux sont dorénavant les 
        yeux des sacrifiés. Ceux-ci passent à grande vitesse et ils reviennent 
        sans cesse.
        
        La tête de Jean le Prophète apparaît sur le plat incandescent et se transformera 
        en sacrifice du maïs aux boucles blondes et à la tête ensanglantée : « Le 
        maïs blanc simple rafle à présent... Sur le plat. L’âme rafle... Un lieu 
        pour l’épi blond métissé!. La tête du prophète, boucles ensanglantées. » 
        Jean et le maïs se changeront dans le sacrifice de la terre américaine 
        unis aux « ombres… de la chasse aux morts, femmes et hommes morts entre 
        la nuit et le petit matin » Les sacrifices s’unissent peu à peu, bientôt 
        ils seront des millions, ils entreront apportés par le temps qui « se 
        décroche comme les wagons de bétail d’un train lancé en pleine course 
        …que tous les disparus, tous les gens assassinés ne sont pas tombés sous 
        les balles ou la torture. Certains ont été précipités dans l’estuaire 
        du Río del Plata des avions de l’Armée nationale argentine. Après quoi 
        plus de nouvelles ou si peu. Nous avons su, grâce aux oiseaux, qu’ils 
        avaient lavé la boue de l’estuaire avec leurs larmes » [19]. 
        Troisième image du sacrifice et avec elle la pause selon laquelle Calveyra 
        ne nous laisse pas seuls avec nos morts car il nous donne l’expiation 
        des oiseaux, envoyés du ciel.
        
        Les péchés se multiplient et surgit un autre sacrificateur : Colomb qui 
        se trompa à deux reprises « il n’arriva pas en Inde par l’Occident, et 
        au lieu des épices qu’on lui avait commandées, il découvrit un champ de 
        maïs capable de nourrir la terre entière» nous impliquant en tant que 
        Latino-américains dans cette longue chaîne de sacrifices et de vérités. 
        Ici la grande sacrifiée sera notre terre incarnée dans le maïs. « Sur 
        ce ils entendirent cette histoire sans fin : Pomme de terre, cacao, maïs, 
        manioc, patate douce, topinambour, citrouille, tomate, yapí, haricot, 
        cacahuète, tournesol, fraise, raisin noir, framboise, ananas, goyave, 
        avocat, anone, papaye, noix de cajou, noix du Brésil, vanille, piment 
        de Jamaïque, chocolat, maté, guarana…, fruits et racines que l’Amérique 
        offrit au monde. Un seul voyage suffit à Colomb [20]. 
        La terre a été une plante coupée à la racine et personne ne le savait.» 
        Ce sacrifice sera lavé par le maïs qui est offert sur le plat incandescent 
        et élevé comme une hostie, comme le corps du Christ.
        
        « Un seul épi en tout, en tout et pour tout, elles fusent et se poursuivent. 
        On le soulève – le chant glacé, le vent glacé – l’épi que l’on dispose 
        sur le plat un jeu d’étincelles ... » [21]. 
        Ce plat incandescent, les mots “étincelles” et “brûler” nous parlent d’une 
        lumière aveuglante, d’un élément propre au Régime Diurne, le seul à sortir 
        de la nuit pour résider dans le jour. Gilbert Durand souligne l’équivalence 
        entre la lumière et la parole [22]. 
        Cette équivalence se traduit par deux manifestations possibles du Verbe : 
        l’écriture et la phonétique. En élevant cette prémisse au récit, 
        nous voyons que la première, la parole écrite, est la lutte entreprise 
        par l’auteur pour faire naître un livre : « Lumière de la pierre. Ecris 
        la page. Tu travailles de gauche à droite, de haut en bas et la main se 
        rapproche. Elle ne s’éloigne pas de l’autre main. Tu sais qu’après ton 
        geste il n’y a rien. Après la page, qui n’a pas d’après, page sans après, 
        il n’y a plus rien ... Travailler la forme. Tu dois être d’accord avec 
        la forme. Ainsi la parole, homologue de la Force Divine, équivaut dans 
        de nombreuses cultures à la lumière et à la souveraineté de « la hauteur ». 
        Il y aurait une convergence de symboles et de signifié entre le plat incandescent, 
        la lumière et le verbe, le tout propulsé par une dynamique ascensionnelle 
        élevant l’esprit. Par ailleurs, l’unique symbole diurne nous permet d’arriver 
        par un autre biais à l’image du sacrifice, laquelle appartenant au Régime 
        Nocturne, va jouer son rôle en faisant la synthèse entre les éléments 
        des deux régimes. La figure est importante, puisque le sacrifice est la 
        négation de la mort para la mort même. C’est la mort acceptée, sacrificielle, 
        ritualisée, offerte, par laquelle on vainc notre destin de simples mortels. 
        Elle devient le pouvoir des sacrements sur la maîtrise du temps, unissant 
        ce sens à celui déjà référé de la valeur symbolique de la colonne. Rappelons 
        ici que cette dernière était annonciatrice d’un imago mundi, un symbole 
        de totalisation cosmique. « Le vrai sens- pour Gilbert Durand et Maria 
        Bonaparte- est celui de l’échange, un troque avec la divinité, un échange 
        d’éléments contraires : la vie contre la mort. La « vue » de tous ces 
        sacrifices aura le pouvoir de laver les crimes du pouvoir d’un ou plusieurs 
        moments de l’histoire humaine. Ces sont des immolations dont le sens est 
        celui de la rédemption, notre propre rédemption. Calveyra nous dresse 
        comme responsables de l’humanité entière mais nous donne aussi la possibilité 
        de nous laver de ses atrocités. Seulement il nous demande de prendre conscience. 
        Cela agit telle une conjuration, conjuration qui éloignera la bestialité 
        de l’homme.
        
        Seront ajoutés ensuite les six millions de morts de la Seconde Guerre 
        et ses assassinats, les SS qui continueront leur carrière en Amérique 
        Latine : « qui croira d’ici cent ans qu’en Europe les nazis ont gazé environ 
        six millions de personnes ? « SS, ... corps aryen parfait, coup de talon 
        bien frappé et plus que parfait ... après quelques années d’une brillante 
        carrière de SS, si tout marche bien, comme ils l’espèrent lui et des millions 
        de personnes grâce à la loi d’obédience absolue, il poursuivra une brillante 
        carrière dans le Cône Sud. Continuité d’une race, continuité d’une idée, 
        il semblerait que rien n’est séparé et que la continuité de la folie et 
        de la cruauté soit le dénominateur commun au genre humain.
        
        D’autres crimes et d’autres sacrifices se reflèteront dans ce plat, images 
        insinuées au début mais qui deviennent peu à peu plus concrètes et qui 
        s’uniront peu à peu à ceux déjà nommés. Elles reviennent des milliers 
        et des milliers de fois pour que nous ne les oublions pas. Et à la page 
        63 la grande recommandation à l’homme : «veillez, veillez sur le plat 
        blanc incandescent. Il ne s’agit pas du brouillon d’un procès-verbal, 
        ni d’un rapport de police. Il ne s’agit pas non plus du brouillon d’un 
        poème. Procès-verbal d’un jugement qui a des chances de durer des siècles 
        si l’on continue à faire traîner la procédure, si l’on obstine à affirmer : 
        « moi je n’ai rien vu », « moi je ne suis au courant de rien », « moi 
        je suis parti de chez moi  pour aller travailler et puis, après, je suis 
        rentré chez moi ». Ce procès-verbal risque d’être sans fin, vieux comme 
        le monde, un jour il aura l’âge du monde.» L’inventaire des sacrifices 
        et des crimes prendra fin, le jour se lèvera sur l’Abbaye et sur le livre. 
        Mais auparavant l’appel à la conscience de l’homme pour qu’il sorte du 
        silence et ne se cache pas dans l’ignorance. C’est ainsi que nous découvrons 
        que le plat incandescent est l’élément fixe de la structure et les images 
        qui se succèdent unies par le fil du sacrifice sont l’élément mobile qui 
        actualise et active le premier. Découvrir ce qui traverse et élève est 
        une façon d’organiser la lecture de cette oeuvre, singulière s’il en est, 
        riche et complexe.
        
        3.3 Les répétitions
        
        Bachelard nous parle de deux mouvements que la lecture doit sensibiliser : 
        le mouvement de l’esprit et celui de l’âme, appelés par lui, de résonance 
        et de retentissement. Dans le premier, nous entendons le poème, dans le 
        second nous le faisons nôtre. Le retentissement a un caractère phénoménologique 
        simple dans les domaines de l’imagination poétique. Il s’agit en effet, 
        par le retentissement d’une seule image poétique, de déterminer un véritable 
        réveil de la création poétique jusqu’à dans l’âme du lecteur. Par sa nouveauté, 
        une image poétique met en branle toute l’activité linguistique. L’image 
        poétique nous met à l’origine de l’être parlant [23]. 
        Par ce retentissement et, en allant tout de suite au delà de toute psychologie 
        ou psychanalyse, nous sentons un pouvoir poétique qui se lève naïvement 
        en nous-mêmes. C’est après le retentissement que nous pourrons éprouver 
        les résonances, des répercussions sentimentales, des rappels de notre 
        passé (Bachelard, 1989, ibid.).
        
        Les répétitions de Maïs en Grégorien deviennent des litanies, nous avons 
        repéré deux « centres » où l’auteur veut attirer l’attention, le premier 
        va vers lui-même : « et moi, homme d’Entre Ríos » ; « Petit homme enfant, 
        petit homme pirouette cacahuète » ; Le deuxième est le centre symbolique 
        où tout se reflète : « Veillez, veillez sur le plat blanc incandescent. 
        A cet instant on le lave dans les cuisines du ciel » ; « Veillez, veillez 
        sur le plat incandescent ». Autant le premier nous rappelle constamment 
        que l’œuvre est bien une autobiographie, tant l’auteur se le rappelle 
        soi-même ; autant le second met en exergue ce plat blanc, objet qui garantit 
        la relecture de l’histoire de l’humanité. Et là son être individuel laisse 
        la place à un être collectif. Car toute la douleur du monde passera par 
        ce plat.
        
        Nous voulons nous arrêter sur le plat incandescent et son rôle. Nous- 
        nous heurtons à une image redondante dont la présence nous empêche d’avancer. 
        Lorsque l’on travaille avec la méthode de l’imaginaire, la répétition 
        est le décideur du rôle clé de ladite image. Il s’agit d’un plat incandescent 
        qui apparaîtra avec une danseuse puis remplira le rôle de miroir-reflet, 
        de vide qui se remplit de tout ce qui se produit. Tout ce qui est reflet- 
        dit Bachelard- sert à montrer. Et en effet ce petit symbole est capable 
        de contenir la logique du récit, car c’est par lui que passeront tant 
        les figures inhérentes à notre histoire d’hommes, que les autres, ayant 
        trait à la vie personnelle de l’auteur. Le rôle du plat incandescent est 
        celui de cohésion et de tensegrité [24] 
        car il maintient le tout en tension et en intégrité. Avec cette figure 
        énigmatique, nous avons senti que, comme disait le poète français Pierre-Jean 
        Jouve, la poésie est « une âme qui inaugure une forme ». Et là, l’âme 
        du poète Calveyra, au- delà des mots, inaugure le plat blanc comme « la » 
        forme, l’endroit où tous les visiteurs des songes nocturnes viennent abreuver, 
        c’est la forme du poète et du poème, c’est la forme circulaire du récit, 
        et le cercle est la forme la plus achevée. Bachelard (1989, p.212) nous 
        parle de la « phénoménologie du rond » le signalant comme un paramètre 
        de concentration, qui organisera les autres images en leur donnant une 
        unité. Georges Poulet nous dit que ces formes circulaires servent de principe 
        de structure à tous les esprits. Et Gilbert Durand appelle ce type de 
        formes, capables d’organiser et structurer un récit, les images-archétypes, 
        celles où le mythe va chercher l’arsenal symbolique, le langage, le récit 
         [25]. Ainsi le plat revient sans arrêt, 
        toute l’œuvre durant, il revient, il résonne et il retentit. Le fil unissant 
        les figures qui se reflètent peu à peu sur l’objet archétype est bien 
        la grande figure de synthèse de sacrifice.
        
        Il faut dire que déjà le chant grégorien est en soi une répétition qui 
        va rythmer le récit, et que le maïs se laisse égrener tout comme on compte 
        les perles d’un collier, comme quand on touche un chapelet pour répéter 
        nos oraisons nocturnes. Par les figures offertes, le maïs et le chant, 
        ce livre est destiné à avoir des images de répétition qui fonctionnent 
        comme une structure. Néanmoins il y a les autres celles qui disent beaucoup 
        « petit homme du pays d’entre fleuves, pour devenir un recoin de l’église, 
        reste dans le recoin de l’église » ; ou « ce récit est une vérité offerte 
        à qui voudra se regarder en elle. Elle se succède à elle-même. Epi après 
        épi les champs montent. » Ou cette autre encore : « C’est mourir. Mourir 
        à chaque fois. Tomber, être morte. Et puis toujours l’autre, cette mort 
        qui arrive, mort derrière cette porte qui bat. » ou celles qui traduisent 
        toujours l’inquiétude de la forme, la quête des mots qui s’aiment.
        
        3.4 Le lecteur interpellé
        
        La douleur des images « vues » effleure le lecteur, celui-ci est constamment 
        interpellé, sollicité, au même temps que l’auteur s’interroge : « Qui 
        sont ces hommes en habit de deuil, la bouche ouverte ? Que veut dire cette 
        image ? ... Nomme les seuils des portes que tu regardes, un sésame à la 
        fois. Et lorsque tu les nommes, un par un, veille à ce que ton poignet 
        ne tremble pas. » ... «  A présent que le chuchotement de la page antérieure 
        semble avoir cessé, ciels errants sans feuilles ni bouquet retenez votre 
        souffle, personnes et personnages, allez au lit, il est tard pour tout 
        le monde, abandonnez cette page, sortez-en. » Travail incessant et difficile 
        celui de discerner le sens des images, de la présence des morts, des portes 
        entr’ouvertes, d’un au-delà puissant et présent qui désire se manifester 
        à tout prix. Un mort (la propre mère de l’auteur) est venu avec son cortège, 
        mais que ce cortège s’avère être la Terre entière. La douleur de la perte 
        de la mère se multiplie dans la douleur du monde, douleur caché dans les 
        plis et les replis de l’âme, de nos propres âmes qui savent si bien garder 
        les malheurs du monde, tous les crimes du monde.
        
        Nous- nous demandons si la véritable interpellation faite au lecteur-individu 
        n’est celle du rappel de la mort, de notre propre mort. En effet, il y 
        a un éveil du pouvoir multiforme de la mort. Ces sacrifiés, apparus sur 
        le plat blanc et incandescent ces gens tués par le pouvoir en place d’un 
        moment historique et d’une géographie donnée, nous appellent et nous rappellent. 
        On tue pour conjurer sa propre mort, nous dit Louis-Vincent Thomas et 
        la responsabilité que nous faisons notre devant les innombrables crimes, 
        fait de ces morts des sacrifiés qui opèrent au niveau de fantasmes. Les 
        effacer de notre conscience équivaut à les tuer une seconde fois, donc, 
        nous le prenons en charge, et conjurons ainsi notre mort. Néanmoins l’effroi 
        des injustices commises, ajouté aux visions des défunts, ne peut que nous 
        approcher de notre fin. Le supplice potentialise l’angoisse et le sentiment 
        d’injustice. Le cortège de morts, de fantasmes, nous met face à l’inéluctable : 
        la culpabilité et la mort.
        
        En général nous éloignons la mort, autant elle n’est pas là, n’existe 
        pas. Mais le poète a l’intuition que quelque chose d’extraordinaire est 
        en jeu. Il a l’intuition très certaine qu’il existe un facteur ineffable, 
        imposant en raison de sa simplicité, qui détermine notre destin. Finalement 
        ce plat blanc incandescent nous a obligé à regarder la mort en face, le 
        sacrifice en face, et les deux son des synthèses de la vie. Nous- nous 
        sommes penchés pour regarder dans ce plat, mais, lui aussi a regardé profondément 
        en nous.
        
        4. Conclusions
        
        Notre objectif était de pouvoir analyser cette oeuvre de Calveyra en tenant 
        compte de certains paramètres de l’âme de l’herméneutique, le dialogue, 
        la compréhension et l’explication. Le dialogue avec l’auteur s’est établi 
        en écoutant ses voix, toutes ses voix. La compréhension s’est faite dans 
        une rencontre d’inconscients, sur un chemin qui nous unit à l’écrivain 
        et à notre histoire d’hommes et de Latino-américains. Il est apparu une 
        figure qui dans l’œuvre était principale : le plat blanc incandescent. 
        Il s’est établi aussi en recherchant quelque chose de primordial qui unifie 
        son oeuvre, une image structurante. Cette image nous l’avons expliquée 
        en prenant en compte les prémisses de Gilbert Durand et de ses Structures 
        Anthropologiques de l’Imaginaire, qui traitent du sacrifice comme image 
        synthétisant les nombreux éléments appartenant aux régimes des images. 
        Nous n’avons pas voulu plonger plus avant dans l’explication de ces structures 
        afin de ne pas allonger de manière inconvenante l’analyse. Le lecteur 
        trouvera les références nécessaires dans la bibliographie s’il trouve 
        intérêt à aller plus loin dans cette méthode.
        
        Calveyra nous met en question, malgré tout. Et cette expression relève 
        un déchirement : « tout » nous remet au pouvoir des conditions historiques, 
        conditions contre lesquelles nous n’arrivons pas à obtenir des réponses. 
        « Malgré » signifie le peu de résistance pouvant-nous opposer à ce pouvoir 
        par la force du singulier. C’est comme un rayon de lumière éclaircissant 
        le ciel quand tout nous semble perdu. Et cela mérite un hommage minimum : 
        Que l’on s’incline un moment à penser sur les risques du silence. De savoir 
        tout ce que nous savons nous supprime toute consolation, mais ne signifie 
        nullement ne pas considérer ces sacrifices. C’est notre héritage en tant 
        qu’êtres humains, même si cet héritage n’a pas été précédé par un quelconque 
        testament. C’est un héritage pur et simplement gratuit. Et même si des 
        milliers d’années nous séparent des scènes évoquées, la fonction éthique 
        de la littérature et le pouvoir merveilleux des images littéraires font 
        en sorte que les périodes de l ‘histoire viennent à nous dans une forme 
        spiralée, les années unies en filigrane. Certainement sont des figures 
        qui se sont éveillées et réveillées une et mille fois, néanmoins c’est 
        dans le moment de la lecture et de la compréhension qu’elles nous mettent 
        en question et nous interpellent.
        
        A chaque figure analysée correspondait une rédemption : le maïs, les larmes, 
        les oraisons des saintes. La rédemption agit en tant que sublimation 
        nécessaire, sublimation où nous allons trouver les valeurs esthétiques 
        fondamentales à toute activité psychique normale. Ainsi le thème du sacrifice 
        est bien le pilier qui maintient toute une structure extrêmement compliquée, 
        avec beaucoup d’éléments différents, en tension et en mouvement. Cette 
        figure non seulement intègre le tout sinon qu’elle traverse le récit, 
        devenant l’image transcendantale, celle qui proportionne une structure 
        métaphysique à la totalité. Les images imaginées sont davantage des sublimations 
        des archétypes que de reproductions de la réalité. Le maïs est un archétype, 
        le Chant Grégorien est la première voyelle prononcée par un bègue et les 
        sacrifices sont toujours des immolations du Christ, même les larmes des 
        oiseaux sont la sublimation de l’élément eau.
        
        Calveyra a su assembler et mêler pensées, sentiments et natures qui sont 
        bien éloignés les uns des autres. Il a su poser les choses à niveau égal 
        et se poser lui-même comme acteur sans se montrer de manière spectaculaire. 
        L’homme d’Entre Ríos, pays situé entre deux fleuves, utilise les métaphores 
        du champ de maïs et du grégorien comme éléments mobiles d’une structure, 
        pour se montrer lui-même à l’intérieur de notre histoire humaine.  Histoire 
        dont il nous fait les acteurs. La construction du livre est par ailleurs 
        originale et novatrice. D’où sa fonction de réanimer la littérature et 
        le langage, tout en interpellant aussi nos consciences. Est-ce de cette 
        interpellation que Calveyra peut, dans un plan ultime, contribuer à l’écriture 
        de soi. Nous l’avons dit, cette écriture de soi pouvons la comprendre 
        comme de l’écriture stricto sensu, comme récréation sur papier ou comme 
        une prise de conscience des malheurs du monde et du silence qu’entoure 
        ces crimes. Où nous nous situons ? De quel côté sommes-nous ? Voilà les 
        questions posées par l’auteur. Les vers d’Antonio Machado mis en exergue 
        au début de cet article l’annonçaient bien : un œil n’est pas un œil parce 
        que nous le voyons, sinon il est un œil parce qu’il nous regarde.
        
        Notes
        
        1] Actes Sud. Paris. 2003. 122 
        pages. Traduit par Anne Picard.
        2] Entretien avec Arnaldo Calveyra. 
        Réalisé par Juan Alonso. Journal El Ciudadano de Rosario, Argentine.
        3] Catalogue de La Rue des Livres.
        4] Ibidem.
        5] Gilbert Durand. Les Structures 
        Anthropologiques de l’Imaginaire. Ed. Dunod. Paris. 1984. p. 38.
        6] Dieter Misgeld, Grame Nicholson. 
        Hans George Gadamer on Education, Poetry and History Applied Hermeneutics. 
        Suny Press. Albany. 1991. p. 152.
        7] Cette phrase appartient à Alberto 
        Manguel. Une Histoire de la Lecture. Actes Sud. Paris. 1988. P. 44.
        8] Empédocle, fragment 84DK, cité 
        par Alberto Manguel. Ibidem.
        9] Epicure. Lettre à Hérodote, 
        in Diogène Laërce, Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres. 
        Cité in Ibidem. p. 45.
        10] Ibid.
        11] Aristote. De Anima. Cité 
        in Ibidem.
        12] Medieval and Early Renaissance 
        Medicine. Cité in Ibidem.
        13] Dr. C. Wittrock. Merlin. 
        Cité in Ibidem. pp 56-57.
        14] En fonction à la théorie 
        choisie, l’herméneutique sera réductrice ou amplificatrice du symbole. 
        La première tend à une démythologisation ou démythification du discours, 
        s’efforçant de ne trouver qu’un seul sens littéral sous la forme de multiples 
        sens secondaires. Ceux-ci sont traités comme des simples allégories, réduisant 
        le multiple à l’unique et le sens figuré au sens propre.
        15] Jean-Jacques Wunenburger. 
        Philosophie des Images. PUF. Paris. 1997. p. 80.
        16] Dariush Shayegan. “Les quatre 
        mouvements descendants et ascendants de l’esprit” in Les Voies de la Connaissance. 
        Colloque de Tsukuba. Albin Michel/ France Culture. Paris. 1986. p. 39.
        17] La Galaxie de l’Imaginaire. 
        Berg International. Paris. 1980. p. 259.
        18] Viscosité : terme utilisé 
        par Gilbert Durand, pour signifier ce qui se manifeste uni et réuni, sans 
        la séparation propre au régime diurne de l’image.
        19] Ibidem. p. 20.
        20] Ibidem. p. 53.
        21] Ibidem. p. 45.
        22] Gilbert Durand. Les Structures 
        Anthropologiques…Op. Cit. p. 385.
        23] Gaston Bachelard. La Poétique 
        de l’Espace. Quadrige PUF. Paris, 1989. p. 7.
        24] Tensegrité est un terme 
        venant de l’architecture désignant le principe capable de maintenir en 
        équilibre des constructions difficiles comme le dôme ou la voûte. Transposé 
        aux sciences sociales est une métaphore qui sert à figurer plusieurs éléments 
        tenus en équilibre, en tension intégrale.
        25] Georges Poulet. Les Métamorphoses 
        du Cercle. Champs Flammarion. Paris. 1979. p. 9. Gilbert Durand. Figures 
        Mythiques et Visages de l’Ouvre. L’Ile Verte. Berg International. Paris. 
        1979. p.
        
        Bibliographie
        
        Calveyra, Arnaldo. Maïs en Grégorien. Récit Lyrique. Actes Sud. Paris. 
        2003. 122 pp.
        Calveyra, Arnaldo. Maizal Del Gregoriano. Ed. del Autor. Paris. 94 pp.
        Arnaldo Calveyra (Entretien). Réalisé par Juan Alonso. Journal El Ciudadano 
        de Rosario, Argentine.
        Durand, Gilbert. Les Structures Anthropologiques de l’Imaginaire. Ed. 
        Dunod. Paris. 1984. 536 pp.
        Durand, Gilbert. Figures Mythiques et Visages de l’Ouvre. L’Ile Verte. 
        Berg International. Paris. 1979. 327 pp.
        Bachelard, Gaston. La Poétique de l’Espace. Quadrige PUF. Paris, 1989. 
        214 pp.
        Gadamer, Hans-Georg. Herméneutique et Philosophie. Ed. Beauchesne. Paris. 
        1999. 162 pp.
        Catalogue de La Rue des Livres
        La Galaxie de l’Imaginaire. Dérive autour de l’œuvre de Gilbert Durand. 
        Sous la dir. de Michel Maffesoli. Berg International. Paris. 1980. 260 
        pp.
        Manguel, Alberto. Une Histoire de la Lecture. Actes Sud. Paris. 1988. 
        428 pp.
        Poulet, Georges. Les Métamorphoses du Cercle. Champs Flammarion. Paris. 
        1979. 528 pp.
        Thomas, Louis- Vincent. Mort et pouvoir. Petite Bibliothèque Payot. Paris. 
        1999. 209 pp.
        Shayegan, Dariush. “Les quatre mouvements descendants et ascendants de 
        l’esprit” in Les Voies de la Connaissance. Colloque de Tsukuba. Présenté 
        par Michel Cazenave. Albin Michel/ France Culture. Paris. 1986. 453 pp.
        Wunenburger, Jean-Jacques. Philosophie des Images. PUF. Paris. 1997. 321 
        pp.
 
 
      
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